Du point de vue de la mobilisation des voix, le PTB prends des risques réels (ce qui est très râre dans le paysage politique) et ne semble pas poursuivre une stratégie axée sur l'élection de ses candidats. Les listes sont démultipliées, on refuse toute alliance avec qui que ce soit (l'AEL a été surprise que le PTB ne veuille pas entendre parler d'autres partis ou d'associations pour un front anti-guerre) et il faut de toute façon croire que le PTB n'est pas réellement intéressé par la perspective d'avoir des élus sans quoi on pourrait en conclure qu'ils n'assurent pas du tout vus leur nombre d'élus depuis longtemps. L'article de RedKitten ne nie d'ailleurs pas cela. Ce qui me dérange profondément, c'est le sentiment que l'alternative proposée par le PTB est "unique", que tout autre discours serait au mieux erroné ou naïf, au pire vendu à l'adversaire. C'est une critique classique et ce n'est pas pour rien. Voyez les choix que le PTB nous propose : 1) Se taire quand les grands parlent 2) Se lancer dans la bataille, les contredire, construire des alternatives 3) Soutenir lors des élections ceux qu’[on ] prétend combattre le reste du temps. puis, un peu plus loin : "Plusieurs listes issues du mouvement se présenteront lors de ces élections, et permettront un vote de protestation utile: RESIST, avec des candidats de l’AEL, du PTB et des indépendants, MARIA avec des candidats Sabeniens, des services publics et des activistes anti-guerre, le PTB dont la campagne s’axera contre la guerre" Il existe donc plusieurs possibilités, une seule est la bonne : la nôtre. Ca, direz-vous, c'est tout à fait normal pour un discours électoral. Sans doute, mais lorsque les autres partis tiennent ce discours la, chacun sait dans quel jeu il joue. Les autres partis me disent : "c'est le jeu des élections : tu es libre de me croire ou pas". Le PTB dit : "Tu dois me croire car je ne joue pas ce jeu la". Or réinventer la politique, la gestion de la collectivité, les prises de positions internationales, tout ça en dehors des partis et des jeux électoraux : formidable, je signe tout de suite des deux mains mais cela ne peut s'envisager que dans la pluralité, donc nécessairement moyennant des concessions. Je ne crois pas à la pureté en politique et ceux qui l'invoquent ne sont pas forcément de bons exemples ! L'opposition à la guerre est le bon sujet : le PTB, particulièrement Redkitten, à rarement cessé depuis des mois de clamer son indignation face...aux autres participants aux manifs anti-guerre ! Et tout de suite, c'est la vieille accusation de trahison "si tu n'es pas comme moi, c'est que tu soutiens Bush, etc." Basta ! "Ici aussi on voit parfois une trahison de certains acteurs de mouvements sociaux qui à la veille des élections se retrouvent sur une liste du PS, d’Ecolo ou pire … Ils peuvent toujours essayer de le justifier en parlant de “vote utile”, de la théorie du “moins pire”, ils ont franchis un pas de trop dans la compromission". Dans un autre article, Han Soete réclamait, en tant que militant, le droit à participer à la vie politique, donc d'être inscrit sur une liste électorale. La synthèse est très simple : un militant associatif qui s'inscrit sur une autre liste que le PTB est un traître. Si l'on a un tout petit peu d'esprit critique, il est impossible de souscrire à des arguments aussi bas. L’article ci-dessus nous apprends que le rejet général pour la politique et ceux qui la font est « positif ». Je ne partage pas ce constat pessimiste et cynique. Ce n’est pas en démolissant tous ceux qui font le débat politique ( partis, syndicats, associations etc.) que nous serons tous plus motivés pour nous occuper des affaires publiques. Le rejet de tout ce qui touche à la politique est emprunt de désespoir, d’un profond sentiment d’impuissance et d’injustice : il n’y a pas de quoi se réjouir. Autre chose : « Decroly ne se représentera pas, et c'est une raison supplémentaire pour envoyer des militant/e/s pour poursuivre son travail dans le nid de vipères nommé 'parlement »'. Après la récupération des mouvements sociaux par les politiques, voici la récupération des politiques proches des mouvements sociaux par d’autres politiques se réclamant des mêmes mouvements. Plus sérieusement, Vincent Decroly n’a jamais été élu avec comme programme le détricotage de tout ce que le gouvernement entreprends. Il a été exclu de son groupe pour avoir dénoncé le fossé séparant les engagements électoraux de la réalité gouvernementale mais ne s’est absolument jamais présenté comme un oiseaux rare dans un « nid de vipère ». Ce ne serait en rien « poursuivre son travail » (et c’est la une vision presque insultante tant elle est réductrice) que de concevoir l’élection d’un parlementaire comme un simple accès à l’information pour une organisation plus efficace d’actions extraparlementaires. Enfin sur Indymedia, effectivement, des animateurs peuvent évidemment soutenir des listes ou des candidats, voire être candidats eux-mêmes : cela se voit sur de nombreux sites de notre Réseau. Il est donc hors de question de censurer tout propos pour cause de « propagande électorale », pour peu qu’il ne soit pas raciste, sexiste ou homophobe. Ce sera d'ailleurs un plaisir durant les semaines à venir que d’exposer aux utilisateur du Réseau les programmes des différents partis et d’en débattre. Bonne campagne.