Dimanche 16 février, arrivé à Bagdad, Christophe nous décrit sa journée… Vers 8h, nous mangeons dans un restoroute irakien, les gens sont très accueillants. Le contact est très chaleureux. Je n’ai pas encore vu de démonstration armée relative à une guerre imminente. La première, et presque la seule, se passe à 200 Km de Bagdad. 3 Jeep passent nerveusement avec 4 soldats sur chacune d’entre elles. Je leur fais le signe du poing fermé pour leur montrer ma solidarité et leur apporter un rien de combativité. Un grand merci gestuel en retour. Je suis content. A 40 Km de Bagdad, nous voyons un champ avec quelques mitraillettes qui datent de l’époque du film "Rambo". A part faire l’un ou l’autre trou dans la carcasse d’un avion volant à basse altitude, ces armes sont dans l’impossibilité de contenir un assaut de centaines d’avions américains. 14h: arrivée à Bagdad: Préjugé qui tombe: je pensais voir des centaines de soldats s’entraînant dans les rues afin de préparer la défense armée du pays. Je pensais qu’ils seraient sûrement en train d’entraîner et de mobiliser la population. RIEN. La capitale est active comme les capitales européennes et une grande sérénité y règne. Un irakien me racontera ceci:"Nous sommes un peuple en paix, nous ne voulons pas de cette guerre, n’avons aucune intention belliqueuse, nous continuons simplement à vivre". Aux USA, des masques à gaz sont distribués à la population afin de lui faire peur. Qui envoie des bombes avec de l’uranium appauvri? Les irakiens auraient bien besoin de ces masques. Je suis en colère!! La population est super accueillante, lorsque nous parlons avec elle, beaucoup de gens ne parlant pas l’Anglais savent juste dire ceci:" YOU ARE WELCOME !!" C’est leur manière de nous remercier pour notre présence consciente ici. Saddam est effectivement partout ici, tout comme Bashar à Damas, cependant nous remarquons l’unité du peuple irakien derrière son Président. Il faut faire un choix. En 1988, Saddam et son gouvernement décident et appliquent leur décision: les revenus du pétrole sur le sol irakien reviendront aux Irakiens et plus aux entreprises américaines. Les sociétés pétrolières sont nationalisées. A partir de ce moment, l’Irak, jusque là pays ami des USA (grâce aux pétrodollars) devient leur ennemi. L’Arabie Saoudite, le Koweït, le Qatar…continuent à vendre leur pétrole aux bénéfices des USA en échange de super richesses pour quelques nantis de religieux ou familles royales. Rien que pour cette raison, le soutien de la population à Saddam Hussein est immense! Elle lui en est reconnaissante. Et quand un peuple admire les faits et gestes, positions politiques de son dirigeant, il le lui fait savoir. Nous ne pouvons pas en dire autant de notre gouvernement arc-en-ciel qui promet, promet, promet… et finalement ne réalise qu’au profit des entreprises. (ex : privatisation des services publics) Arrivés devant l’hôtel, nous formons une grande chaîne humaine afin d’amener nos bagages, nos 20.000 crayons, nos centaines de dessins de solidarité d’enfants belges, nos ballons et nos dizaines de kilos de médicaments. Les irakiens sont surpris par notre efficacité. Nous prenons juste le temps de déposer nos affaires dans les chambres, de manger un repas copieux, et nous voilà reparti. Nos hôtes nous amènent au bord d’un lac dont la construction des berges a été terminée il y a quatre mois : Préjugé qui tombe: la condition de la femme. Au bord de ce lac se promènent des dizaines de personnes, couples, familles avec enfants,… Les femmes se baladent le visage découvert avec leur mari (je me disais encore: les femmes sont certainement toutes voilées. Combien de fois ai-je entendu dire ceci en Belgique: "Si nous, occidentaux, allions avec nos femmes là-bas, elles seraient obligées de porter le voile ! !") Nous nous posons une question: « Pourquoi avoir construit cet ouvrage d’art alors que vous êtes menacés par la guerre? » Même réponse des irakiens: « Nous ne voulons pas la guerre, nous sommes en paix et nous continuons à vivre naturellement, comme si de rien n’était. Les USA vont détruire notre patrimoine. Nous nous promenons et nous laissons bercer par la douceur de la soirée. Nous parlons avec des familles, jouons et prenons des enfants en photos… nous sommes arrivés! Christophe.