Ce que nous apprend l'affaire FAUST : il faut oeuvrer à l'unité de la gauche L'affaire "Faust" constitue certainement un très mauvais moment à passer pour les mouvements syndicaux et d'une manière plus générale pour l'ensemble de la gauche, si tant est qu'on puisse parler d'UNE gauche. Néanmoins, l'affaire en question aura le mérite de braquer les projecteurs sur une question de première importance : Il est facile aujourd'hui de porter le slogan "Un autre monde est possible" et de s'affirmer contre le pouvoir capitaliste des marchés tout puissants ; mais après observation, il s'avère évident que la concrétisation des idéaux lancés ces dernières années par l'altermondialisme est lente, trop lente. En effet, chaque semaine apporte des wagons de centaines de milliers de nouveaux chômeurs , d'exclus de la société. Face à cela, l'altermondialisme oppose une résistance éparse, divisée face à un patronat très soudé au pouvoir d'Etat capitaliste. Ce constat indéniable et apparement évident, demeure et demeurera à très longue échéance la pierre noire du mouvement actuel. Ce qu'on a pu voir au cours de l'affaire Faust est éloquent : la "gauche" belge est un puzzle de groupements, dont la (ré-)conciliation est probablement impossible. Comment, dans un pays où la population fait encore confiance au bulletin de vote, la "gauche" pense-t-elle pouvoir peser sur les décisions politiques ? Comment les groupements de gauche pensent-ils pouvoir s'unir face à l'unité libérale ? A mon sens, deux mouvements ont éclairé le ciel sombre de la Belgique; à savoir les 13 de Clabecq avec leur capacité d'organisation d'une part, et d'autre part, la coordination D14, qui a su trouver la méthode pour regrouper les mouvements de gauche dans leur diversité mais surtout dans l'unité. S'il fallait retenir quelque chose du mouvement social de ces dix dernières années, ce serait bien ces deux mouvements dont chacun pourrait faire office de manifeste social. Ce n'est cependant pas la voie qui semble se dessiner clairement, et c'est inquiétant. Je vais citer deux exemple. Primo, dans l'affaire Faust, il apparaît clairement, que trop d'acteurs du mouvement progressiste sont accrochés à des "traditions", qui les empêche d'avancer. Les manoeuvres financières de Albert Faust sont là, il est inutile de les nier, ou de villipender ceux qui refusent de nier en bloc ce qui est une évidence. Que Albert Faust soit un pilier d'un parti politique moribond est un secret de polichinel. Mais ce n'est pas le débat. Le débat se situe dans l'optique future d'un redressement syndical, d'un renouveau syndical. Un petit nombre d'entre ceux qui ont marché avec D'Orazio (à cause de son bon score électoral ??) se sont mis, au cours de ces derniers jours à défendre les anciennes pratiques de détournement de fond, considérant peut-être que le SETCA-BHV est leur chasse gardée... Je crois que tout le monde sait de qui il est question. Le bon sens ne permet pas de lier Faust au renouveau syndical... Philosophiquement, c'est incompatible. Cela dit, Albert Faust a eu une pratique solidaire des plus démunis, et c'est à mettre à sa décharge. Mais chacun doit comprendre que les anciennes pratiques douteuses ne peuvent pas être admises, rien que parce que Madame De Vits s'en sert pour tenir en lesse bon nombre de bons militants syndicaux... A une époque où l'argent est roi, on ne s'en étonne pas. Ainsi, je pense que la polémique gauche-gauche qui semble avoir lieu est un faux débat qui ne profite qu'à la droite. C'est inquiétant, et le premier mouvement à en faire les rais est le Renouveau syndical. Secundo, j'ai lu qu'on projettait de lancer le Forum Social en Belgique. C'est une bonne et une très mauvaise chose. Le FSB n'est pas un organe de décision, mais comme son nom l'indique, un forum de discussion... Pourquoi un FSB dans un pays où existe déjà un CNCD ?, où existe déjà D14 ? Ma crainte est de voir le FSB (un organe qui ne décide pas concrètement) éclipser totalement D14 (un organe qui agit dans l'unité de sa diversité). Les deux organes ne sont pas contradictoires, loin de là mais un observateur tant soi peu averti, voit poindre les querelles de chapelles à l'horizon. On est en droit de se poser la question de savoir pourquoi il y a tant de volonté , tant d'acharnement à vouloir copier ce qui se fait ailleurs... Personne ne contredit les mérites du FS de Porto-Allegre, mais à mon sens, ce qui fonctionne au Brésil ne peut pas forcément fonctionner chez nous. En plus, j'estime que les activistes belges devraient se poser la question de savoir à quoi rime le FS de Porto-Allegre... Nous devrions nous poser la question de savoir ce qu'entendent les gens par "démocratie participative".... Ce qu'il manque à un pays comme le Brésil, ce sont des deniers, des dollars... Et le Form de Porta-Allegre proclame la "démocratie participative"... sans un rond en poche ! A l'heure de la mondialisation, où les travailleurs exigent que les patrons poursuivent l'investissement industriel, le FS de Porto-Allegre donne une non-réponse : il passe à côté de la question. Là est l'objet de ma crainte. Elle est par ailleurs d'autant plus forte que chacun peut témoigner le vif intérêt porté par les dirigeants les plus libéraux pour le FS de P-A, ainsi que celui de la presse d'Etat. Je pense que la gauche belge doit avant tout trouver ses marques à elles, expertiser son terrain d'action au lieu de passer son temps à copier des modèles pas forcément réussis. Enfin, je terminerai en soulignant un fait : la gauche belge peut peser en Belgique, mais elle doit prouver sa capacité en perçant dans l'opinion publique et la tâche électorale ne peut lui être épargnée en aucun cas. Ma crainte est qu'après de très grands efforts, la gauche (la vraie évidemment) soit à nouveau absente, ou alors ressorte divisée et émiettée. Pour être sincère, je dirais que seuls D14 et le MRS (je parle d'initiatives fédérées) ont eu une attitude de combat face à la mondialisation du capitalisme uni. Je dirais que , et c'est malheureux de le dire, seul une formation politique affronte le capitalisme en Belgique de front et sans concessions, c'est le Parti du Travail de Belgique (P.T.B.). J'en tiens pour preuve que leur site est le seul (parmi les formations politiques, je ne traite pas d'Indymedia ou d'autres initiatives communes) à donner des informations inédites recueillies dans des endroits comme les entreprises et les quartiers en lutte. Si toutes les formations de gauche rivalisaient dans ce sens (au lieu d'accuser le voisin de s'être accouplé avec le diable, comme l'a récemment fait une organisation), on serait alors en droit de se rassurer. Mais l'unité de la gauche sera essentielle, si elle a l'ambition de battre l'unité capitaliste. On en est malheureusement très loin et l'affaire Faust le prouve encore une fois. Michel Namsnjik