En français: (traduit par Fred & Ata)
Chiapas 2000
le
document |
Copyright: Photo de Pedro Valtierra, Alta Mirano, Chiapas 1999. |
Comme
partie de la "stratégie à double face", le gouvernement
de Vincente Fox a commencé à appliquer au Chiapas un nouveau schéma
avec une façade plus "aimable". Le plan combine les
tâches de renseignement avec une nouvelle politique de communication et
un programme économique de type assistanat. L’objectif principal est
"d’ôter les drapeaux" aux Zapatistes sur la base de la
légitimité démocratique du nouveau régime.
Il s’agit de rendre
crédible le nouveau gouvernement au Chiapas moyennant "une prévision
aimable, non autoritaire, ludique et non complaisante des alternatives".
L’idée est associée à la construction d’un "nouvel
imaginaire social" et d’un nouveau positionnement de la figure présidentielle
comme facteur de "dialogue". L’objectif est de déplacer
"de manière subtil mais ferme" l’EZLN de son rôle
de représentant "moral" de toutes les ethnies et de
poser le président Fox comme un pacificateur "sans intermédiaires".
Les lignes maîtresses du plan sont reprises dans un document secret intitulé
Chiapas 2000. Entre ses objectifs à court et moyen termes doit
se met en place une série d’actions tactiques de type "chirurgical"
contre des groupes de "délinquents organisés"
dans les zones d’influence de l’EZLN. Un autre point central de la stratégie
sera de "montrer" à l’opinion publique la "véritable
image" du subcommandante Marcos: "non pas celle du guerillero
défenseur des droits indigènes, mais celle du hors-la-loi".
Selon le plan, qui s’accomplira au pied de la lettre, on cherchera à
"dévaloriser" l’image publique – nationale et internationale
– du porte-parole de l’EZLN, en exhibant des activités "dûment
documentées par les organes de renseignement", qui le présentent
comme un homme qui s’est énormément enrichi via des "activités
illicites de déliquance organisée". L’idée à
renforcer paraît être celle du narcotrafic. Une fois que l’opinion
publique sera sensibilisée, une "recherche préalable"
s’intégrera au plan afin d’exercer une action pénale "non
pas contre le leader insurgé, mais contre le délinquent".
D’autres points clés du plan sont de renforcer les activités de
renseignement, de contre-espionnage et d’infiltration au sein des groupes de
tendance zapatiste; promouvoir la désertion des soutiens et des membres
de l’EZLN; diffuser au sein des indigènes "les comportements
antisociaux et la déviation psychologique" de certains des leaders
de la guerrilla, et éviter l’entrée d’observateurs étrangers
dans la zone de conflit, en les considérant comme "courrier"
des organisations qui appuient de l’extérieur les insurgés.
La nouvelle stratégie – construite sur base de la vieille conception
policière de l’histoire chère aux services de renseignement, qui
identifient l’ancien évêque de San Cristobal de las Casas, Samuel
Ruiz, comme le chef de la "subversion" au Chiapas et les indigènes
comme des idiots utiles – cherchera à impulser face à Jean-Paul
II et à la hiérarchie catholique locale la nécessité
de "déplacer" les jésuites et les clercs engagés
dans la théologie de la libération, qui, actuellement, occupent
des "positions de pouvoir" au sein de l’évêché.
Selon le document, le clergé libéracioniste empêche l’accomplissement
"sans pression" des tâches du nouvel évêque,
Felipe Arizmendi, "qui s’est toujours montré opposé à
l’idéologie de Samuel Ruiz".
Une des composantes basiques du plan est de vaincre l’EZLN sur le terrain des
moyens de communication. La tâche de construire une image de Fox "non
autoritaire et négociateur" a été commandée
au Secretaría de Gobernación, à qui il est suggéré
de créer un "réseau" d’intermédiaires
et d’interlocuteurs "plus ou moins sur mesure", afin d’établir
une "alliance" qui permette la "solidarité"
des médias avec les politiques officielles. Le "plan aimable"
a pour objectif d’établir des "para-tonnerres" [pararrayos
= mexicanisme?] alternatifs qui "captent l’énergie négative",
sans que cela frappe le gouvernement. Il [le plan] signale que dans une
éventuelle stratégie de confrontation et de châtiment envers
des médias adverses, d’autres instances externes au gouvernement peuvent
être "plus utiles" que le bureau de communication social du
gouvernement.
Le document propose de négocier avec des leaders caciques du Chiapas
la reconversion de groupes paramilitaires en polices privées de caractère
légales, comme en Colombie. D’autres points du plan, comme la démilitarisation
partielle de la zone du conflit, le levée de certains points de contrôle
et l’envoi au Congrès de la proposition de loi de la COCOPA ont déjà
été accomplis. D’autres pourraient être en cours, entre
autres, l’établissement d’une commission d’investigation interinstitutionnelle
pour déterminer "les causes et les coupables" des affrontements
qui ont eu lieu dans l’entité et appliquer toute la rigueur de la loi,
"au moins dans deux cas", y compris pour les auteurs intellectuels
"sans se soucier de leur poste ou de leur position sociale"
pour réaliser un précédent et légitimer le gouvernement
de Vicente Fox.
En español:
Chiapas 2000
el
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Copyright: Photo de Pedro Valtierra, Alta Mirano, Chiapas 1999. |