- Parlons un peu du statut de la femme. Jahjah: - Il est défini par la Constitution: les femmes sont des citoyennes, comme les hommes. Mais le rôle de la femme au sein de la famille ne peut pas être déterminé par l’Etat. Je ne crois pas en un Etat qui prescrit aux femmes de faire carrière. Je ne crois pas au féminisme. Nous constatons qu’il y a des différences entre l’homme et la femme. Pas l’inégalité, mais des différences. - Donc, la société belge doit aider les hommes allochtones à trouver du travail, et pas les femmes. J: - Toute personne qui veut travailler, doit pouvoir trouver du travail. Mais personne ne peut obliger une femme mariée à travailler. - Mais son mari ne peut quand même pas le lui interdire. J: - Si, précisément. Chaque personne peut choisir ce qu’il fait de sa vie. Mais en tant que mouvement politique démocratique, on peut défendre un modèle de société où les valeurs familiales sont importantes. Notre mouvement défend une vision conservatrice de la famille. Nous trouvons que les enfants doivent être élevés par leur père et leur mère, et pas par une crêche. En tant que mouvement politique, on peut le dire et le défendre, même en Belgique. Il n’y a pas un modèle unique, imposable à tous, de la manière dont l’homme et la femme doivent vivre en couple. - Mais si une femme ne peut avoir aucun contact avec d’autres hommes, elle est opprimée. J: - C’est une affaire privée. Et une femme qui n’est pas d’accord avec cela, n’a qu’à divorcer. Mais si l’homme et la femme sont d’accord sur un modèle conservateur, ils peuvent vivre selon ce modèle. - Mais ce modèle est-il vraiment accepté par les deux parties? J: - Absolument! Il y a des gens qui ne veullent pas accepter cette idée, parce qu’elle les dérange... Je suppose que bien des hommes belges aussi sont jaloux, mais enfin soit. Ce qui n’empêche pas que si des abus existent, il y a lieu de lutter contre eux. - C’est quand même étrange. La plupart des femmes occidentales travaillent. De deux choses l’une: ou bien c’est parce qu’elles y sont obligées, ou bien c’est parce qu’on interdit aux musulmanes d’en faire autant. J: - Vous vous représentez les choses de manière trop tranchée. Il y a aussi beaucoup de musulmanes qui travaillent, et dans la deuxième génération, il y en a même plus que d’hommes de la même communauté. Elles trouvent du travail plus facilement, parce qu’elles sont nettement épargnées par les mécanismes d’exclusion. (1) - Le problème n’est-il pas que vous voulez arrêter le temps? Car de plus en plus de femmes musulmanes se sont émancipées. J: - Non. Etre conservateur signifie penser que, si quelque chose a fait ses preuves, on n’a pas à le changer. Je crois en la famille; je trouve que la famille est le bon modèle pour mener à bien l’éducation des enfants et construire une société saine. Une société qui considère ce modèle comme totalement dépassé joue avec le feu. Quelle est l’alternative? L’individualisme sur tous les plans? A long terme, la société occidentale s’avance vers de sérieux problèmes.(2) - Mais vous voulez entraver l’émancipation des musulmanes. J: - Non: si elles veulent travailler, elles le peuvent. Mais bien des femmes qui travaillent actuellement, préféreraient être mariées et faire carrière dans la maternité. - Vous seriez bien d’accord avec Alexandra Colen: la place des femmes est au foyer. J: - Ce n’est pas parce que le Vlaams Blok est un parti raciste et fasciste, qu’il a tort sur tous les plans. Si la femme est un homme, l’homme est une femme comme les autres. Notes de la traductrice (tant pis, je les mets quand même!) (1) C’est bien la preuve que les occidentaux ne sont pas racistes, puisque ces hommes et ces femmes sont de la même race, ni même xénophobes, puisqu’ils sont de la même origine. Question: quel est le rôle la communauté musulmane a voulu faire jouer au foulard si ostensible, qui choqua pas mal d’occidentaux et davantage d'occidentales et fut à la limite d’être interdit à l’école? Laisser les femmes musulmanes s’intégrer, mais pas trop? Et puisque l’Occident s’habitue au petit foulard, en se disant pourquoi pas après tout: c’est plutôt joli, on en ferait même la mode... alors du coup, ne convient-il pas d’aller plus loin, parce que le but est de choquer et de séparer, et non d’intégrer? Ne convient-il donc pas d’y ajouter un voile sur la bouche, comme on a vu sur Indymedia le 14 novembre que des femmes manifestaient pour pouvoir le porter? Dans tout cela, ne cherche-t-on pas quand même un petit peu à tirer les femmes en arrière? (2) Meuhnon, meuhnon, la société occidentale ne va pas dégénérer à cause de l’égalité des sexes et de "l'individualisme", c'est-à-dire plus précisément de l'épanouissement du sexe féminin! Les enfants en couveuse, et puis en crèche, c’est un très bon plan! D’ailleurs, avec la mode du bio et du retour à la nature, on fera même des enfants élevés au sol! En plus, les hommes époux de femmes pilotes de ligne pourront être porteurs d’enfants s’ils ne veulent vraiment pas de la formule couveuse-crèche, pourtant si pratique, mais un peu froide, il est vrai, durant les longues nuits où leur épouse s’envoie en l’air. De quoi est-ce qu’on se plaint dans la société occidentale? (Je rigole hein, pour ceux qui n'auraient pas compris...) Allons, soyons sérieuses et sérieux. Il fut un temps dans la société occidentale où on se moquait des filles qui voulaient devenir avocates, médecins, capitaines, pilotes, députées, ministres, universitaires. C’était au siècle dernier et jusque dans les années 1960. La société occidentale a tourné la page. Elle s’est habituée à ce que les femmes veuillent devenir quelqu’un, et elle s’habitue à les aider à devenir quelqu’un. Retour en arrière? Jamais plus! S’il y a quelque chose de la société occidentale qui sera emporté sur l’île déserte après que l’humanité dégénérée ait sombré, c’est précisément l’égalité des sexes, c’est-à-dire: ne pas inventer des différences là où il n’y en a pas. La femme a la même puissance de cerveau que l’homme et les mêmes réflexes; elle a le même plaisir à aller aux limites de ses capacités, des capacités de son corps, et à être brave. De plus, si elle le peut et si elle le fait, l’homme fait plus que la désirer puis la posséder jalousement comme son bien le plus précieux. Surpris par elle, l’homme commence à aimer. L’homme n’est plus jaloux, car l’amour d’un être libre n’est pas quelque chose de faux, de feint, dont on doute sans cesse, comme on doute à juste titre de l’amour de quelqu’un qu’on a emprisonné et qu’on a obligé à nous aimer. L’amour d’un être libre est quelque chose en quoi on a confiance parce qu’on sent que c’est vrai. Je le dis: il y a une seule chose que, pour le bien de l’humanité et peut-être pour son salut, je souhaite que tous les continents apprennent: les rapports modernes entre les sexes. Et si ce modèle occidental moderne n’est pas des plus prolifiques, regardez où en est l’humanité: à six milliards. N’est-il pas temps de freiner, de faire dans la qualité de la vie plutôt que dans la quantité et de cesser d’envahir toujours plus notre pauvre terre comme si on était des parasites aveugles? Doit-on vraiment proliférer pour essayer de dépasser en nombre les communautés culturelles rivales, et se faire la guerre entre cultures jusqu’à ce qu’on fasse crever notre support commun à tous? Il y a une grande mère qui en a marre qu’on la viole et qui voudrait prendre la pilule: c’est notre Terre. En réalité, l’égalité, la mixité et la liberté des femmes, que je défends ici, ne sont pas du tout des caractéristiques traditionnelles de la société occidentale. C'est donc, au fond, un tort que d'en faire l'orgueil de l'occident. C'est l'orgueil de la société moderne, occidentale mais aussi communiste. Jusqu’en 1965 environ, date où on a introduit dans les codes civils français et belge l’égalité des conjoints au sein de la famille, la société occidentale était patriarcale, comme le modèle défendu par Abou Jahjah. La femme mariée ne pouvait travailler qu’avec l’autorisation de son mari, et elle devait lui obéir comme au chef de la famille. Les trois religions monothéïstes ont toujours défendu le modèle d’enfermement de la femme au foyer sous l’autorité du chef de famille, à moins que, pour les pauvres, le travail de la femme ne soit nécessaire, mais alors, il se faisait toujours sous l’autorité du chef de famille, qui la délégait à un employeur. L’égalité et la liberté des femmes dans une société mixte est un modèle nouveau, mais peut-être aussi très ancien, et un modèle qui doit mettre fin à la société patriarcale. Ni le Vlaams Blok ni la Ligue Arabe Européenne n’ont le monopole de la défense du patriarcat: ils se partagent harmonieusement la compétence. Je me demande seulement ce que fout le PTB dans cette galère, étant donné que l’idéal du rapport entre les sexes que Marx exprimait avec énergie dans le Manifeste communiste, est le même que celui que je défends ici.