<\\bold>Le nouveau système bachelor/master 5 en 1 : 5 fois plus efficaces pour les multinationales !<\\b> Les signataires de la déclaration de Bologne s’engagent à adopter « un système qui se fonde essentiellement sur deux cursus (bachelor/master). L’accès au deuxième cursus nécessitera d’avoir achevé le premier cursus, d’une durée minimale de trois ans. Les diplômes délivrés au terme du premier cursus seront relevant pour le marché du travail européen. Le second cursus devrait conduire au master et/ou au doctorat comme dans beaucoup de pays européens » . Il faut remettre la déclaration de Bologne dans le contexte des politiques actuelles en matière d’enseignement pour comprendre tous les objectifs et toutes les conséquences d’un tel système. Benjamin Pestieau <\\bold>La bolognaise à l’étranger<\\b> Voyons d’abord comment le système préconisé par Bologne a été compris à l\'étranger. Par exemple: \"En Lettonie, le suivi de Bologne a entraîné, comme en Estonie, une réduction de la durée du bakalaureus (l\'équivalent de notre licence) qui passe de 4 ans à 3 ans, le Magister (l\'équivalent du futur Master, voir plus bas) nécessitant deux années supplémentaires. Des stages professionnels sont intégrés à la formation menant au bakalaureus, dont les programmes sont en train d\'être modifiés pour répondre plus adéquatement aux besoins du marché.\" \"Aux Pays-Bas, (…) les universités s\'inquiètent de ce que le gouvernement pourrait ne plus financer que le diplôme de kandidaat/bachelor\" En Suisse, les recteurs s’interrogent sur les conditions de passage et de sélection entre le bachelor et le master . En Norvège, parmi les propositions, l’une d’elle vise à réduire leur cycle de 4 ans (candidatus magister) en un cycle de trois ans. La première année de ce cycle serait « une année d’étude supérieure générale, basée sur l’étude d’une méthode d’apprentissage ainsi que l’acquisition de compétences dans l’expression écrite » Finalement, écoutons encore l’ancien secrétaire général des recteurs suisses : « Ce processus (la déclaration de Bologne, n.d.l.r.) a été déclenché par la globalisation de l’économie et de la science, la compétition accrue entre les universités à la suite d’offres de formations virtuelles, et une perception de la formation toujours plus fortement marquée par des considérations économique. L’introduction du Bachelor, diplôme délivré au terme de trois ans d’études, oriente l’échelon inférieur de la formation universitaire davantage vers les besoins du marché de l’emploi. » Ces exemples nous permettent de comprendre les 5 objectifs et les conséquences de la réforme. <\\bold>5 objectifs pour rencontrer les désirs des multinationales<\\b> Le premier objectif est de raccourcir les études pour la grande majorité des étudiants et les envoyer plus vite sur le marché du travail en introduisant une étape de sélection supplémentaire (entre le bachelor et le master). Ceci permet de hiérarchiser plus les formations et hiérarchiser encore plus la société et donc les salaires : on paiera moins quelqu’un qui n’aura fait ‘que’ son bachelor au lieu d’une licence actuelle ou un master futur. Pour limiter l’accès au master la solution la plus courante est le financement complet du master par l’étudiant, celui-ci s’élèverait alors à plus de 100.000 fr. (méthode américaine). Une solution complémentaire est de réserver le financement du master aux seuls étudiants titulaires d’un grade (distinction, grande distinction, etc.) comme c’est déjà le cas actuellement pour l’accès au troisième cycle. Le deuxième objectif est de pouvoir réguler les formations en fonction des besoins. On ouvrira un nombre de master limité dans chaque domaine et on pourra ainsi régler les étudiants en fonction de leurs résultats et des places disponibles (dans le même genre que ce qui se passe en médecine pour les spécialisations). Le troisième objectif est de fragmenter le cursus pour accélérer la privatisation de l\'enseignement. En effet, comme on l’a vu plus haut, les industriels veulent pouvoir ‘marchandiser’ des ‘paquets’ de cours. Plus le cursus est fragmenté, plus il devient possible de faire de tel paquet, spécialement pour les recyclages auxquelles le travailleur sera appelé à participer tout au long de sa vie. Le quatrième objectif est d\'organiser des formations qui répondent mieux aux besoins des industriels. La réforme de Bologne permet de réorganiser le contenu du premier cycle universitaire directement vers les besoins des industriels puisque le but est d’obtenir un diplôme relevant sur le marché du travail (cf. l’exemple de l’Estonie, recteur suisse). Finalement, le cinquième objectif est de faire des économies sur le dos de la masse des étudiants pour mieux financer l\'élite. Le système bachelor/master permet de rationaliser les moyens. En raccourcissant les études de la majorité des étudiants, on fait des économies d’échelle sur la masse. Ses économies permettent alors de mieux financer une élite et la recherche de pointe. <\\bold>Et pour les médecins ?<\\b> « Les médecins c’est tout à fait différent, ils ne sont pas concernés par Bologne. ». Bien au contraire ! Avec l’introduction du système bachelor/master, on ne fera plus de candidature en médecine à proprement parler. On fera un bachelor en « sciences médicales » ou en « biologie-médical ». Ce bachelor donnera accès au master de médecine pour les meilleurs ou les plus riches. Pour les autres, il y aura des master en pharmacie, en bio technologie, etc. Finalement pour la grande masse il restera le marché du travail. Avec le nouveau système, tu n’auras plus le droit de te plaindre que tes candi ne correspondent pas à tes licences . Avec le nouveau système on n’a plus besoin d’examen d’entrée puisque la sélection se fera à partir des master. <\\bold>Et pour les ingénieurs, les droits et les psycho ?<\\b> Et pour les étudiants qui ont des études en cinq ans déjà qu’est-ce qui va changer ? Tout. Ils subiront les mêmes réformes que ceux qui font leurs études normalement en 4 ans. Le but de la réforme sera aussi de raccourcir le cursus pour la grande majorité. A Gand, la faculté de psychologie, contre l’avis des étudiants, a déposé un projet auprès du rectorat pour raccourcir le cursus de 5 à 4 ans.