Coca-Cola, une histoire de crime et de terreur

Ce 10 octobre 2002, après Atlanta et avant Bogotá, une audition publique populaire contre la transnationale Coca-Cola aura lieu à Bruxelles, au Parlement européen en présence de syndicalistes colombiens, et de personnalités du mouvement alterglobaliste. Une occasion inédite pour revenir sur l’histoire peu glorieuse de cette entreprise.

Rebelion / SINALTRAINAL / RISBAL

Le Coca-Cola est la boisson non alcoolique la plus vendue dans le monde. Ses lettres blanches sur fond rouge sont le symbole mondial de l’American Life Style et représentent les valeurs du succès capitaliste. L’histoire de cette boisson débuta en 1880 quand un colonel de l’armée sudiste des Etats-Unis, du nom de John Styth Pemberton, chimiste pharmaceutique d’Atlanta (Géorgie) et morphinomane endurci, enregistra officiellement un vin de coca, tonique et stimulant idéal, sur base de la boisson de feuilles de coca d’Angelo Mariani (du célèbre vin Mariani), fondant ensuite la Pemberton Chemical Company. Au mois de mai 1886, la pharmacie Jacobs d’Atlanta mit en vente le premier verre de Coca-Cola, boisson préparée de feuilles de coca, de noix de cola, de caféine, de quelques essences et de plusieurs huiles. Actuellement, la Coca-Cola Company utilise des feuilles de coca dans sa fameuse formule 7X, pour laquelle plus de 500 tonnes de feuilles de coca du Pérou et de Bolivie sont importées chaque année.

L’expansion mondiale de Coca-Cola fut possible grâce au comportement agressif de la transnationale au moment d’imposer la consommation de la boisson en question au-dessus de toutes les particularités culturelles des peuples.

Au moyen de stratégies publicitaires dessinées de manière perverse pour atteindre les enfants et les jeunes et d’une politique commerciale qui n’a pas hésité à utiliser la terreur et le crime comme instruments pour empêcher l’organisation et la mobilisation des travailleurs, Coca-Cola a envahi le monde et multiplié ses ventes et ses profits.

Un exemple clair de l'impitoyable et inhumaine expansion de Coca-Cola se situe au Guatemala où, depuis quand le syndicat de travailleurs de Coca-Cola a commencé à se construire, en 1968 jusqu'en 1980, six de ses dirigeants ont été assassinés et quatre portés disparus. Autre méthode criminelle utilisée par l’entreprise : l'occupation militaire d’usines et de sièges syndicaux par des corps armés de la transnationale et, dans ce cas, faisant partie de l'armée guatémaltèque. Durant une de ces occupations, le 21 juin 1980, EDGAR RENE ALDANA RUANO, travailleur de la fabrique occupée, fut torturé et assassiné.

La situation colombienne actuelle représente un autre cas exemplaire du comportement de la transnationale. En Colombie, il existe 20 usines de mise en bouteille de Coca-Cola, 17 appartenant à Panamco Colombie S.A et les autres, situées à Florencia (Caquetá), Leticia (Amazonas) et Carepa (Antioquia) appartenant à des particuliers.

Les travailleurs de ces usines sont organisés au sein du SINALTRAINAL, un syndicat du secteur de l'alimentation fondé en 1982 comme l’union de différentes organisations syndicales, bien que ses racines remontent à il y a 50 ans quand fut constitué le premier syndicat de base avec l'arrivée de la transnationale Nestlé en Colombie. Le SINALTRAINAL regroupe, entre autres, les travailleurs des transnationales Nestlé, Coca-Cola et Corn Products Corporations. Le 22 juillet 1986, HÉCTOR DANIEL USECHE BERÓN, travailleur de l'entreprise Nestle Inc. et dirigeant de SINALTRAINAL était assassiné en Bugalagrande (Valle). Depuis lors, la terreur a été la principale arme brandie par les transnationales de l'alimentation associée à l'État colombien dans le but d'intimider et détruire le syndicat.

Comme résultat de la terreur, durant les 10 dernières années, le SINALTRAINAL a vu son nombre d'affiliés baisser de 5.400 à 2.300. 14 dirigeants furent assassinés, dont 7 travailleurs de Coca-Cola et 3 en pleine négociation avec l’entreprise. 48 autres furent déplacés, 2 exilés, d’autres détenus injustement, et deux portés disparus. Les mobilisations et les protestations ouvrières ont été militarisées et, dans de nombreux cas, les escortes personnelles des directeurs et les corps de sécurité de l'entreprise ont été utilisés pour attaquer l'organisation syndicale. La législation de travail et les droits conventionnels ont été évidemment et de manière permanente violés.

La stratégie utilisée par une transnationale comme Coca-Cola, dans le but d'augmenter ses bénéfices économiques, implique une réduction des coûts de production, ce pourquoi elle effectue des licenciements massifs et essaie de saboter les droits collectifs des travailleurs.

Au cours des dernières années, Coca-Cola, Nestlé, Fruco C.P.I., Indunal S.A - propriété du parlementaire FUAD CHAR ABDALA -, Meals de Colombie et d'autres entreprises où le SINALTRAINAL a des délégués, ont licencié plus de 20.000 travailleurs - la moitié d’entre eux par Coca-Cola - en les remplaçant par une main-d’œuvre temporaire. D'autre part, des entreprises comme Coca-Cola et d'autres du secteur utilisent les Cooperativas de trabajo asociados, qui assument une partie de la chaîne productive à risque propre. De cette manière ils évitent le paiement de salaires justes et déplacent la main-d'oeuvre syndicalisée et protégée par des conventions du travail. Ces mesures ont violé et empêché le libre droit d’association syndicale. L'État et les transnationales comme Coca-Cola ont déclenché une campagne de criminalisation de la protestation sociale allant de déclarations associant le syndicat aux guérillas jusqu'à des actions juridiques contre les dirigeants pour des faits de terrorisme et de rébellion, basées sur des montages et des preuves falsifiées, des perquisitions de sièges syndicaux, et récemment une action intentée par Coca-Cola contre le SINALTRAINAL pour de supposées calomnies et diffamations.

Mais le plus terrible, c’est la volonté de la transnationale à éliminer le syndicat, comme interlocuteur social, à travers les assassinats, les menaces et l'utilisation récurrente de la force et de l'intimidation. L'État colombien, complice des transnationales, n'a ni enquêté, ni jugé, ni sanctionné les responsables de telles horreurs. Au contraire il continue à accorder davantage de garanties afin que ces entreprises puissent continuer à semer la terreur et la faim par la privatisation des entreprises publiques, la création de zones franches, la pénalisation de la protestation sociale et l'imposition du Plan Colombie pour intensifier la guerre et l'élimination des organisations sociales.

Pour illustrer le cas Coca-Cola, on peut faire à de nombreuses agressions :

 

Signez la déclaration : " POUR QUE CESSE LA VIOLENCE DE COCA-COLA EN COLOMBIE ET DANS LE MONDE "

Audience publique populaire contre Cola-Cola à Bruxelles le 10 octobre, avec Eric Toussaint, James Petras, José Bové, …

Interview AUDIO d’un représentant du SINALTRAINAL (en espagnol)