Le porte-parole du GSF, D\'Agnoletto, présente la décision de transformer la conférence de presse initialement prévue en assemblée ouverte à tous : \"par soucis de transparence et en raison de la gravité des faits\". Cette dernière débute par une minute de silence pour Carlo Giuliani, abattu la veille par les carabiniers. Le porte-parole du GSF : \"nous sommes convaincus que les événements survenus à Gênes ne sont pas dûs au hasard mais qu\'ils ont été coordonnés scientifiquement par le gouvernement contre un mouvement démocratique de 250 000 personnes. Ce mouvement a montré qu\'il pouvait gagner sur le fond. Il s\'agissait d\'une opération pour en effacer le résultat politique. Nous lançons un appel à toute l\'Italie pour organiser de grandes manifestations dans toutes les villes, la ré! ponse doit être immédiate. Il ne s\'agit pas seulement du G8 mais de manoeuvres pour imposer un Etat policier. Si monsieur Berlusconi pense que l\'action de cette nuit est justifiée, même en admettant qu\'il y ait eu un ou deux suspects, alors plus personne n\'est en sûreté en Italie\". Il lance ensuite un appel à tous ceux qui pourraient procurer des documents (photos, films, témoignages...) afin d\'aider Amnesty International qui va réaliser une enquête sur les violences des forces de l\'ordre. \"Car ceux qui ont déclarés avoir des documents ont déjà reçu la visite de la police ce matin pour une perquisition\". \" Le GSF assume la responsabilité de lancer la mobilisation nationale sur les thèmes de la démocratie et du droit de manifester. La lutte contre la mondialisation continue, prochain rendez-vous en novembre à l\'occasion de la conférence de l\'OMC au Qatar\". \" Deux données importantes ressortent de ce sommet : le blindage d\'! une ville et l\'emprisonnement de ses habitants, ce qui constitue une stratégie de la tension, et le meurtre d\'un jeune homme à l\'occasion d\'un sommet illégitime et qui n\'a abouti sur rien\". \" Nous devons réaffirmer qu\'une grande part de ce qui s\'est passé à Gênes est la responsabilité de ceux qui n\'ont pas annulé le G8, ça aurait été un minimum. Nous demandons la démission du chef de la police et du ministre de l\'Intérieur\". Différents intervenants prennent ensuite la parole pour livrer des témoignages. Un représentant des avocats travaillant dans les locaux de la rue Cesare Battisti : \"Il y avait environ 100 avocats qui travaillaient pour le GSF, ils n\'ont pas l\'intention de se laisser entrainer dans un débat sur le positionnement par rapport à la violence. La mort de Carlo Giuliani ne doit pas faire oublier la richesse des manifestations. Des gens sont sortis sur des brancards de la salle des avocats. Les trois ordin! ateurs des avocats furent détruits, le disque dur avec les listes des personnes aidées juridiquement a disparu. Les listes des détenus, des blessés et des témoignages ont disparu.\" Un représentant du service sanitaire du GSF : \" Les médecins du GSF ont décidé de rendre public tout ce qu\'ils ont vu. De graves violences totalement injustifiées ont eu lieu pendant la perquisition au centre média. Les médecins ont été des témoins impuissants. En soirée, la situation était calme. Les policiers sont arrivé en nombre à pied et en camionnette, ils ont d\'abord frappé tous ceux qui étaient dans la rue en face du centre média. Les médecins ont été retenu pendant environ une heure et demi. Ils ont constaté les dégâts aux ordinateurs des avocats. Le responsable des avocats a été arrêté. Il y a eu impossibilité pour les médecins et les parlementaires de voir les victimes. Les salles de l\'étage supérieur furent entièrement détruites. On glissai! t dans les flaques de sang, il y avait du sang sur les murs\". Le docteur Constantini va ensuite illustrer certains épisodes en précisant qu\'il y en a des centaines de ce type mais que ceux qui vont suivre sont particulièrement indicateurs du climat de peur et de l\'illégalité des actes de la police. \" Le cortège remontait vers le stade, la police avançait, une jeune fille s\'est arrêtée. Elle a été frappée par quatre policiers en civil, elle a reçu des coups de pied lorsqu\'elle était au sol. Elle s\'est relevée et a couru, elle a été rattrapée et a pris à nouveau des coups de pied. Elle était en état de choc et en crise d\'hystérie. Il a fallu lui faire quatorze points de suture \". \" Près du foyer universitaire, trois jeunes étaient assis sur un mur. La police est arrivée des deux côtés et les agents les ont fait tomber dans la cour derrière eux, trois mètres plus bas. Plusieurs membres furent cassés. Un homme dans la cour! les a pris un par un et les a barricadé \". \" Une ambulance du GSF avec des croix rouges énormes pour éviter les confusions a eu sa vitre cassée par un policier et une bombe lacrymogène a été lancée à l\'intérieur. Ces ambulances ont été régulièrement fouillées et perquisitionnées, leurs occupants matraqués \". Un hommage est ensuite rendu aux médecins et infirmières qui furent matraqués alors qu\'ils soignaient des blessés à terre et à ceux qui ont arrachés des manifestants aux mains de la police. Un metteur en scène expose la scène qu\'il a filmé la veille à un coin de rue : \" c\'était vers seize heures. Je filmais le cortège et mon regard a été attiré par une drôle de scène. Un policier est venu me demander de m\'éloigner. Ce que j\'ai fait. Je me suis remis à filmer plus loin, j\'ai vu un homme au visage masqué d\'un foulard discuter avec des policiers anti-émeutes prêts à intervenir, on sentait la mise en place de quelque cho! se, avec un rapport de hiérarchie. On voit ensuite un scooter avec deux jeunes qui sillonnaient la manifestation s\'approcher de l\'homme habillé en manifestant. Ils prennent des informations puis repartent \". Les images sont ensuite montrées à l\'assemblée. Témoignage d\'un membre d\'Indymedia : \" Le droit et les libertés d\'expressions et de presse ont été fondamentalement bafoués. Des innocents d\'Indymedia et d\'autres organisations ont été attaqué par le gouvernement italien. Il est clair que maintenant quiconque voudra faire quelque chose contre le G8 ou une autre organisation de ce genre devra affronter une répression immense. Dans le monde, il y a de telles répressions partout, Indymedia continuera à fournir une information et à permettre la liberté de parole à tout prix. Un camarade est dans le coma suite au tabassage dans l\'école. Nous n\'arrêterons pas, nous continuerons à donner une information par en bas\". Le porte-parole! du GSF : \" Pour les habitants de Gênes la violence a commencé avec les barrières qui ont séparé la ville de ses habitants. Nous demandons aux habitants de faire la différence entre ceux qui ont cassé la ville parce qu\'on les a laissé faire et la grande majorité des manifestants. Les blessés et les détenus ne seront pas laissés seuls par le GSF\". Un intervenant dans le public : \" Comme vous le voyez j\'ai les cheveux gris, je suis âgé, j\'ai vu ce qui s\'est passé ici dans l\'histoire. On n\'a jamais vu ce qu\'il y a eu ici ces derniers jours. Même à l\'époque des années de plomb, après une mort par balle jamais la police n\'aurait osé remettre ça dès le lendemain comme elle l\'a fait ici \". Porte-parole du GSF : \" Des responsables des média officiels portent plainte et invitent les autres journalistes officiels de la zone rouge à faire de même. Un policier a dit à un journaliste traditionnel qui voulait voir ce qui se passait rue Cesare! Battisti : \" Ton accréditation, tu peux te la mettre au cul \". Le photographe qui a fourni des photographies des policiers habillés en casseur a déjà reçu la visite de la police le matin même. C\'est une attaque contre la démocratie et la liberté d\'expression et pas seulement contre le GSF. Un projet de livre blanc est encours sur ce qui s\'est passé à Gênes. Nous demandons aux médias de mobiliser toutes leurs forces pour permettre les actes libres et démocratiques dans ce pays\". Un représentant du syndicat (dit \"syndicat de base\") COBAS parle du \"black gouvernement\" et a honte d\'un pays avec Berlusconi. \" En 77, après une exécution par la police on n\'avait jamais vu le lendemain un gouvernement amener plus de flics et plus de violence. 23 personnes de COBAS sont accusées de pillage et de manifestation subversive. Il y a la volonté d\'effacer tout droit de manifester. Au niveau du Black Bloc, il ne faut pas se laisser tromper par les ! journaux et la télévision, les flics sont là. On parle de 2000 pour la première manifestation et de 3 ou 4000 casseurs le jour suivant. Le fait est que ce phénomène existe, ce sont des gens très jeunes. L\'existence de ce phénomène est une manifestation sociale, politique et culturelle dont il faut tenir compte. Si on n\'y arrive pas, on n\'arrivera pas à résoudre la question politique. Les autorités ont décidé de se servir de ce phénomène politique, on ne les a jamais vu massacrer des supporters de foot qui sont beaucoup plus violents. Ils veulent utiliser un phénomène politique, ce sont eux qui ont commencé la dévastation, ils ont fait en sorte que la dévastation augmente pour les images et dire à la population que la ville a été défendue. La prochaine fois nous serons un demi million. Il s\'agit d\'une escalade depuis Seattle. Il y a un raisonnement, une stratégie de la tension. Les gens qui ont tâché de se défendre ont tenté de répondre ! à cette situation de panique organisée dans une tension. Nous avons besoin d\'être une multitude, nous avons besoin du soutien des villes qui servent de spectacles aux gouvernements\". Ensuite il y a des interventions des différentes associations composant le GSF. Chacune expose ses revendications et sa fermeté pour la poursuite du mouvement. Question d\'une journaliste : \" J\'ai assisté ce matin à une conférence de presse de la police. Il nous était interdit de poser des questions, soit dit en paasant, dans ma carrière de journaliste, je n\'ai constaté cette attitude qu\'une seule fois, c\'était au Kosovo... Ils nous ont montré ce que soi-disant ils avaient saisi lors de la perquisition. Il y avait des couteaux, des masques à gaz, des cocktails molotov. Est-ce que ces objets étaient bien dans le centre du GSF?\" Réponse du porte-parole du GSF : \" Hier soir toutes les personnes normalement autorisées à constater les actes de la p! olice, avocats, parlementaires, journalistes, ont été empêchées d\'assurer ce droit constitutionnel. Donc avoir des doutes sur la présence de ces objets est logique. Ensuite nous avons accueilli des gens qui avaient été chassés d\'autres lieux d\'hébergement et qui n\'avaient nulle pat où aller, nous ne pouvions faire le tri. Les personnes qui avaient à contrôler ce genre de choses ne l\'ont pas fait \". A ce moment j\'ai dû quitter la réunion pour quitter l\'Italie avec une voiture providentielle. Mon sentiment était celui d\'une société qui se déchirait en deux camps séparés par un fossé. La ville de Gênes commençait à revivre. G.H