Salam aleykoum frères et sœurs, chers amis et camarades. J’ai préparé mon discours sur papier. Normalement, je ne le fais pas, mais on m’a demandé aujourd’hui de structurer un peu. Un de mes frères qui se trouve parmi nous aujourd’hui m’a demandé hier dans la soirée de structurer un peu. Mais vu que tout ce que j’ai écrit a déjà été dit, je peux improviser un peu. Peter a dit que nous allions obtenir un siège au Parlement. Nous disons : « Insha Allah ». Nous faisons tout pour ça et nous espérons effectivement que nous l’obtiendrons. C’est bien parti, c’est clair. Les sondages nous donnent 2 %. En fait, ils donnent 2 % à l’AEL (la Ligue arabe européenne) et 2% au PvdA (PTB). La question est : « Est-ce que ce sont les mêmes 2 % ou est-ce qu’il faut les additionner ? » Ils n’ont pas demandé combien de personnes soutiennent Koen Calliauw, mais je sais qu’il y a aussi beaucoup de gens derrière Koen Calliauw et Raf Verbeke. La campagne n’a pas encore commencé et les choses ne se présentent pas mal. D’un autre côté, Resist! ne va pas disparaître aujourd’hui, demain ni après-demain. Resist! est quelque chose que nous envisageons à long terme. Il y a aussi 2006. Et en 2006, il nous suffira de 8 000 voix pour entrer au Conseil communal. Vous savez que les gens frémissent et tremblent parce qu’ils savent que, en 2006, Resist! sera au Conseil communal. [applaudissements] Je veux aussi dire quelque chose à propos de la résistance. Je pense en effet que ce qui nous réunit aujourd’hui est un sentiment de résistance. La résistance n’est pas le sentiment négatif de quelqu’un en colère contre le monde ou qui n’est pas bien dans sa peau, d’une personne frustrée. Non. La résistance, ce n’est pas ça. De tels sentiments ne poussent pas les gens à résister, ils incitent à baisser les bras. La résistance, c’est autre chose. Je veux raconter une histoire sur la résistance que j’ai apprise quand j’étais enfant. J’avais 11 ans lorsque Israël a envahi mon pays, le Liban. Israël a occupé mon pays en 1982. À cette époque, il était presque irrationnel de résister. On voyait les avions, on voyait les chars, on voyait les masses de soldats. C’était totalement absurde, totalement insensé de résister. J’habitais dans une petite banlieue de Sidon, dans le Sud du Liban. Des résistants se réunissaient chez nous, parce que mon père était actif dans le milieu de la résistance. Israël était partout, et ils étaient là avec leurs Kalachnikovs, quelques grenades, quelques lance-roquettes et rien d’autre. Ils n’avaient pas d’avions, pas de chars ; ils n’avaient rien. La plupart des gens ont dit : « Nous allons nous replier, nous allons essayer d’atteindre Beyrouth. » Et c’est ce que la plupart ont fait. Quelques-uns ont dit : « Non, nous n’allons nulle part. Nous restons ici. » Un de ceux qui étaient présents - je me souviens de son nom, Tahzin. Je n’oublierai jamais cet homme. - a dit : « Non, je ne vais nulle part. J’ai ma jeep, j’ai ma doshka. » Une doshka est une vieille mitrailleuse russe qui ne peut pas percer un char. « J’ai ma doshka. Je vais me garer sur le côté de la route et viendra qui viendra. » Et c’est ce que Tahzin a fait. Il a garé sa jeep avec sa doshka pas loin de notre maison et un autre frère a fait la même chose, de la même manière. Un jour, nous avons entendu des chars et des hélicoptères. Nous sommes sortis et nous avons vu partout l’armée israélienne. Partout, des hélicoptères qui portaient des chars. C’était impressionnant. On était là. On regardait. Parfois, des soldats israéliens saluaient de la main et on saluait en retour. On ne comprenait pas ce qui se passait. On n’était pas content, on ne se sentait pas libéré, mais on était des enfants et on voyait des soldats qui nous faisaient signe. On était intimidé, on ne savait pas : est-ce qu’ils vont nous abattre ? Que vont-ils faire de nous ? Notre petite ville va-t-elle être occupée elle aussi ? Sur le chemin de l’école, nous passions le long de l’autoroute et, là, nous avons vu une jeep avec un corps couvert et calciné. Je ne sais pas si c’était Tahzin, mais je suis presque sûr que c’était lui. Une autre jeep était garée là aussi. L’armée israélienne a laissé les corps sur place. Ils empestaient. Ils les ont laissés là des semaines et des semaines, pour faire un exemple. Ils voulaient donner une leçon aux Libanais : « Résister est le mauvais choix, parce que nous sommes plus forts, nous sommes plus puissants. » Frères et sœurs, chers amis, ces hommes sont effectivement devenus un exemple. Pas un exemple pour faire peur aux gens. Ils sont devenus des modèles de volonté de résistance, de détermination à résister. Au Liban, la résistance est sortie du néant, de la population, de la base dans la rue. Des gens se sont armés de couteaux pour s’opposer aux soldats armés et leur prendre leur fusil. Et, avec ce fusil, ils ont tué un autre soldat et lui ont pris son fusil. Ces gens sont un exemple, mais pas l’exemple que voulait l’occupant, pas l’exemple que voulait Israël, mais un exemple de liberté et de lutte. C’était en 1982. Bien entendu, on peut se demander, comme beaucoup de gens et comme le soldat israélien dans le char qui a ouvert le feu sur Tahzin : « Mais qu’est-ce qui pousse ce type à agir comme il le fait ? Avec sa doshka sur sa jeep, c’est totalement absurde ! Qu’est-ce qui le motive ? Pourquoi reste-t-il là ? » Je suis convaincu que le soldat israélien qui l’a tué se l’est demandé. Mais c’est la même histoire qu’en Irak, à Oum Qasr, une petite ville de 3 000 habitants. Cette ville aurait dû tomber dès le premier jour de la guerre de Bush. Qu’est-ce qui aiguillonne les gens là-bas ? Qu’est-ce qui a poussé ces gens à résister à l’occupation, à l’agresseur ? La même réalité que celle qui les motive à Beyrouth et en Irak nous motive à être ici aujourd’hui, à travailler pour Resist!. Résister. Résister est une manière de vivre, a way of life. C’est s’élever contre l’injustice. L’injustice n’est pas une question éthique. Ce n’est pas : « Je ne bouge pas mais je trouve que ce n’est pas bien qu’il y ait de l’injustice dans le monde. » L’injustice, il faut la combattre. En tant que musulman, je le sais parce que ma foi me le dit ; un communiste le sait de par son idéologie. Toute personne juste le sait d’instinct. Il faut combattre l’injustice. Donc, ce que nous disons, chers amis, frères et sœurs, c’est que toute personne doit être un Resist!-ant. (applaudissements) Aujourd’hui, dans « De Morgen », il y a des gens qui critiquent Resist!. Je ne veux pas en faire une histoire, chacun a le droit d’exprimer son avis. Chacun a le droit de faire connaître sa position. Mais ce que je demande à ces personnes : « Tu dis que tu ne vas pas voter Resist!, mais pour qui vas-tu voter ? » Je voudrais que Jaap Kruithof et Ludo Abicht me répondent. Agalev ? Des gens qui ont vendu la population 1 fois, 2 fois, 3 fois ? Koen Calliauw ne peut pas ruer dans les brancards, il a de la moralité. Mais je ne suis pas Agalev, donc je peux ruer dans les brancards. Pour qui vont-ils voter ? Agalev ? Ou Sp.a? Pour des gens qui font partie du gouvernement qui facilite les transports d’armes alors que nous savons que la Belgique n’y est pas obligée ? Ils avaient d’abord essayé de nous faire avaler : « Nous ne pouvons rien y changer. Nous y sommes obligés, nous avons un engagement. » Depuis, il est apparu que le gouvernement avait bien le choix. Cet engagement n’a absolument rien à voir avec la participation à une guerre, et certainement pas en dehors du cadre de l’Onu ou de l’Otan. Le gouvernement a menti. Le Sp.a a menti, Agalev a menti et, évidemment, le VLD aussi, mais le VLD ment tout le temps. (applaudissements) Pour qui allons-nous voter ? Pour l’opposition ? Pour le Cd&V ? Le Cd&V a régné sur la Belgique pendant une éternité. Le Cd&V est-il la nouvelle alternative soutenue par des marxistes comme Jaap Kruithof ? Qui reste-t-il ? Le Vlaams Blok peut-être ? Le Vlaams Blok est-il devenu le choix des marxistes ? À mon avis, ce n’est pas possible. Je regarde autour de moi. Pour qui ces gens vont-ils voter ? J’aimerais vraiment le savoir. Je pense qu’il aurait été intéressant qu’ils ajoutent, après « ne votez pas pour Resist! », « votez pour ... ». Ça aurait été plus honnête. Ils auraient annoncé la couleur. Mais ils n’ont pas annoncé la couleur. Ils ont dénigré la seule alternative populaire honnête en Flandres. C’est ce qu’ils ont fait. Mais... leurs attaques ne sont que des paroles dans un quotidien. De Morgen s’efforce depuis longtemps de briser Resist!, mais n’y parvient pas. Ça donnera donc le même résultat qu’avec Lamine, Detiège ou Van Bijlen. (applaudissements) Je me suis tu pendant tout le congrès, mais je vais maintenant abuser du fait que je suis ici pour parler un peu plus longtemps. Pas trop longtemps, mais un peu plus longtemps quand même. (rires) Si on se demande : « Où Resist! est-il apparu ? », il faut se demander : « Qu’est-ce que la résistance ? » La résistance a besoin de symboles. Résister, c’est ce que les gens font face à l’injustice. Résister, pour moi, c’est l’AEL, tout simplement. C’est une organisation qui s’élève et qui dit : « Nous sommes indépendants. Nous ne voulons pas de subventions, nous ne voulons pas de vos mandataires, nous ne voulons pas de votre politique d’intégration (qui est une politique d’assimilation) et nous ne voulons pas de votre stigmatisation. Nous nous élevons pour défendre nos droits et nous le faisons correctement. » Si nous manifestons parce que nous défendons nos droits et que quelques baffes se perdent, ce n’est pas la fin de la guerre. C’est ça, lutter. Quand les dockers manifestent, il y a des baffes qui se perdent. J’ai vu une manifestation de dockers et ils ont distribué de sérieuses baffes aux flics. Vraiment sérieuses. Bon, je vais vous dire une chose. Imaginez, au lieu de dockers qui sont quand même considérés d’un oeil positif par la majorité, parce que « eux aussi défendent leurs droits », imaginez qu’à la place, ce soient des jeunes Marocains qui cognent sur les flics dans leur lutte pour des droits égaux. (brouhaha général) Qu’est-ce qu’ils seraient ? Des hooligans !!! La Flandre est à ce point raciste et cette société est à ce point infectée. Les gens qui se trouvent ici ont la responsabilité de commencer la désinfection avec Resist!. La désinfection doit avoir lieu. (applaudissements) Je voudrais également ajouter que Resist! est effectivement apparu pendant que nous travaillions ensemble contre la guerre. Nous n’avons pas eu d’emblée le réflexe d’aller discuter avec le PvdA ou avec qui que ce soit. Nous avions des préjugés. Comme le PvdA avait probablement des préjugés à notre égard. Koen Calliauw est le seul qui n’avait pas de préjugés et j’ai beaucoup de respect pour cela. Car, dès le début, il a clairement montré qu’il avait de la sympathie pour nous. Mais nous avions des préjugés. Je me souviens du moment où la première idée de collaboration a été lancée. Nous avions sans le vouloir organisé deux activités, une de l’AEL et une du PvdA, dans les mêmes locaux. Nous avions organisé une activité pour la Palestine et le PvdA avait organisé quelque chose sur Che Guevara. Chacun son truc, donc. Soudain, j’ai vu Riet Dhondt. Dommage qu’elle ne soit pas là aujourd’hui, elle est certainement en train de manifester à Bruxelles. Elle est comme ça, c’est une personne d’action. Elle est venue vers moi. Je la connaissais depuis toujours comme quelqu’un de pénible. Pas au sens où elle serait ennuyeuse - c’est quelqu’un de très sympathique -, mais parce que Riet venait toujours à nos manifestations de l’AEL avec ses tracts du PvdA. Nous pensions : « C’est NOTRE manifestation. Il ne faut pas qu’elle soit récupérée. » (rires) C’est comme ça que j’ai connu Riet Dhondt. Et donc, Riet vient vers moi et me dit : « Dyab, que pensez-vous de la plate-forme contre la guerre. C’est quand même grave, comment ils présentent les choses ? » Et j’ai dit : « Oui, c’est grave que les gens ne réalisent pas que les problèmes viennent de l’Amérique, que les problèmes viennent de Bush, et qu’ils pensent que le problème vient de Saddam. Saddam n’est rien par rapport à Bush. C’est de l’Amérique qu’il s’agit. C’est très grave. » Nous avons parlé un peu et notre analyse de la guerre était identique. Alors, je lui ai dit : « Qu’est-ce que vous faites dans ce domaine ? » et elle a répondu : « Il faut que nous formions un front. » « Bon, alors nous y participons. » Pourquoi ? Parce que nous ne sommes pas sectaires. Parce que nous ne pensons pas : « Ouille ouille ouille, c’est le PvdA. » Et parce que le PvdA n’a pas pensé : « Ouille ouille ouille, c’est l’AEL. » Nous avons ces positions en commun, donc nous faisons ça ensemble contre la guerre. Nous nous sommes dit : « Voyons large. Laissons d’autres personnes se joindre à nous. » Nos frères ici savent qu’une manifestation de StopUSA est une manifestation où on peut soutenir la résistance. Ce n’est pas comme aux autres manifestations où, dès qu’on prononce les mots « Hamas » ou « Hezbollah » ou « PLFP » ou « Djihad » ou les noms d’autres mouvements de résistance, le gens jettent immédiatement des regards scandalisés. Ils disent « NON à la résistance ». Nous sommes avec les Palestiniens, mais contre leur résistance. Dans les manifestations de StopUSA, nos jeunes crient « Hamas, Djihad, Hezbollah » et personne n’est scandalisé. (applaudissements) Les préjugés ont disparu à mesure que nous travaillions ensemble et nous avons pu parler. Je ne crois pas que des élections peuvent entraîner des révolutions. Personnellement, je n’y crois pas. Mais l’oppresseur utilise les élections pour avoir une légitimation contre nous. Quand je débats avec un oppresseur d’Agalev ou de n’importe quel autre parti, il me dit - Dewinter me l’a dit aussi : « Je suis élu ! Combien de personnes ont voté pour toi ? » Il faut infirmer cet argument de légitimation que l’oppresseur utilise par les élections et il n’est possible de l’infirmer que par des élections. Nous savons que nous n’aurons peut-être pas autant de voix que l’oppresseur, pas encore, mais quoi qu’il en soit, nous pourrons dire : « Autant de personnes ont voté pour nous. » C’est pourquoi nous devons faire en sorte, indépendamment du siège - j’espère que nous l’obtiendrons, mais indépendamment de ce siège -, de faire passer le message que ces voix signifient quelque chose. Si on veut lancer un signal contre l’oppression, si on veut résister, il faut résister tous les jours, le 18 mai aussi. On ne peut pas dire : « Je suis pour la résistance. », puis se réveiller le 18 mai et, ce jour-là, ne pas être pour la résistance et dire : « Je vais voter Agalev. » (rires) Les élections sont une action et rien de plus. Nous allons mener cette action ensemble, à partir de maintenant et jusqu’au 18 mai. Les autres actions ne doivent pas non plus s’arrêter, il faut continuer à les mener. La résistance a besoin de ta voix. La guerre n’est pas encore terminée, nous l’avons dit il y a quelques jours dans un communiqué de presse de l’AEL. La guerre n’a pas commencé en Irak pour se terminer en Irak. La guerre a commencé en 1948 en Palestine et elle passe maintenant en Irak. C’est un train de guerres. Pour le moment, il passe en Irak. Il va passer en Syrie, en Iran, au Liban. Il passe partout. C’est un cycle. Cette guerre va aussi passer en Corée du Nord, en Chine, à Cuba. Elle va passer partout. Mais si nous arrêtons ce train en Irak et si nous l’arrêtons en Palestine, et si nous l’arrêtons ici-même, peut-être que ce train s’arrêtera. Il faut arrêter ce train. Comment l’arrêter ? Il faut se battre sur tous les fronts : dans les manifestations, dans les établissements d’enseignement, sur les lieux de travail, en construisant une société multiculturelle, en cassant les préjugés, en mobilisant toute la société dans la résistance. C’est ce que Resist! veut dire. Resist! ne veut pas seulement dire aller aux élections, Resist! veut être plus que ça. La résistance a besoin de vos voix. Je l’ai déjà dit, mais c’est évident et c’est ce que je crois, autrement je ne le dirais pas. La résistance a besoin de vos voix et, dans la Belgique, dans la Flandre d’aujourd’hui, Resist! est la voix de la résistance. Si vous ne votez pas pour la voix de la résistance, vous ne pouvez pas considérer que votre voix est une voix de résistance. Je sais que ce ne sera pas un problème de convaincre les gens qui sont ici, mais vous savez aussi que dehors, comme l’a dit Ahmed, dehors, il y a du pain sur la planche et il est temps de nous y mettre. Resist!-ants, au combat !!!