Ahmed Isiyasni et Abeba El Hajji ont été tués le 7 mai à 4 heures du matin, par les balles tirés par un Belge de 79 ans, connu pour ses convictions racistes et d'extrême-droite. Le meurtrier a mis le feu à la maison d'où les cinq enfants des victimes ont été sauvés par des voisins, pendant que la police communale de Schaerbeek restait à l'écart. L'assassin est mort dans l'incendie. Vendredi le 10 mai, des milliers de personnes se sont rassemblés dans le parc Josaphat à Schaerbeek, la commune bruxelloise où le drame s'est produit. La grande majorité des présents est d'origine étrangère. Les belges 'blancs' sont malheureusement rares. A part des politiques et des hommes des service de sécurité pour une télé, les autres 'blancs' ne constituent qu'une petite poignée de personnes solidaires. Han d'Indymedia dit à ce propos : "ici, les blancs se connaissent tous". Trois tentes blanches ont été construites, et cette fois-ci une installation sono est mise en place. La commune a vraisemblablement tiré des leçons de mercredi lorsque quelques milles personnes se sont rassemblées pour une première commémoration. Autre fai remarquable : les camionnettes-satéllites des télévisions se son garées en caravane sur le haut de la colline. Les discours sont très émouvants. Quand Kemza, fille de 15 ans et une des cinq enfants sauvés de l'incendie après l'assassinat raciste, prend la parole, peux peuvent retenir leur larmes. L'extrême-droite a tué mes parents, dit-elle, faisons tout pour qu'ils ne soient pas morts en vain. Et puis elle accuse les services de sécurité : pourquoi ont ils pris tant de temps avant d'arriver sur place et intervenir ? Pourquoi nos voisins ont-ils été tellement plus courageux ? "Je pensais que avec ma famille j'étais en sécurité. Mais un criminel armé vivait à côté de nous", a ajouté Kemza. Pour elle, le double meurtre n'est pas un fait-divers. "Certains disent que l'assassin était un fou, pour ainsi se dégager de toute responsabilité". Kemza lançait aussi un appel de réconciliation, "non en tant que victime, mais comme citoyenne de ce pays". Le frère du père de famille assassiné a pris la parole. L'imam de Schaerbeek lui-aussi accusait et tout d'abord les médias qui continuent à "faire l'amalgame" et confondent islam et intégrisme et ont ainsi créé le climat qui a conduit au meurtre. Il insistait sur le rôle social que les mosquées pourraient jouer si seulement elles disposeraient de plus de moyens. Maintenant elles dépendent de dons. L'imam a ajouté que les parents donnent sens a leur vie et celle de leurs enfants. Ils se demandent comment stopper la petite délinquence. L'imam lui aussi demandait que toutes les questions à propos du meutre doivent être résolues. Après les discours nous avons e.a. parlé avec deux femmes maroccaines. Comme chaque vendredi elles s'étaient présentés sur les marches de la Bourse de Bruxelles pour participer au meeting hebdomadaire de solidarité avec la Palestine. Là, on avait expliqué aux personnes présentes que Ahmed Isiyasni, assassiné ce mardi, étaient un des manifestants les plus 'réguliers' à la Bourse. Lorsqu'elles ont appris qu'au même moment une cérémonie avait lieu au Parc Josaphat, les deux femmes se sont aussitôt rendues à cet endroit. Elles ont expliqué que le racisme est en augmentation accrue depuis le 11 septembre. "Toute femme portant le foulard est continuellement aggressée maintenant. Partout où nous nous trouvons, en voiture, dans le métro, lorsque nous entrons dan sun bureau, on nous regarde, on nous aggresse par le regard, comme si on veut dire que toute musulmane est intégriste et terroriste". Un homme est venu nous dire que les médias sont complices du meurtrier : la RTBf et la RTL poussent les gens à assassiner, a-t-il dit. Lui aussi était venu de la Bourse, il portait un drapeau palestinien sous sa veste. Vers 19h30, deux corbillards transportant les corps de Ahmed Isiyasni et Abeba El Hajji ont quitté le parc suivis par un long cortège d'hommes, de femmes et d'enfants priant, chantant et pleurant. A la tête du cortège, la famille et ses proches, le bourgemestre de Schaerbeek, le ministre de l'Intérieur. A-t-on déjà vu un tel événement en Belgique ? Une femme me raconte qu'au Maroc tout se passe de la même façon. Après les prières, les corps partent en cortège pour le cimetière. Des vers du Koran sont chantés et récités. Que pense-t-elle de l'absence de 'blancs' ? Elles pense que les gens ont peur, qu'ils ne savent pas quelle attitude se donner, à quoi s'attendre. "Après tout ce qu'on a raconté sur l'Islam", dit-elle. Mais elle ne peut pas croire que les 'blancs' ne soient pas profondément touchés par le drame de Schaerbeek.