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den-Mailing-List.News de contre info culturelle.
Edition du 11/06/2000 N°14
Et à l\'aurore, armés d\'une ardente patience, nous entrerons aux splendides villes.
Arthur Rimbaud, une saison en enfer.
Edito.
@den se porte comme un charme. Voilà plus de trois mois que chaque dimanche, ce mail tombe dans votre boite électronique et depuis son lancement, vous êtes quatre fois plus nombreux à le recevoir ! Chose promise ! Avant juin, un forum de discussion et un site d\'@den avec en prime toutes les archives seront accessibles sur le net. Ensuite, @den partira à l\'assaut des ondes radios puisque ce lundi 19 juin, j\'aurai le plaisir de causer sur Radio Panik à 18h. ( 105.4 FM uniquement à Bruxelles.) Ceux qui s\'aventurent dans la lecture d\'@den auront remarqué la présence régulière depuis deux semaines d\'une nouvelle rubrique: \" Bête et méchant\". C\'est un clin d\'œil à un célèbre journal que je ne citerai pas mais surtout le besoin presque pathologique de casser du sucre sur quelques personnalités. Ce n\'est qu\'après tout qu\'un juste retour de flamme: les concepts de star système, de personnification à outrance de la vie sociale, d\'individualisme triomphant peuvent bien en prendre plein la gueule de temps en temps. Enfin à force de décortiquer la presse et l\'actualité pour vous livrer des news culturelles, il m\'arrive parfois d\'avoir une dispersion un peu plus politique, veuillez ne pas m\'en excuser. Cependant, ces dérapages seront désormais rangés bien poliment dans la nouvelle rubrique: \"C\'est pas d\'la culture.\" Allez, bonne lecture !
Les brèves.
Omar dans un panier de crabes.
Omar Khayam, le poète persan qui vivait au 11ème siècle est remis à l\'ordre du jour en Iran. Alors qu\'il était soumis à la censure du pouvoir islamiste, les livres du disciple d\'Aviscene sont à nouveau autorisés dans le pays. En 1979, Khayam avait été interdit parce qu\'il représentait \" l\'amour, le vin et le blasphème.\" Bref, la révolution islamique prend un peu un goût de bouchon. On pourra relire les très beaux poèmes épicuriens de Khayam: les Robaiyat et se rappeler qu\'il fut le héros du très beau roman d\'Amin Maalouf, Samarcande. Par ce petit clin d\'œil au poète qui célèbre le vin, @den passe au gros rouge !
Doisneau.
Pourquoi essayer de faire de Doisneau un photographe culcul tirant exclusivement le portrait de couples qui s\'embrassent et de gavroches dans des quartiers de Paris qui de toute façon n\'existent plus. Parce qu\'un Doisneau peut en cacher un autre ! Un subversif par exemple ! Le photographe a commencé sa carrière comme photographe industriel pour les usines…Renault ( A Bilancourt.) Il fut viré pour retard abusif mais Doisneau ne retira jamais de son viseur le monde du travail. A l\'occasion de certains reportages, Doisneau était introduit secrètement par des militants de la CGT pour photographier les conditions de travail des mineurs, des métallos,…Cette aspect militant et social de Doisneau, on peut le découvrir dans une petite galerie parisienne qui expose une cinquantaine de photographies de l\'artiste.(1) L\'expo commence sur une image forte: un photomontage qui montre des mains mutilées sur fond d\'usines métallurgiques. Des mains qui montrent mieux que tout la violence du système. A voir ! (1) Galerie Fait et Cause, 58 rue Quincampoix, Paris 4ème.
La grosse bagnole ou la justice ?
Un peu d\'air frais souffle sur le hip hop avec la sortie du nouvel album de Dead Prez. Le groupe de rap américain s\'attaque à la dérive commerciale du gansta. Ces derniers mois, on assistait en effet à des associations forcées entre grands noms du rap et ceci à des fins uniquement commerciales: Ice Cube, Snoop et Dr Dre se regroupent au sein de \' Niggers with attitude\' qu\'on déterre comme une vieille hache de guerre émoussée. Dead Prez dénonce l\'évolution textuelle de ce rap là: \" Doit-on se battre pour une Lexus ou pour la justice ?\"(1) et replace le rap sur le terrain de la radicalité. L\'album appelle à la rébellion: \"Nous sommes fatigués de travailler en hors-la-loi / de remplir les prisons / de mourir pour de l\'argent / et de nous en remettre à la religion. \" Texte issu de l\'album \"Let\'s get free\" qui prouve que Dead Prez fait rimer rap avec militantisme.
(1)Lexus: voiture de prestige.
Marisa Monte
La chanson de variété n\'enclenche pas forcement des dynamiques abrutissantes. Des preuves ? La chanteuse brésilienne Marisa Monte qui vient de pondre une nouvelle album de qualité. Une bonne excuse pour souligner que son album précédent était dédicacé à Carlos Zéfiro, dessinateur anonyme qui, dans les années noires de la dictature militaire au Brésil, inondait les grandes villes brésiliennes de dessins politiques et érotiques. Ces livres vendus sous le manteau connaissaient un grand succès jusqu\'au jour où la police militaire détruisit son imprimerie clandestine. Le côté sympa de Marisa Monte est de nous chanter des chansons simples, de nous parler d\'amour et par la même occasion de nous faire découvrir un mec comme Zéfiro.
Arrête ton cirque !
Saviez-vous que 10 % des spectacles qui se jouent en France sont le fait de troupes itinérantes. ( Cirque, théâtre,…) En effet, chaque année, 5500 chapiteaux circulent sur les routes de l\'hexagone. Le CITI ( Centre International pour le Théâtre itinérant.) explique ce que cela apporte au public: \" Le chapiteau te met directement dans un rapport émotionnel avec le public. Tu te places sur un mode de communication beaucoup plus proche, beaucoup plus humain. (…) La motivation première est la volonté d\'aller à la rencontre du public, en priorité un public oublié des réseaux de diffusion culturelle, pour des raisons géographiques, économiques ou sociales. Le chapiteau, la baraque, le camion-théâtre sont moins intimidants pour ceux qui n\'ont pas l\'habitude de fréquenter les théâtres.\"
Source LM du 29/05/2000
Bête et méchant.
Délinquant de la route.
L\'autre matin en allant au boulot, j\'ai vu un crash de voiture et cela m\'a franchement fait réfléchir. Le genre de carnage qui te fait lever le pied pour un bout de temps. Alors je ne peux m\'empêcher de penser à Taxi 2 où l\'on fait l\'apologie de la vitesse, du non-respect des règles élémentaires de la route. Taxi 2, comme le signale Charlie, c\'est l\'histoire d\'un délinquant de la route monté en héros. La cerise sur le gâteau ? Luc Besson qui déclare : \"Moi, je suis un vrai anar, mais seulement sur la route.\" Le con ! On aurait aimé qu\'il soit anar partout sauf là ! Le jour où dans son siège de tétraplégique d\'accidenté de la route il sucera de la purée pour le restant de ses jours, on lui expliquera et peut-être qui comprendra.
Source: Charlie Hebdo, 24 mai 2000
Dard Dard !
Frédéric Dard avait écrit par le passé: \" La mort des autres n\'a pas tellement d\'importance.\" Osera-t-on penser la même chose aujourd\'hui pour le père de San Antonio ?
Piano mal barré.
Le maître de piano Ciccolini a des angoisses: \" Les sons sont en nombre limité et les combinaisons ne sont pas infinies. Un jour, il n\'y aura plus de musique du tout. Rien n\'est éternel, c\'est peut-être douloureux à admettre, mais c\'est ainsi.\" Pessimiste le virtuose ! On n\'est plutôt persuadé du contraire. Tant qu\'il y aura des hommes, y aura de la zic. Le génie créatif de l\'homme est sans limite.
Source: Libération du 26/05/2000
C\'est pas d\'la culture.
France:
14.000 délégués syndicaux virés des PME depuis un an. Heureusement que la gauche est au pouvoir ! J\'croyais que PS cela voulait dire Protection Syndicale ? Source: Le Canard Enchaîné, 31/05/2000Louis Michel:
Le ministre belge des affaires étrangères a sorti quelques perles dans une récente interview: \"Ce n\'est pas à moi qu\'il faut dire qu\'il faut respecter les droits de l\'homme mais il y a des limites à tout cela.\" La seule question: où tu la mets la limite ? ( Le Soir, 07/06/2000)Le courrier des lecteurs.
Encore la Zinneke.
C\'est vraiment pas nécessaire de traiter les gens \"d\'intello élitiste \"quand
on critique l\'organisation de la Zinneke. Si cette parade à amuser, plu, et a
été le lieu d\'échanges culturels : tant mieux. Moi ce que je critiquais, c\'est
l\'organisation de Bruxelles 2000 en général! Tous les jours je côtoie des gens
qui travaillent dans le milieu culturel. Tous les jours, je voie ces gens lutter
pour que la culture soit accessible à tous, simplement, au quotidien. Bruxelles
2000 ne va rien apporter à la culture dans cette ville. Je me demande si la
Zinneke va avoir un impact à long terme? Je suis tout à fait prête à en discuter
et à être convaincue. De plus, Gilles n\'a pas communiquer une info complète sur
la Zinneke, il n\'a pas dit que des maisons de jeunes, des écoles et des foyers
culturels ont participé à cette parade. J\'ai été ravie de l\'apprendre. Mon coup
de colère vient peut-être de là !
Elisabeth Courtens,
peut-être pas très intello et certainement pas
élitiste!!!
Encouragements.
Je ne te connais pas vraiment mais j\'adore tes résumés des différentes
activités se tenant, pour la plupart, à Bruxelles. Là tu vas avoir du boulot
pour la fête du SCHAERBEEK BEACH FESTIVAL, le festival COULEUR CAFE, le festival
à ZEEBRUGE ect.....
Bon courage et au plaisir de te lire. A bientôt
PEYRAGA Jacques
Encouragement bis.
Bravo, L\'info est de bonne qualité et pas mal recoupée. De plus l\'analyse est enfin une analyse alternative. Jean.
Les archives.
Cette semaine dans les archives, un petit texte de l\'écrivain japonais Haruki Murakani qui nous parle de la fascination qu\'il a pour l\'œuvre de l\'auteur américain Raymond Carver.
\"Quand je lis la poésie de Ray, il y a des moments où je me sens de m\'y essayer aussi. Bien que je n\'aie jamais écrit de poèmes, quand j\'ai lu les siens, j\'ai eu immédiatement le sentiment que je pouvais aussi en écrire. Je pense que c\'est merveilleux. Bien sûr, il est invraisemblable que j\'écrive des poèmes comme ceux de Ray. Il y a tellement d\'histoires et de poèmes dans ce monde (la plupart vraiment inintéressants) qui semblent dire: \"Qu\'est-ce que vous en pensez, hein? Je parie que vous ne pouvez pas faire mieux!\" C\'est pour ça que j\'estime tant le travail de Ray, en poésie comme en fiction. C\'est presque comme si je l\'entendais se tourner vers moi et me dire: \"Si tu essaies, tu pourras en faire autant.\"\"
A Dimanche prochain !
Gilles Martin.