L'épouse du journaliste français disparu en Irak remue ciel et terre pour retrouver son mari PARIS (AP) - Fabienne Nerac, l'épouse du journaliste français d'ITN disparu en Irak, remue ciel et terre pour savoir ce qu'est devenu son mari. Après avoir directement interpellé jeudi à Bruxelles le chef de la diplomatie américaine, Colin Powell, elle a rencontré vendredi Jacques Chirac. "J'ai senti qu'il lui tenait à coeur de m'aider, de pousser les autorités américaines et britanniques à nous donner des informations, ainsi que d'informer les autorités irakiennes afin qu'elles soient attentives", a déclaré Fabienne Nerac lors d'une conférence de presse, à l'issue de cet entretien avec le président. On est sans nouvelles de Frédéric Nerac, 43 ans, depuis sa disparition le 22 mars dans les environs de Bassorah alors que son équipe se trouvait dans un convoi de véhicules irakiens pris pour cible par les forces de la coalition. Le journaliste vedette d'ITN, Terry Lloyd, a été tué lors de cette attaque, tandis que le traducteur libanais de l'équipe, Hussein Otman, est également porté disparu. Un cameraman de la chaîne, Daniel Demoustier, qui faisait partie de leur équipe, avait réussi à prendre la fuite. "Toutes les hypothèses sont possibles" en ce qui concerne le sort des deux hommes, a estimé Mme Nerac. "A l'heure actuelle, je ne sais rien, je ne sais pas si (mon mari) est vivant ou s'il est mort et, croyez-moi, c'est la situation la plus difficile à vivre. L'attente, c'est quelque chose d'horrible", a-t-elle poursuivi. Fabienne Nerac a expliqué avoir raconté au président français que la chaîne ITN "avait maintenant les preuves", grâce à l'envoi d'une équipe spécialisée sur place, "que c'étaient des balles américaines qui ont tiré sur les véhicules". "Nous avons également la preuve que les autorités britanniques et américaines sont passées sur les lieux peu de temps après l'incident, alors que l'une des voitures fumait encore, qu'ils se sont arrêtés sur ces lieux, qu'ils ont autorisé un photographe qui était embarqué avec eux à faire une photo du véhicule de mon mari, et qu'ils sont remontés dans leurs chars et ont continué leur route", a-t-elle poursuivi. Selon elle, il est "clair" que les autorités américaines et britanniques "savent quelque chose et qu'elles ont certainement quelque chose à nous dire, au moins sur ce qu'il y avait sur les lieux à ce moment-là, afin, pour nous, de poursuivre la piste: est-ce qu'il était là, ou est-ce qu'il n'était plus là?", demande Mme Nerac. D'après le témoignage fourni par Daniel Demoustier, des ambulances irakiennes se trouvaient sur les lieux pour récupérer les blessés et les morts. Le cameraman français aurait pu se trouver dans l'une d'elles. "La Croix-Rouge a posé des questions dans deux des principaux hôpitaux (de Bassorah), notamment dans celui où on a amené le corps de Terry Lloyd", a raconté Fabienne Nerac. "Ils ont montré des photos de mon mari et de l'interprète qui l'accompagnait et le personnel a affirmé que ces personnes ne se trouvaient pas dans l'hôpital. Mais on n'a pas la certitude à 100% que cette réponse est vraie". Elle a également expliqué que Jacques Chirac avait demandé, par l'intermédiaire du chef de la diplomatie française Dominique de Villepin "que les informations du gouvernement américain nous parviennent. M. de Villepin a fait cette demande hier (jeudi) quand il a eu son entretien privé avec M. Powell". Et si le Français a été emprisonné par les autorités irakiennes, le chef de l'Etat lui a affirmé qu'il "n'y aurait pas de problème pour le sortir de là", a-t-elle répété. La veille, Fabienne Nerac avait interpellé le chef de la diplomatie américaine lors d'une conférence de presse à Bruxelles afin d'obtenir des informations sur la disparition de son mari. Colin Powell lui a en retour promis de faire tout son possible "pour découvrir ce qui s'est passé". Un diplomate de l'ambassade américaine à Bruxelles a reçu pour mission d'être son "contact direct". AP, vendredi 4 avril 2003, 18h21