...elles ont enfin mis la recherche scientifique en position d\'avoir à se justifier, discréditant ainsi l\'association automatique de toute innovation scientifique ou technique à un progrès humain. Ces succès limités ont été obtenus par peu de gens, avec peu de moyens. Toutes les ressources du conditionnement médiatique ont été mobilisées pour les minimiser : silence pur et simple, ou focalisation sur les \"opposants\" les plus disposés à en limiter la portée en n\'y voyant qu\'une occasion d\'éprouver de nouveaux dispositifs de \"traçabilité\" et de contrôle social. L\'échec de la journée \"anti-OGM\" du 17 avril, malgré les soutiens logistiques dont elle a disposé, avère que cette opposition chimérique a cessé de faire illusion. Il est temps de reprendre l\'offensive sur des bases désormais dépourvues d\'ambiguité. La question des OGM et du génie génétique dévoile directement la part centrale du développement scientifique et technologique dans les ressorts de cette organisation sociale. Avoir détruit le milieu terrestre et l\'existence humaine en les soumettant à la rationalité économique n\'était pas suffisant. L\'ambition est maintenant de rationaliser, coloniser, artificialiser la vie biologique elle-même. Devant la succession ininterrompue des catastrophes écologiques, sanitaires et alimentaires inhérentes à l\'industrialisation généralisée ou devant les innovations nécrotechnologiques, une inquiétude diffuse gagne les populations. C\'est elle qui se voit qualifiée d\'irrationnelle, de psychose. Techniciens et experts, décideurs scientifiques, sociaux ou politiques et représentants auto-proclamés de la \"société civile\" rassurent en choeur : ils ont ce qu\'il faut dans leur caisse à outils. Il faut seulement attendre que leurs délires et ce qu\'ils y soumettent soient rendus transparents, soient encadrés par le Droit, plutôt que soumis à la main du marché. La planète et ses hommes seraient indéfiniment réparables. Il suffirait que la production de pièces de rechange et quelques modifications génétiques facilitent leur adaptation à la durabilité économique. La reprise d\'interventions directes contre les intérêts, les installations et les expérimentations de tous les développeurs de chimères végétales, animales ou humaines s\'impose. Sa perspective explicite est la reconquête de la souveraineté sur notre existence. Nous ne serons rassurés qu\'en mettant un terme aux causes de notre inquiétude. La première de ces causes est un constat : la nature fondamentale de la société industrielle et marchande, c\'est son incapacité à interrompre ou même à freiner son auto-développement. Il ne faut pas rêver de l\'aider à y songer. Il faut nous employer à l\'interrompre là où nous le pouvons. L\'observation du rapport de force sur le front des OGM végétaux en Europe indique qu\'il est raisonnable de penser qu\'une recrudescence d\'actions directes de sabotage, quelle que soit l\'ampleur de chaque action prise isolément, permettrait, à condition d\'être bien exploitée, d\'obtenir au moins la mise hors la loi, de fait, des OGM en milieu ouvert en Europe. Une telle réussite ne serait certainement que provisoire et ne mettrait pas un terme aux recherches de laboratoire. Elle ne serait certainement pas moins hautement significative si elle était obtenue, contribuant notamment à briser le sentiment de fatalité et l\'impuissance devant une marche du monde sur laquelle on n\'aurait plus prise. Et si nous n\'y parvenions pas, le seul fait d\'avoir tenté de le faire ébranlerait la résignation, renouerait les liens de solidarité dans la lutte, saurait susciter de nouveaux enthousiasmes. Mais nous pensons sérieusement que ce but est accessible, malgré les dégâts causés par la neutralisation citoyenne de la première offensive. Cela va sans dire mais mieux encore en le disant : le même rapport de force qui rend possible le succès nous expose évidemment à une répression sans phrase. Le plus grand discernement, la plus grande prudence, la plus grande vivacité s\'imposent. le 10 mai 2001