VIÊT-NAM Les dissidents sont toujours en butte à la répression Index AI : ASA 41/013/02 COMMUNIQUÉ DE PRESSE Amnesty International a appris avec consternation que Nguyen Khac Toan avait été condamné aujourd1hui à douze ans d'emprisonnement, à l'issue d'un procès qui a duré moins d'un jour. Nguyen Khac Toan, quarante-sept ans, est un ancien soldat qui vivait à Hanoï. Il a enseigné les mathématiques pendant une courte période, puis, ces dernières années, il est devenu homme d'affaires. À partir de l'an 2000, il s'est intéressé aux questions relatives aux droits humains. " Ceux qui dénoncent Nguyen Khac Toan comme un "espion" répriment la liberté d'expression en utilisant une loi sur la sécurité nationale à la formulation vague mais, de plus, ils érigent en crime des activités qui sont considérées comme parfaitement légales en vertu du droit international et dans la plupart des pays du monde", a affirmé Amnesty International. " Nguyen Khac Toan purge actuellement une longue peine de prison uniquement pour avoir exercé de façon pacifique ses droits fondamentaux à la liberté d'expression et d'association ", a précisé l'organisation de défense des droits humains. Nguyen Khac Toan aurait transmis à des groupes militants de Vietnamiens d'outre-mer des informations relatives à des manifestations organisées récemment à Hanoï par des paysans qui protestaient contre la confiscation de leurs terres par les autorités. Il aurait également aidé les représentants du mouvement paysan, pendant qu'ils se trouvaient à Hanoï, à rédiger des pétitions adressées au gouvernement. La mère de Nguyen Khac Toan, Tranh Thi Quyet, n'a eu qu'une seule fois la permission de voir son fils depuis son arrestation, le 8 janvier 2002, à Hanoï. Avant de rendre visite à son fils incarcéré, Tran Thi Quyet a signé des pétitions publiques, en compagnie d'autres dissidents et de membres de leurs familles, pour exhorter le gouvernement vietnamien à respecter les normes internationales en matière de droits humains. Nguyen Khac Toan n1a pas été autorisé à assister aux funérailles de son père, en septembre 2002, malgré les demandes pressantes de ses proches. L1avocat de Nguyen Khac Toan n'a eu que des occasions très limitées de s'entretenir en tête à tête avec son client avant le procès. Selon des informations reçues par Amnesty International, la mère de Nguyen Khac Toan n'aurait pas pu assister au procès en raison de son état de santé, alors qu'elle avait reçu la permission d'y être présente. Le frère de l'accusé aurait sollicité l'autorisation d'assister au procès, mais sa requête aurait été rejetée. Depuis le début de l'année, les autorités vietnamiennes ont procédé à plusieurs arrestations au cours d1une vague de répression des opinions dissidentes. Le Chi Quang, trente et un ans, diplômé en droit, a été condamné le mois dernier à quatre ans d'emprisonnement après avoir diffusé par courrier électronique des articles exprimant des positions critiques à l'égard du gouvernement vietnamien. Le docteur Pham Hong Son, le journaliste Nguyen Vu Binh et le professeur de chimie Vu Ngoc Binh sont actuellement derrière les barreaux, pour avoir prôné une politique pacifique de réformes et avoir critiqué les orientations gouvernementales, y compris en utilisant Internet. D'autres dissidents, parmi lesquels le journaliste Bui Minh Quoc et l1érudit Tran Khue, ont été placés en résidence surveillée en vertu d'une ordonnance d'internement administratif, pendant que d'autres encore sont constamment surveillés et harcelés par les autorités. Complément d'information De nouvelles réglementations limitant l'accès à Internet et son utilisation ont renforcé les inquiétudes inspirées à Amnesty International par le climat de répression qui règne actuellement au Viêt-Nam. Dans un examen récent de l'application par le Viêt-Nam du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, auquel ce pays est un État partie, le Comité des droits de l'homme des Nations unies a critiqué avec vigueur, entre autres, les restrictions imposées à la liberté d1expression ; il a demandé que le Viêt-Nam mette sa législation nationale en conformité avec le droit international et les normes internationales en matière de droits humains. Des préoccupations ont également été évoquées en ce qui concerne l'indépendance du pouvoir judiciaire, qui est exposé à des pressions politiques, et le recours à l'internement administratif, qui "permet d'assigner des personnes à résidence pendant une période pouvant aller jusqu'à deux ans sans qu'un juge ou un fonctionnaire judiciaire intervienne".