Lundi 18 mars - 09h00

Palais de justice

- Collectif contre les expulsions -

Lundi 18 mars : 7 gendarmes, dont 3 officiers, comparaissent devant la chambre du conseil de Bruxelles pour le meurtre de Semira Adamu (le 22 septembre 1998, elle fut étouffée, à l’aide d’un coussin, lors de son expulsion). Ils sont prévenus officiellement d’homicide involontaire. Le parquet a déjà blanchi les ministres. Le juge aura la tâche d’absoudre les officiers et à travers eux l’ensemble de la gendarmerie, là où nous attendons le procès de la politique d’expulsion.

Mardi 19 mars : 18 personnes comparaissent devant la chambre du conseil pour leur participation aux actions du Collectif contre les expulsions. Ils sont prévenus de 22 chefs d’accusation (entrave méchante à la circulation, rébellion, coups et blessures, manifestation en zone neutre, incendie volontaire, aide à évasion …).

Silence on juge …

L'Etat belge a réussi à isoler la responsabilité de l'assassinat de Semira Adamu sur une petite équipe d'exécutants. Il cherche à présent à nous vendre l'histoire d'une regrettable bavure, d'un accident,... Tout cela appartiendrait à un passé lointain et révolu. Il ne resterait plus, dès lors, qu'à juger quelques gendarmes et d'affreux "terroristes" pour que l'ordre du silence règne à nouveau ...

Rappelons quelques évidences :

- la mort ou/et le meurtre de sans papiers est l’une des options acceptées de la politique d'immigration européenne et belge. Le dysfonctionnement perçu est le fonctionnement normal de ce système.

- Cette politique d'expulsion et de ségrégation est toujours en vigueur aujourd'hui.

- Le pouvoir judiciaire est l’un des piliers de l’Etat. Il participe donc à la politique d’expulsions massives (par le biais entre autres de la chambre du conseil qui permet le prolongement de la détention des sans papiers en centres fermés) ; et à la répression des mouvements sociaux (cf Collectif Sans Ticket, les 13 de Clabecq, Pascal Marchand, ...).

- La Police Unique est à la fois juge et partie : le 18 mars, elle comparait ; le lendemain, 18 activistes comparaissent à leur tour sur base de dossiers produits par cette même Police Unique.

- Le Pouvoir ne se suicide pas, cherche toujours ailleurs qu'en lui-même les causes du problème.

Ces deux jours seront l'occasion d'une forte mobilisation de la gendarmerie. Officiellement pour maintenir l’ordre. Et le silence ?

Les enjeux de ce procès sont éminemment politiques. Ce n’est d’ailleurs pas un cas isolé. Quand le Pouvoir juge le Pouvoir, un silence de mort doit régner ...

- VACARME -

La Justice a plus à craindre du silence et de l'indifférence que du vacarme et de l'agitation. Le silence qu'on veut nous imposer gomme nos paroles et notre histoire. Semira ne s'est pas tue, elle parle encore avec d'autres bouches dans d'autres langues...

Son meurtre s’inscrit dans une histoire multiple et complexe : celle d’une jeune fille en résistance contre un système ; celle de milliers de sans papiers qui luttent contre le régime sécuritaire européen ; celle de toutes celles et tous ceux qui cherchent pour tous et pour soi une vie plus juste, plus digne, plus libre.

Nous invitons chacun à venir faire du bruit dans le Palais du silence.

Pour affirmer :

- Il est toujours juste de se révolter contre une politique injuste et meurtrière.

- Nous ne voulons pas seulement le procès de quelques exécutants. Nous voulons que TOUS les responsables soient jugés.

- Celles et ceux qui participent aux actions anti-expulsions, tous ceux qui résistent participent de cette autre histoire qui n'appartient pas au silence. Ils n’ont pas de comptes à rendre au pouvoir judiciaire.

Lundi 18 mars 2002, à 9h, au Palais de justice. Pour rompre le silence, emmenez avec vous tout ce qui fait du bruit (tambours et trompettes, sifflets, casseroles, castagnettes, chants, planche à pain, déclamations …). Nous produirons ensemble le chahut dans lequel circule d'autres paroles.

Website : http://www.collectifs.net/ccle - mail : ccle@altern.org