Au moins 100 personnes sont mortes dans des affrontements entre chrétiens et musulmans qui ont débuté mercredi à Kaduna (nord du Nigeria) alors que les dirigeants locaux tentent de calmer la colère des musulmans après la publication d'un article sur l'élection de la future Miss Monde jugé blasphématoire. Un calme précaire régnait à Kaduna vendredi en fin de matinée après deux jours d'émeutes, a constaté l'AFP. Les militaires nigérians et la police étaient très présents dans les rues de la ville, où des traces de barricades de pneus enflammés étaient visibles. Les passagers d'un bus en provenance de Kano, la plus grande ville du nord du pays, ont été désarmés par des soldats, a notamment constaté un journaliste de l'AFP. Quelques civils vaquaient à leurs occupations malgré le couvre-feu. Ces émeutes ont été déclenchées mercredi après la publication d'un article dans le quotidien This Day qui suggérait que le prophète Mahomet aurait pu choisir pour femme l'une des participantes au concours de Miss Monde, prévu le 7 décembre à Abuja. Avant le Nigeria, l'Inde a connu elle aussi des troubles sérieux lors de la tenue de l'élection de Miss Monde, en 1996. Une équipe de la Croix rouge, présente à Kaduna, a dénombré au moins 100 morts depuis, a annoncé vendredi matin George Bennet, représentant régional de la Fédération internationale des sociétés de la Croix rouge et du Croissant-Rouge. Des volontaires de la Croix rouge ont transporté 521 blessés à l'hôpital, a annoncé plus tôt dans la matinée Patrick Bawa, porte-parole de la Croix rouge nigériane. Mercredi, le bureau à Kaduna du quotidien This Day avait été incendié par quelques centaines de musulmans qui protestaient contre la parution de cet article jugé blasphématoire le 16 novembre. Le lendemain, une manifestation avait dégénéré en attaques contre des églises et des bâtiments appartenant à des chrétiens, ont annoncé des témoins. Plusieurs lieux de culte ont été incendiés et des policiers et des soldats ont été déployés dans les rues de la ville, qui compte l'une des plus importantes minorités chrétiennes du nord du pays. Le couvre feu décrété mercredi a été prolongé de 24 heures après une nouvelle nuit d'émeutes au cours de laquelle des églises et des mosquées ont été détruites. "La nuit dernière, il y a eu des représailles contre les musulmans dans le nord de Kaduna", a affirmé le révérend James Wuye, représentant d'un groupe interconfessionnel créé pour rétablir la paix entre les communautés. "Maintenant, un calme précaire règne. Les dirigeants religieux rencontrent le gouverneur de l'Etat ce matin pour essayer de trouver un moyen de rétablir la paix". "Initialement, les attaques ont été menées par des musulmans, mais maintenant des chrétiens répliquent", a-t-il précisé, ajoutant que l'armée et la police ont été déployées dans la ville et les routes vers le nord et le sud ont été bloquées. Des représentants du gouvernement fédéral étaient présents vendredi à Kaduna pour mener des négociations avec les représentants des autorités religieuses afin d'apaiser la situation, a déclaré à l'AFP Muktar Sirajo, porte de parole de l'Etat de Kaduna. Les organisateurs de l'élection de Miss Monde ont par ailleurs affirmé vendredi que le concours ne serait pas annulé malgré les affrontements. L'élection de Miss Monde va se poursuivre selon le programme prévu avec un défilé de mode samedi à Port Harcourt (sud-est du Nigeria), une région très majoritairement chrétienne, a annoncé Stella Din, une porte-parole. "Nous croyons qu'il est de notre devoir de laisser les autorités répondre aux questions soulevées par ce problème", a déclaré un autre porte-parole lors d'une conférence de presse à Abuja, "Il est cependant pertinent d'insister sur le fait que la situation présente n'a rien à voir avec l'accueil de cet événement, nous recevons des informations sérieuses émanant des autorités qui le confirment", a-t-il ajouté. Plus de 2.000 personnes étaient mortes en 2000 dans des affrontements entre chrétiens et musulmans.