Questions et réponses aux idées de propagande
Comment 'Le Monde Diplomatique' rejoint les thèses dominatrices de Georges Bush
Depuis le 11 septembre dernier, les USA se sont arrogés le droit exclusif de pouvoir définir quels sont les pays et les organisations à ranger dans le club très ouvert des 'terroristes'. Le mensuel 'Le Monde diplomatique' qui était jusqu'à ce jour estimé, a cependant décidé d'emboîter le pas à Georges Bush, dans sa croisade anticommuniste. Analyse et commentaires.
Mao Ning

Actuellement, plus personne ne s'étonne lorsque la presse officielle feint de découvrir que des liens très étroit ont été établis entre le gouvernement américain et les troupes d'Oussama Ben Laden. Cependant, 'Le Monde diplomatique', dans la bouche d'Ilaria Maria Sala, a toutefois décidé de publier un article aux accents anticommunistes très prononcés. Cet article s'articule sur deux thèses fondamentales pour tenter de prouver que le gouvernement socialiste de la Chine mène une campagne " d'assimilation forcée dans la province du Xingjiang " (1).

Thèse 1. Sala affirme que " non seulement les efforts de Pékin ne suffisent plus à enrayer le nationalisme ouîghoure, mais cette répression sans nuances ne fait que renforcer la montée en puissance d'un islam identitaire 'de combat'. " Et d'ajouter que la Chine se servirait " d'un prétexte que les séparatistes y ont recours à des pratiques terroristes " pour faire accepter sa politique.

Réfutation 1. Cette thèse comporte deux mensonges. Primo, Sala mêle intentionnellement le 'nationalisme ouïghoure' avec 'l'islam identitaire de combat' pour brouiller les pistes.
En réalité, depuis bien longtemps, l'administration américaine incite les populations locales à la sécession pour déstabiliser la Chine. Pour ce faire, le Congrès américain finance chaque année à hauteur de 5 millions de US$ une radio séparatiste à Hong Kong qui diffuse en langue ouïghoure. (2) Par ailleurs, son principal allié régional, la Turquie, supporte sur son territoire toute une série de groupes militaires, qui battent le rappel au nom de la 'Grande Turquie'. Nous ne sommes donc pas étonnés de constater que des généraux turcs à la retraite encadrent ces groupent se revendiquant du 'Turkestan de l'Est'. (3) Nous constatons assez facilement que toute cette agitation de type nationaliste est essentiellement due à des causes venues de l'extérieure.
En ce qui concerne la soi-disant montée en puissance d'un 'islam identitaire', il s'agit d'une thèse chère à Ben Laden, dont l'organisation est rivale des généraux turcs. Elle revendique en effet de son côté, la formation d'un Etat religieux sans connotation nationale aucune. Or, il s'est avéré récemment que le conseiller aux affaire internationales de Ben Laden est bien originaire du XingJiang chinois (4). Avec la destruction des principales infrastructures d'Al Quaïda, il va de soi qu'une monté de l'islam identitaire à laquelle Sala fait référence est une pure invention ! Notons aussi, que le nationalisme et l'islam identitaire étant des idéologies rivales, elles n'entretiennent aucun lien de causalité. L'envoyée spéciale du 'Monde diplomatique' a en fait tout simplement recopié une déclaration issue de l'impérialisme américain, dans la bouche de Mary Robinson qui déclarait encore naguère que la Chine " profite de la lutte contre le terrorisme pour s'en prendre aux séparatistes tibétains et ouïghours… " (5) Le parallèle entre les déclarations US et celles de Sala dans le 'Monde diplomatique' sont frappantes et cela ne constitue en rien un hasard. Ilaria Maria Sala n'est pas une simple journaliste, mais bien un porte-parole du Parti Radical italien, dirigé par l'ex-commissaire européen Emma Bonino, bien connue pour être le relais de la droite ultra-libérale et populiste en Italie. On retrouve aussi son nom collé un peu partout sur des revues financées par le Pentagone, aux cotés notamment de Radio Free Asia qui est totalement sous contrôle des USA. (6)

Thèse 2. Les attentats qui ont eu lieu en Chine sont la faute du gouvernement lui-même. Sala cite un dénommé Enver Can, président du 'Congrès du Turkestan Oriental', pour affirmer que " les Ouïghoures n'ont jamais été des extrémistes religieux… depuis que les autorités chinoises ont adopté une attitude répressive et injurieuse envers l'islam, des groupes plus religieux ont émergé en action. C'est parfaitement naturel. Ce renouveau islamique est, je pense dû à la répression chinoise. "

Réfutation 2. Cette thèse ne tient absolument pas la route. Le chef religieux des séparatistes du mouvement séparatiste Hizb ut-Tharir, Yusupbek Mukhlisi, déclare clairement que " vingt-deux millions d'Ouïghours sont prêts à se battre jusqu'à la mort, même les enfants. Je le sais. L'un deux disais : Stop les Chinois ! Je vais tous vous tuer ! " (7) En déroulant une carte de la région, il montre aux journalistes, les endroits où se sont produits les récents attentats en Chine : à chaque fois, plusieurs dizaines de morts et de blessés. Par ailleurs, questionnés par un grand quotidiens, tous ce beau monde avoue sans hésiter que " la majorité d'entre nous aimons l'Amérique… Elle s'est toujours fait entendre par le biais de la religion. " (8) Voilà qui a le mérite d'être clairement dit ! La seule question que nous pourrions nous poser est de savoir comment le très sérieux 'Monde diplomatique' a osé publier un tel tissu de médiasmensonges… D'ailleurs, le personnage inconnu Enver Can s'avère aussi être un illustre adorateur du pays de la 'Liberté immuable'. Après avoir supplié le secrétaire général des Nations Unies, Koffi Annan de condamner la Chine, Enver Can a immédiatement reçu le soutien financier à hauteur de 1 million de US$ de la part du gouvernement canadien, et des Fondations Carnégie, Rockfeller et Mac Arthur ! (9) Avec de telles fréquentations, nous comprenons mieux pourquoi Enver Can n'a plus aucun scrupules à ressasser les slogans de l'impérialisme américain.

Epilogue provisoire

Nous saisissons que rien dans l'article du 'Monde diplomatique' ne repose sur des bases solides, et certainement pas les témoignages anonymes absolument invérifiables. En définitive, c'est la politique de développement socialiste de la Chine qui a été visée dans cet article. Sala a beau ironiser sur les 56 nationalités qui composent la population chinoise, la Constitution nationale en Chine octroie un droit d'expression élevé aux minorités ethniques du pays. Au XingJiang, le gouvernement finance seul la construction de nouvelles infrastructures pour désenclaver les paysans pauvres et leur apporter l'eau nécessaire à assurer les récoltes annuelles. Des millions de volontaires se sont mobilisés ces dernières années pour combattre la désertification. Hier sous-développée, la région autonome ouïghoure du XingJiang acquiert progressivement une réputation de prospérité.

Seul le socialisme qui unit tous les travailleurs sans distinction de nationalité ou de religion peut assurer la pérennité de toute la région. Aujourd'hui, l'impérialisme américain donne jusqu'à sa dernière dent pour empêcher le développement économique de ces enclaves éloignées de la mer. Tous les progressistes ont intérêt à défendre la Paix et le développement dans le tiers monde. Tous les communistes ont intérêt à défendre la Paix et le socialisme.


Notes :
1. Le Monde Diplomatique, février 2002
2. The New-York Times, 30/08/2001
3. The Far Eastern Economic Review, 13/05/2000
4. Paris-Match, numéro spécial Chine n°2, Février-Mars 2002
5. The Los Angeles Times, 10/11/2001
6. China Rights Forum, HIRC Summer 1999
7. The Japan Times, 06/11/2001
8. The Washington Post, 13/10/2001
9. Associated Press, 16/09/1999