6 août 2000: 10ème anniversaire de l\'embargo contre l\'Irak
Il y a 10 ans, le Conseil de sécurité de l\'ONU votait l\'embargo contre l\'Irak, à l\'instigation du gouvernement des Etats-Unis d\'Amérique et des multinationales du pétrole. Seuls Cuba et le Yemen ont voté contre l\'embargo criminel à ce Conseil. L\'écrasante majorité des directions des partis sociaux-démocrates et écologistes ont applaudi à l\'embargo comme ils avaient applaudi un an auparavant à la Chute du Mur de Berlin, rejoignant sur cette question les partis fascistes. Les pays de l\'OTAN se sont mis du côté du gouvernement yankee. L\'immense majorité des peuples du Tiers Monde se sont mis du côté de l\'Irak. D\'un côté la barbarie, de l\'autre les peuples qui aspirent et luttent pour la libération.
Dix ans dans la nouvelle guerre de cent ans: les peuples vaincront
En février 91, en pleine Guerre du Golfe, des artistes et des intellectuels réunis à Ouagadougou, Burkina Faso à l’occasion du Festival du Film FESPACO, ont rédigé la déclaration \" La nouvelle guerre de cent ans: les peuples vaincront l’impérialisme \". Parmi les premiers signataires se trouvaient Med Hondo, Ludo Martens, François Houtart, Jaap Kruithof.
Presque dix ans plus tard, cette déclaration demeure actuelle, son orientation ayant été validée par les faits. Ci-dessus, nous publions des extraits de cette déclaration, actualisée avec des extraits de la résolution du Séminaire communiste internationale tenu à Bruxelles du 2 au 4 mai 1999, \" L’impérialisme, c’est la guerre. Pour un front mondial anti-impérialiste \". Les deux textes complets sont disponibles à la rédaction de Solidarité Internationale et sur le site de la Ligue Anti-Impérialiste :
www.lai-aib.org.Pol De Vos, président de la Ligue Anti-Impérialiste (Belgique)
L’agression de l’Occident contre l’Irak en 1991 marque le début d’une nouvelle guerre de cent ans, d’une guerre Nord-Sud ou, plus exactement, d’une guerre que les classes dirigeantes du Nord mèneront contre les peuples du Sud et aussi, sous d’autres formes, contre leurs propres travailleurs.
Pour préparer leur agression contre l’Irak du président Saddam Hussein, comme pour justifier leurs attaques contre la Yougoslavie du président Slobodan Milosevic, les pouvoirs impérialistes ont évoqué de façon perverse le souvenir d’Hitler. Mais qui est le véritable Hitler de la guerre mondiale larvée contre le tiers monde, où l’oppression a le même effet que l’éclatement, tous les deux jours, d’une bombe atomique de la puissance de celle d’Hiroshima ?
C’est celui qui saigne le tiers monde par les plus de 1.500 milliards de dollars de dettes à rembourser. C’est celui qui maintient les prix des matières premières à un niveau ridiculement bas. C’est celui qui refuse de transférer les technologies nécessaires pour alimenter, pour soigner, pour développer et pour défendre l’Afrique, l’Asie et l’Amérique latine. C’est celui qui impose un libéralisme sauvage au tiers monde, envahissant ses marchés avec sa propre surproduction. C’est celui qui ferme les marchés occidentaux aux produits agricoles et manufacturiers du tiers monde.
Le Hitler de cette guerre mondiale larvée n’est rien d’autre que le système capitaliste mondial, le capitalisme réel qui boit le sang du tiers monde avec la même avidité qu’il consomme son pétrole. Une véritable guerre économique permanente se déroule depuis de nombreuses années entre l’Occident et le tiers monde.
Cette guerre économique permanente se transforme en guerre économique spéciale, dès qu’un pays du tiers monde ose s’opposer aux diktats du monde riche. Cuba est soumis depuis quarante ans à un embargo américain rigoureux. Dans les années 80, le Nicaragua sandiniste a vu son économie détruite par un boycott occidental. L’Irak a été et reste soumis à un embargo criminel visant à l’effondrement de tout son système économique et social et causant la mort d’au moins un million et demi d’enfants et de vieillards. Aujourd’hui la Yougoslavie est victime de sanctions économiques occidentales.
Les injustices aggravées de manière dramatique
Après la chute du mur de Berlin, l\'impérialisme américain a immédiatement tenté d\'imposer son nouvel ordre mondial. Avec le rétablissement du capitalisme en Europe de l’Est, avec l’effondrement de l’Union soviétique, le monde occidental a retrouvé son arrogance indécrottable de l’époque coloniale. La guerre d\'agression contre l\'Irak, commencée le 17 janvier 1991, était la première guerre de l\'Otan, camouflée sous le drapeau de l\'Onu.
La destruction terroriste d’un pays du Sud par les puissances coalisées du Nord met en évidence cette vérité: le prétendu \" pluralisme politique \" de l’Occident présente les différents visages du monopartisme du Capital. Les partis démocrate et républicain américains et les partis sociaux-démocrates, sociaux-chrétiens, conservateurs et libéraux européens expriment, avec des nuances de couleur, le monolithisme de l’exploitation et de l’oppression impérialistes.
Un seul chiffre permet d’arracher le masque d’humanisme que l’impérialisme promène d’une manière si ostentatoire : l’argent gaspillé pendant trois jours de guerre contre l’Irak suffirait à sauver de la mort dix millions d’enfants du tiers monde ! Quarante jours de guerre ont coûté entre 60 et 75 milliards de dollars. Que ne pourrait pas faire l’humanité d’une telle somme pour éliminer la famine, les maladies, l’analphabétisme qui frappent 2,4 milliards d’êtres humains ! En dix ans, les \" humanistes \" américains ont déboursé 3.000 milliards de dollars pour leur effort de guerre, le double de toutes les dettes qui écrasent les populations du tiers monde.
Non, les buts stratégiques des puissances occidentales ne prêtent pas à équivoque :
- s’assurer le contrôle des ressources pétrolières du Moyen-Orient pour pouvoir déterminer les quantités produites et les prix;
- maintenir les structures politiques de la région et, avant tout, celles des émirats et de l’Arabie Saoudite, qui garantissent le contrôle de l’Occident sur le pétrole;
- détruire le potentiel économique et militaire de l’Irak, seul pays arabe capable et disposé à mettre en cause la domination impérialiste-sioniste sur la région;
- implanter des bases militaires permanentes et faire stationner des flottes de guerre dans la région pour imposer les diktats de l’Occident;
- garantir la suprématie israélienne sur tous les pays arabes;
- interdire aux pays arabes l’accès à la technologie militaire leur permettant de faire face aux forces impérialistes.
L’Otan comme gendarme du monde
Le capitalisme a besoin d\'exploiter les ressources du sous-sol de la planète entière à un coût minimal. Les dix multinationales du pétrole les plus importantes au monde ont amassé des profits de 35 milliards de dollars en 1998. 70% des réserves mondiales de gaz sont concentrées dans la région de la Mer Caspienne et au Moyen Orient. Dans les républiques asiatiques de l\'ex-URSS, des investissements massifs dans les grandes ressources énergétiques (pétrole et gaz) provoquent la compétition entre les plus importantes compagnies pétrolières transnationales.
Dans un effort pour gagner la \" guerre des pipelines \", l\'impérialisme des États-Unis a provoqué des guerres bien réelles contres toutes les forces qu\'il trouve sur son chemin, au Kurdistan, en Tchétchénie, en Afghanistan, au Tadjikistan, en Géorgie, au Moyen-Orient...
L\'impérialisme cherche à renverser les gouvernements qui refusent de capituler, à diviser les pays qui lui résistent. Il mène des guerres et se prépare à la guerre contre tous les pays qui veulent échapper à la domination impérialiste, entre autres contre la Corée du Nord, Cuba, la Chine, l\'Irak, la Libye, l\'Iran, la Yougoslavie et la Biélorussie. Mais aussi contre la Russie, pour parer à l\'éventualité où les communistes authentiques arriveraient au pouvoir.
L\'impérialisme fait table rase de la souveraineté et de l\'indépendance des nations, s\'ingère ouvertement dans les affaires intérieures des autres pays en invoquant, avec arrogance, les prétextes de \"démocratie, liberté, autodétermination des peuples, paix, multipartisme, élections libres et droits de l\'homme\".
Pour imposer leur dictature économique internationale, les multinationales veulent empêcher ou briser la solidarité internationale des travailleurs et l\'unité anti-impérialiste des peuples opprimés. Elles répandent et utilisent le racisme, le nationalisme réactionnaire, le séparatisme, le fanatisme religieux, l\'ethnicisme et le fascisme pour diviser, fragmenter et abrutir les forces populaires, pour les plonger dans des tueries barbares afin de détruire toute capacité de résistance à l\'impérialisme et au capitalisme.
La militarisation des relations internationales, la course aux armements et les contradictions aiguës à l\'intérieur des puissances impérialistes et entre elles, produisent et reproduisent la violence et la guerre, renforcent l\'instabilité et créent le risque de conflits militaires généralisés.
Aujourd\'hui, à travers l\'Otan, l\'impérialisme américain étend sa domination militaire à toute une série de nations, en Europe et en dehors. Si l\'on inclut le soi-disant \" Partenariat pour la Paix\", l\'Otan comprend 44 nations. Elle a aussi des \"traités d\'association\" et des \"zones de coopération\" dans le Caucase, l\'Afrique orientale, etc. L\'expansion de l\'Otan sur trois continents peut être à la base d\'une troisième guerre mondiale.
L\'intégration économique et politique de l\'Europe a aussi une dimension militaire, celle de restructurer et renforcer l\'Union de l\'Europe occidentale, appelée à devenir l\'aile européenne de l\'Otan, sous hégémonie allemande.
Une résistance avec une grande portée historique
La décision de Saddam Hussein et de tout le peuple irakien de résister aux diktats et aux agressions de l’impérialisme, constitue un événement de grande signification historique. L’héroïsme du peuple irakien rencontre une adhésion profonde parmi des centaines de millions d’opprimés qui redoublent de haine contre l’Empire de la terreur et de la mort. Dans le tiers monde, toutes les forces anti-impérialistes saluent sa détermination à faire face à la croisade des empires américains et européens.
La résistance héroïque de la direction et du peuple irakiens constitue un événement historique, parce qu’il lance, dans les nouvelles conditions internationales, un puissant appel à tous les peuples et à tous les gouvernements du tiers monde à se dresser contre l’injustice, l’oppression et l’exploitation.
Si la menace des Etats-Unis et de l’Otan est globale, la riposte doit être globale aussi. Ne laissons pas les peuples menacés se faire attaquer un par un. Le seul moyen de s’opposer à ces agressions, c’est de constituer dès maintenant un front mondial pour la paix. De considérer chaque attaque contre un peuple comme une attaque contre l’ensemble des peuples. De renforcer la solidarité internationale.