Alors c'est ça ton alternative, David? Se faire sauter dans une pizzéria, un bus ou un marché en semant la mort au hasard autour de soi? Laisse-moi tout d'abord te dire, David, que ton article n'en est pas à une contradiction près. Tu suggères dans un premier temps que le FPLP serait différent du Hamas car il ne frapperait pas arbitrairement les civils en Israël... sauf pour riposter aux attaques de l'armée israélienne contre la population de Gaza et de Cisjordanie! Le Hamas n'invoque-t-il pas la même "raison" pour "justifier" les attentats-suicides en Israël? Tu dis que "les attaques suicides ne font pas partie de la stratégie des communistes dans le monde, ni de celle du FPLP", mais c'est pour ajouter aussitôt que, vu les circonstances, elles sont admissibles! Quand je lis les propos de Souha Béchara, une image me vient aussitôt à l'esprit: celle du Christ lors de la dernière Cène ("Prenez et mangez, ceci est mon corps livré pour vous,..."). "Nous sommes déjà morts": est-ce là le discours d'une résistante qui lutte ou celui d'une pleurnicharde qui se lamente sur son sort? Je comprends autant que toi les raisons qui poussent des Palestiniens à se transformer en bombes humaines. Mais l'empathie, David, ne peut tenir lieu de politique. Ton empathie est d'ailleurs sélective car elle fait peu de cas du désarroi de la population israélienne endeuillée, meurtrie et terrorisée par les attentats. Mais sans doute penses-tu comme R.B que la population israélienne est "aveugle". Tu écris que "le gouvernement israélien ne <> pas aux attentats suicides mais suit une stratégie réfléchie à long terme, d'occupation et de terreur militaire". C'est vrai, mais ce n'est qu'une partie de la vérité. Ne comprends-tu pas, David, que ce sont justement les attentats-suicides qui permettent à Sharon d'agir à sa guise? Les attentats dissuadent beaucoup de travailleurs Israéliens de lutter contre la politique d'austérité de Sharon qu'ils voient comme un mal nécessaire pour financer la "guerre contre le terrorisme". Ils dissuadent également beaucoup de soldats de rejoindre le mouvement des "refuzniks", ces soldats qui refusent de servir dans les territoires occupés. La plupart des soldats israéliens sont persuadés qu'ils mènent une juste guerre contre le terrorisme et le fait qu'ils déjouent régulièrement des attentats lors de leurs incursions dans les villes palestiniennes les renforcent dans cette conviction. T'es-tu déjà imaginé, David, la menace que représenterait pour Sharon un élargissement du mouvement des refuzniks au sein de l'armée? Sharon et sa clique l'ont bien compris, eux, à tel point qu'ils ont perpétré un massacre à Gaza au moment même où Arafat négociait avec le Hamas un accord pour mettre fin aux attentats en Israël... La poursuite des attentats permettra à Sharon de continuer à faire payer sa sale guerre aux travailleurs et aux allocataires sociaux israéliens: les coupes sombres dans les budgets sociaux, les hausses d'impôts vont appauvrir encore davantage une population qui compte déjà un million et demi de pauvres et qui subit un chômage de masse. Car les Israéliens ne sont pas un bloc, David. Pas plus que les Palestiniens d'ailleurs. Ton article fait totalement l'impasse sur les divisions de classe que la guerre ne fait pas disparaître. N'est-ce pas surprenant de la part de quelqu'un qui se dit "communiste"? Les travailleurs israéliens ne retirent aucun avantage de l'oppression des Palestiniens; les travailleurs palestiniens n'ont rien gagné de l'installation de l'Autorité palestinienne corrompue et dictatoriale. "La source qui aggrave toujours plus le conflit contre le peuple palestinien", pour reprendre tes propres termes, n'est pas principalement tel ou tel gouvernement réactionnaire, mais bien l'absence d'une alternative socialiste parmi les travailleurs israéliens et palestiniens. Un parti ouvrier de masse qui unisse les travailleurs israéliens et palestiniens et qui lie la lutte pour la coexistence de deux états - l'un à majorité juive, l'autre à majorité arabe - à la lutte contre le capitalisme qui condamne les deux peuples à la misère. Ce n'est que dans le cadre d'un système qui met l'économie au service des besoins humains qu'on pourra trouver une solution satisfaisante au problème des frontières, des réfugiés palestiniens, des colons juifs,... Libre à toi, David, de balayer tout cela d'un revers de la main, de n'y voir qu'une utopie naïve, voire dangereuse. Ce que je vois, c'est que ton refus d'adopter une position de classe dans ce conflit te conduit à laisser le champ libre aux forces les plus réactionnaires (islamistes et nationalistes arabes d'un côté, sionistes de l'autre). Dans ce sens, ton texte est l'un des plus défaitistes et des plus capitulards qu'il m'ait été donné de lire sur cette question. En définitive, toi aussi tu soutiens le peuple palestinien comme la corde soutient le pendu.