Bashar el Assad n'était pas destiné à porter le lourd héritage laissé par son père. Conformément au népotisme inhérent à toute dictature, Hafez al Assad [précédent président syrien et père de Bashar] avait formé le frère cadet Bassel à l'exercice d'un pouvoir autoritaire. De plus, Bassel était aussi habile que son père pour faire croire à l'Occident que son régime "stable" était ce que souhaitait le peuple syrien, en tout cas le meilleur pour lui. Et la Syrie était devenue, depuis 1971, le fief personnel de la dynastie des Assad, après une génération de turbulences et de coups d'état. Mais Bassel est mort dans un accident de voiture et Bashar, l'obscur médecin ophtalmologiste, a été rappelé de Londres en 1994, comme dauphin. Mais était-ce la véritable vocation de cet éternel étudiant 'bcbg', féru d'informatique et d'Internet? À son retour, il entame une carrière militaire pour se familiariser avec les rouages du principal outil du régime et pour être à même d’éliminer tous ceux qui risquaient de s'opposer à son futur pouvoir. À la mort de son père, en juin 2000, il se hérite des titres de ce dernier : "commandant en chef des forces armées" et "chef du parti Baath", second instrument du pouvoir des Assad. Devant l'image moderne et éclairée qu'il donnait de lui à l'étranger, l'Occident considérait son avènement comme étant de bon augure (bashar signifie 'augure'), il en attendait une certaine libération du peuple et le retour à un semblant de démocratie. Pour amuser la galerie, Bashar el Assad commence par introduire l'Internet dans son pays, mais, comme dans toutes les dictatures, l'accès à la navigation est accordé aux compte-gouttes, "à ceux qui le méritent". En mai 2001, Bachar Assad accueille le pape à Damas en se lançant, devant lui, dans une violente diatribe contre les Juifs - qui ont "trahi Jésus et essayé de tuer le prophète Mahomet". Il essaiera ensuite de se disculper en précisant que ce sont des vérités historiques! En juin 2001, il choisit la France pour effectuer sa première visite d'État en Occident (Bashar est ancien élève d'un lycée franco-arabe). Il est accompagné de sa nouvelle femme, Asma. En 2002, il réactive les cellules terroristes d'Ahmed Jibril (FPLP-CG) qui développent des maquettes d'avion, équipées pour répandre des produits prohibés. Il autorise l'installation, par le Hezbollah, dans le sud Liban, de lanceurs équipés de missiles pouvant atteindre le centre d'Israël. Grand admirateur du chef de ces milices Shiites, Nasrallah, il adopte le verbe et le comportement de celui-ci à l’égard d'Israël - agressif et antisémite. Grisé par le pouvoir, il commence à jouer avec le feu. Mais il n'a ni le pragmatisme, ni la prudence, ni la rouerie de son père. Il faut rappeler ici que les Assad sont des Alaouites, une secte shiite particulière qui regroupant 10% des Syriens qui peuplaient notamment la côte et la région située entre Alep et Antioche, en Turquie. Cette minorité s'impose à la majorité sunnite et gouverne grâce aux rouages d'un parti Baath, laïc et national-socialiste, et grâce à l'armée, encadrée par des officiers alaouites. Cette dernière gouverne d'une main de fer, éliminant toute opposition par la force. En 1982, à Hama , elle n'a pas hésité à massacrer 15.000 "Frères Musulmans" devenus trop encombrants, ainsi que 1000 opposants, à Palmyre. La Syrie est réputée pour ses geôles, ses chambres de torture, ses milliers de prisonniers politiques; mais aussi pour ses 300.000 kurdes et ses quelques dizaines de Juifs, citoyens de seconde zone, déchus de leurs droits civiques Depuis 30 ans, ce pays vit dans un marasme socio-économique désolant, dépensant ses ressources pour acheter du pétrole de contrebande en provenance d'Irak (pipeline Mossoul-Tripoli) et de cocaïne, prélevée sur les plantations de la plaine de la Béqaa', pour acquérir et fabriquer des armes prohibées, et pour héberger et financer une douzaine d'organisations terroristes, et leur offrir des camps d'entraînement. En outre, depuis 1976, la Syrie occupe le Liban, devenu son satellite grâce à une armée d'occupation de 35.000 hommes. Ajoutons que la Syrie a hébergé des rescapés du régime nazi, dont le tortionnaire Aloïs Brunner. Et aujourd'hui, vingt-septième jour de la libération de l'Irak de Saddam Hussein - dont la dynastie est la jumelle baathiste de celle des Assad -, grâce aux aveux des deux spécialistes irakiens d'armes chimiques et biologiques, tombés entre les mains de la coalition américaine, grâce à des dossiers secrets découverts en Irak, et grâce à des groupes de commandos infiltrés en Syrie, on apprend: Que la Syrie est le partenaire de l'Irak dans le développement et la dissimulation des armes de destruction massive. Que, depuis l'an dernier, elle dissimule sur son territoire une partie de l'arsenal de Saddam Hussein. Que son territoire a servi de transit pour l'exportation de ces armes en Libye, au Soudan, et peut-être ailleurs. Qu’elle a testé des fusées porteuses d'armes chimiques sur son territoire. Et enfin que, depuis un mois, elle sert de havre, ou de zone de transit vers la Russie et la France aux dirigeants irakiens recherchés par la coalition américaine, et à leurs familles. Bashar al Assad est sous ultimatum américain depuis 48 heures. Il doit impérativement: démanteler tous les réseaux terroristes sur son territoire et celui du Liban, notamment le H'ezbolah ; rendre toutes les armes de destruction massive syriennes ou irakiennes présentes sur son territoire ; livrer aux forces de la coalition tous les Irakiens recherchés.