"Tout est fait pour choquer les prisonniers de Guantanamo" Les Américains l'avouent désormais sans ambages : "Tout est fait pour choquer, désorienter et rendre dociles ces prisonniers." D'où le traitement qui leur est réservé lors de leur transfert et au moment de leur arrivée sur la base située à Cuba. Libertes-immuables.net revient sur les propos des militaires américains et sur ces conditions de traitement très critiquées. Le long isolement sensoriel, les entraves, la découverte brutale d'un nouvel environnement carcéral : tout est fait, de l'aveu même des Américains, "pour impressionner et désorienter les captifs", taliban afghans ou membres du réseau Al-Qaida qui arrivent sur la base de Guantanamo. Ce traitement doit aussi permettre, selon les militaires, "de choquer et de rendre plus dociles" ces dangereux ennemis. Une forme de torture psychologique ? Des déclarations qui ne manqueront pas d'apporter de l'eau au moulin des défenseurs des droits de l'homme, des partisans du respect le plus scrupuleux des Conventions de Genève. Ces derniers réclament en effet que "le statut de prisonniers de guerre et la protection de ces conventions soient reconnus et appliqués à tous les détenus et que cesse la forme de torture psychologique dont ils sont victimes". Cette dernière accusation repose sur les observations des journalistes qui ont été autorisés à assister à l'arrivée des prisonniers et sur la description des conditions de transfert faite par les officiels américains eux-mêmes. Ne rien voir, rien entendre, rien dire A Kandahar, en Afghanistan, juste avant leur départ, les taliban et membres supposés d'Al-Qaida ont le crâne et la barbe rasés. Ils enfilent ensuite une combinaison orange et embarquent pieds et poings liés dans l'avion. Ils sont attachés à leur siège et sont mis en condition "d'isolement sensoriel total". Ils portent des lunettes totalement opaques, des casques sur les oreilles et un masque chirurgical afin de ne pas pouvoir mordre leurs geôliers ou transmettre des maladies. Ainsi "équipés", ils ne voient et n'entendent quasiment rien et ne peuvent s'exprimer correctement. Le vol dure vingt-cinq heures dans le froid de l'avion-cargo militaire. Choc thermique A leur arrivée, déphasés par l'isolement sensoriel, la fatigue, le "jet-lag" (décalage horaire important) et le choc thermique, ils titubent. Dans la chaleur tropicale, ils doivent être soutenus ou portés par des soldats sous les ordres "aboyés" par les officiers. Lors du dernier transfert de prisonniers, il y a quelques jours, six des vingt-huit détenus sont sortis sur des brancards. Selon les observateurs présents, l'un était amputé des deux jambes, trois autres ont été blessés au combat, l'un était atteint de paludisme (le troisième prisonnier du camp à en être atteint) et le dernier présentait les symptômes de la tuberculose. Après un rapide "tri", ils sont enfermés dans des cages grillagées de petite taille. "Qu'ils ne voient pas la mer ou le McDonald" "Comme les précédents, ce groupe était calme et les hommes paraissaient choqués et désorientés", a commenté le major Steve Cox, porte-parole de l'unité chargé de la surveillance du camp X-Ray de Guantanamo où sont incarcérés les arrivants, au nombre de deux cent vingt aujourd'hui. L'officier affirme que l'isolement sensoriel "n'a pas pour but de déshumaniser ces personnes, mais d'établir notre autorité avant le vol, pendant et après, et garantir la sécurité des personnels américains". Autre hypothèse : empêcher les prisonniers de se repérer et d'échafauder de très improbables plans d'évasion. "Avant de gagner le camp, ils n'auront pas vu la mer, pas repéré le McDonald de la base", déclare encore l'officier. Les organisations de défense des droits de l'homme, dont Human Rights Watch ou Amnesty International, demandent toujours que tous ces hommes soient placés sous la protection des Conventions de Genève et aient enfin le statut de prisonniers de guerre. libertes-immuables.net avec AFP. Lire aussi l'un de nos précédents articles sur le sujet ainsi qu'une revue de presse sur le sujet : "La presse anglo-saxonne dénonce le traitement infligé aux prisonniers de Guantanamo" / l'article Lire aussi le point de vue de l'organisation Human Rights Watch : "Les Conventions de Genève s'appliquent aux détenus de Guantanamo" / l'article