======================= Compte-rendu du GeneSpotting 1 ======================= Bérésina sur le front de la guerre au vivant: Nous apprenons qu’Aventis-Bayer CropScience met fin à ses champs d’OGM en Europe. Samedi 7 septembre 2002, une cinquantaine de personnes se rassemblent à Florennes pour le premier GeneSpotting. Ils rejoignent un champs d’OGMafin d’inspecter parcelle contaminée dans son environnement en vue de se forger une propre opinion sur les conséquences. Cette parcelle se trouvait à Saint-Aubin (Florennes); Il s’agissait de l’une des 22 parcelles de colza de printemps mises en culture par Aventis-Bayer pour 2002 (1). Cette implantation, d’un genre unique en Belgique, présentée comme une évaluation environnementale de la dissémination, est en fait destinée à une évaluation des conséquences économiques de la commercialisation dudit colza. Le contenu de notre première intervention a fortement évolué. En septembre, l’avancée de la saison culturale ne nous permettrait pas de constater de visu l’aberration des mesures biosécuritaires en vigueur — qui sont, selon termes même du protocole, “pratiquement inapplicables et peu réalistes”. Le projet de “repérage” de la parcelle contaminée, sorte de jeux de piste, se heurte rapidement à des impossibilités logistiques dues à la configuration du terrain. Quand aux marquages du champ et de la zone contaminée ils ne peuvent avoir lieu, faute de temps. Une expérience interrompue GeneSpotting n’en fut pas moins pertinent et particulièrement efficace. En effet, peu après la diffusion de l’invitation, la récolte connaît un coup d'accélérateur soudain sous la pression des autorités communales. Le champ est fauché précocement le dimanche 25 août. Restait à vérifier si cela signifiait l’interruption d’une expérience dont l’une des particularités est de se dérouler sur deux années consécutives. Nous apprenons que l’agriculteur a pris l’engagement de cesser ses relations avec Aventis-Bayer, pour, sur place, constater que le champ a été labouré. Ce qui confirme l’interruption de l’expérience. Ce premier résultat, prometteur pour nos prochaines initiatives, infirme l’incapacité des autorités communales à s’opposer à une contamination de leur territoire. Une absence “formelle” de compétences peut aisément être compensée par des relations interpersonnelles entre acteurs locaux (bourgmestre et agriculteur). Un coup de pied dans la fourmilière de ces interactions se révèle efficace et les rencontres se sont révélée fructueuses: c’est sûrement sur ce plan là que cette intervention fût la plus riche. Des rencontres passionnantes À notre arrivée à Florennes, le bourgmestre et son premier échevin nous accueillent et nous servent le discours de circonstance. Ils nous assurent de leurs convictions contre les biotechnologies (la commune a adopté la motion de Nature et Progrès (2) ); ils n’ont d’ailleurs appris que par la presse la présence de telles cultures sur leur commune. Évasifs lorsqu’il s’agit de savoir si l’expérience était bel et bien terminée, ils n’en connaissent pas les conséquences pratiques: une contamination massive de l’environnement lors de l’année qui suit celle de la mise en culture. Ils soutiennent sans ambages le principe de la liberté d’expression et de manifestation dans le respect de l’”ordre public”, en l'occurrence l’ ”ordre privé”, du bon déroulement de l’événement cycliste qui suit le même parcours que nous. Nous assurons notre pleine collaboration, néanmoins divers moyens répressifs sont déployés: plusieurs Iveco et leur contenu, des civils qui relèvent les plaques d’immatriculation et la police locale, avec laquelle nous interagirons en toute cordialité. L’agriculteur fait rapidement son apparition. La discussion s’engage d’un définitif “Lorsque vous aurez travaillé un an sur ma ferme vous aurez quelque chose à dire” assorti d’une diatribe bien sentie sur le pouvoir de Bruxelles, les politiciens, les citadins, ... Nous poursuivons sur l’évolution du monde agricole. Son discours est conscient et informé mais fataliste. On aborde les spécificité du champs pour continuer sur les alternatives. Sa décision d’accepter la parcelle semble trouver deux raisons, l’une financière, l’autre dans une longue fréquentations avec Aventis (son fournisseur d’intrant). On apprend que les fonctionnaires compétents n’était pas présents lors de la mise en culture et de la récolte (une obligation biosécuritaire de plus qui n’est pas respectée). Une déroute prévisible Une salve d’applaudissement salue l’agriculteur lorsqu’il annonce la décision d’Aventis-Bayer CropScience d’arrêter son programme de culture d’OGM en Europe. On pouvait s’y attendre: plusieurs éléments vont en ce sens en Belgique mais cela s’inscrit aussi dans une tendance générale en Europe. Deux articles ont récemment fait sensation dans le petit monde des acteurs du projet transgénique. Le premier (voir ci-dessous), il y a quelques mois, basé sur l’exemple hollandais et d’Advanta, qui annonce cesser toute activité transgénique en Europe (3). Des activistes sont depuis intervenus pour les aider à respecter cet engagement en décontaminant une parcelle en Belgique à moins de 10 km de la Hollande. Le second article daté de fin août relate, à partir de la situation en Angleterre, la diminution simultanée des programmes de tests, des crédits de recherche privé et public et de la quantité de centres de recherche et de personnel (4). Ça commence par “Le lobby vert a gagné le débat sur les OGM et le commerce des plantes OGM quitte l’Angleterre”. Plus loin, il cite le directeur de la recherche et des technologies chez Syngenta, David Evans: “Le travail dans les champs en Angleterre est maintenant difficile (...) Nous avons eu des dégâts sur nos sites anglais. Nous avions un projet d’arbres transgénique (...) il a été refusé. Cela a un effet désastreux sur le moral.” Pour ce qui concerne la Belgique, depuis le début en d’avril de la polémique sur les nouvelles autorisations de cultures OGM, le spectre d’une délocalisation et le chantage aux 250 emplois concernés est régulièrement avancé par les responsables d’Aventis. Certaines déclarations laissent entendre que la fermeture serait en balance. D’autre part, les programmes de test sont en diminution constante, seuls 22 champs (contre 144 en 2000, à l’apogée du projet) ont été annoncés pour cet été. Des champs sont régulièrement décontaminés, les dégâts considérables — 1/4 des parcelles de colza d’hivers 2002 éliminées (5), puis 13 des 31 parcelles de la saison d’été dores et déjà refusées par les autorités <5>, abandonnées <4>, détruites <2>, ou interrompues <1>. Et enfin, pour la première fois depuis de nombreuses années, aucune autorisation n’a été demandée pour la saison d’hiver. Après une journée passionnante qui a largement débordé du cours initial de son programme. Florennes est définitivement libéré des OGM et au plus tard au mois de novembre les dernières expérimentations cesseront (6), .... La Belgique saisira t’elle cette occasion pour s’engager dans des aventures plus enrichissantes que celle du Meilleur des mondes transgénique ? Le 17 octobre, un bras de fer s’annonce au niveau Européen lors du Conseil environnement autour d’une éventuelle levée du moratoire sur les OGM. Nous serons fixés lorsqu’il s’agira d’introduire les demandes pour la saison d’été 2003 (fin décembre - début janvier) Quelques inspecteurs du CAGE NOTES: (1) La liste des communes belges contaminées par des OGM durant l’été se trouve sur http://belgium.indymedia.org/local/webcast/uploads/ogm_be_liste2002.pdf. La description des expériences se trouve dans les “fiches d’information du public” disponible sur le site du Service de Biosécurité et Biotechnologie http://biosafety.ihe.be. (2) La motion et la liste des communes qui l’ont adoptées se trouve sur http://www.natpro.be. En Flandre voir http://www.velt.be (3) “R.I.P. les champs d’ogm”, Jan Paul Smits, Initialement écrit pour 'Land en Stad': http://www.ddh.nl/duurzaam/landbouw. (4) “The Grim Reaper”, The Economist du 22 août 2002, disponible sur http://www.agbioindia.org/archive.asp. (5) La liste des champs de colza d’hivers 2002 se trouve sur http://belgium.indymedia.org/front.php3?article_id=26406 (6) En 16 ans, 522 champs d'expérimentation ont distillé leurs transgènes dans l'environnement sur le territoire belge. Toutes ces communes auront à en gérer les conséquences notamment en terme de présence d’adventices contaminées. LIEN WEB: Documents sur la résistances pratique aux OGM en Belgique sur http://sbb.collectifs.net Listes de diffusion sur les OGM en Belgique sur http://belgium.indymedia.org/front.php3?article_id=26110 “Le petit décontaminateur de champs d’OGM” sur http://france.indymedia.org/local/webcast/uploads/jardinage.pdf Liste des produits alimentaires contaminés par les OGM sur http://www.greenpeace.be Actions en Flandre contre les OGM et leurs lobbys http://www.jnm.be