Environ 200 personnes prennent part à la commémoration, devant les grilles de l'usine, à environ 300 mètres des lieux de l'accident. De l'autre côté des grilles, des ouvriers s'approchent. "C'est une bonne initiative, mais nous n'étions pas au courrant. C'est dommage, beaucoup plus de gens seraient venus."


La sidérurgie de Cockerill-Sambre. Des milliers de travailleurs y rentrent chaque jours. Beaucoup y laissent leur santé, d'autres leur vie. Du Zola? Non, le quotidien pour les travailleurs, et plus encore pour les intérimaires, les statuts précaires et les ouvriers des sous-traitants, pour qui les conditions de sécurité sont encore pires.

Parmi les délégations syndicales venues de l'étranger, des métallos CGT région Nord-Pas De Calais, qui ne mâchent pas leur mots, l'un d'eux déclare: "Le patronat est le même partout, en Belgique, de France, d'Espagne ou ailleurs, il a du sang sur les mains. Des tâches de sang indélébiles dont il devra répondre devant l'histoire".

Les veuves de Léonardo et Kadour sont venues, malgé la douleur. Soutenues par leur familles et leurs amis, elles ne pourront pas s'exprimer. Leur douleur est vraiment impressionante, elles ont le visage creusé, les yeux gonflés et sont tremblantes. Pour elles la mort de ces deux ouvriers ne sont pas des statistiques.

Maria Vindevoghel, déléguée de base qui avait animé les actions des 'sabéniens' contre la faillite est aussi venue marquer sa solidarité. Les ouvriers qui ne la connaisse pas encore font vite la connaissance de cette femme pleine d'énérgie et de volonté. Actuellement, elle est à la tête d'un comité qui organise un tribunal populaire (samedi 9 novembre), pour faire ce que la 'justice' ne semble pas décider à faire: juger les responsables de la faillite frauduleuse.

Sur les grilles de l'usine, 21 silouhettes sont accrochées, pour les 21 ouvriers de la multinationales Arcelor, numéro 1 mondial de la sidérurgie, morts cette année. 21 sans compter les inombrables blessés, et les nombreux ouvriers des sous-traitants morts dans les usines du géant de l'acier. Mais que vaut la vie d'un ouvrier pour des actionnaires milliardaires? Des bénéfices, c'est tout ce qu'ils demandent. La manière pour y arriver les importent peu.


La tristesse se lit sur les visages de toutes et tous. Beaucoup ne connaissaient pas les victimes, mais sont révolté/e/s par la manière dont on considères les ouvriers et la manière dont les médias ont traité l'accident. "Ne nous parlez pas d'erreur humaine" entend-t-on souvent.

Les prises de paroles, les messages de solidarités se succèdent. Des ouvriers de France, d'Allemagne, de Charleroi, d'Antwerpen témoignent de leur douleur, de leur solidartité et de leur révolte. Un jeune interprète une chanson qu'il a composé juste après les évennements, en écoutant les témoignages et les coups de gueules des ouvriers.


Deux délégués de IG Metal sont venus d'Allemagne. La mondialisation c'est aussi la mondialisation des conditions de travail catastrophique. Et donc la mondialisation de la solidarité et de la résistance des travailleurs.

Combien d'ouvriers devront encore tomber avant que cette situation change enfin?