arch/ive/ief (2000 - 2005)

Kinshasa , 01.07.2005
Tôt le matin d’hier, Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo, a connu une effervescence somme toute particulière. Face à la volonté clairement exprimée depuis le 2 avril 2005 par Etienne Tshisekedi, Président National de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social, Udps en sigle, de restaurer l’ordre institutionnel de la Conférence Nationale Souveraine en lieu et place du schéma 1+4 issu des négociations politiques intercongolaises tenues à Sun City, un dispositif sécuritaire, imposant a été déployé à travers toutes les communes de la capitale. D’Est à l’Ouest, du Nord au Sud, les forces de dissuasion ont pris sans blague le dessus des événements, à l’exception de certains coins isolés où quelques groupes d’inconditionnels ont tenté de se manifester.

Le pari était très risqué pour Etienne Tshisekedi wa Mulumba et l’Udps son parti, dans la mesure où la finalité de ces manifestations voulues glorieuses consistait en la prise du pouvoir d’Etat au Palais du Peuple, à Lingwala. Un discours solennel était ...

A l’heure des comptes, on peut avancer que l’Udps de Tshisekedi ne sort pas ragaillardi de cette épreuve


Les Congolais en général et les Kinois en particulier peuvent bien pousser un ouf de soulagement. L’apocalypse tant promise n’a pas eu lieu. Pas plus que l’appel à La mobilisation n’a été largement suivi. Kinshasa, la Capital, a connu, certes un 30 juin aux allures de « ville à moitié morte ». Mais; le 30 juin la mère des batailles pour la chute du 1+4 qui était l’objectif de l’Udps n’a pas eu lieu. Faute de commandants et surtout de troupes.

On l’aura compris. L’Udps d’Etienne Tshisekedi n’a pas gagné son pari, l’homme qui avait décrété urbi et orbi le 02 avril 2005 la fin du 1+4 pour le 30 juin n’a pas été suivi par les Kinois. Le peuple de Kinshasa dans son immense majorité n’est pas descendu dans la rue. A part quelques attroupements qui ne dépassaient guère le millier, le gros de Kinois sont restés chez eux. Le Palais du Peuple où les manifestants devraient converger en vue d’entendre le lider maximo prononcer le retour à l’ordre constitutionnel de la Cns n’a reçu personne.

Echec

Au lendemain de l’échec de la démonstration des forces nombreux d’analystes et autres observateurs en sont à décrypter l’attitude des Kinois. Tout un faisceau des raisons expliquent le fiasco d1Etenne Tshisekedi.

D’abord l’Udps parait avoir confondu les exigences de la population pour la tenue des élections sur fond de bonne gouvernance avec les ambitions de prendre le pouvoir par un coup d’Etat sous couvert du schéma juridiquement suranné de la Cns. Un schéma que le même Etienne Tshisekedi a enterré à deux reprises. A l’issue des Concertations du Palais du Peuple et au Dialogue intercongolais. Lors de, ces deux forums le lider maximo a à chaque fois, avalisé le texte constitutionnel qui annulait les dispositions antérieures.

Risque

L’appel à faire tabula rasa des Institutions en place était en plus d’autant plus risqué que peu avant le 30 juin a première phase des opérations électorales. A savoir l’identification et l’enrôlement des électeurs avait commencé, Dubitatifs au départ les Kinois ont perçu là le premier signal fort en rapport avec leur seule véritable attente les élections. Il ne serait pas non plus exagéré de relever que l’enrôlement d’Antoine Gizenga a fini de crédibiliser totalement au sein du « bloc du refus » l’opération déclenchée par l’intraitable Abbé Malu Malu.

En plus, l’Udps dont le poids sociologique à Kinshasa et dans le pays profond n’est plus le même que pendant les années Mobutu s’est surestimé au point de ne pas tenir compte de l’ensemble de l’environnement interne et de la donne internationale.

Au plan local, les contre stratégies de proximité utilisées par l’autorité urbaine avec à la tête le kinoi Kimbunda, se sont avérées payantes. Le Gouverneur de la ville de Kinshasa a entrepris d’encadrer les jeunes bouillants en particulier « les shégués » avec au menu un tournoi de football et un concert.

Divertissement

Outre aspect purement ludique, cette démarche répondait au besoin de conscientisation de cette frange de jeunes utilisés souvent comme chair à canon.

Le déficit d’analyse objective a aussi empêché les stratèges de l’Udps de lire le peu d’enthousiasme de la seule et véritable autorité morale qu’est l’Eglise vis-à-vis d’un schéma dont la concrétisation postulait immanquablement un bain de sang. On voyait sans doute mal comment les Eglises traditionnelles comme celles du réveil pouvaient bénir une démarche qui nécessitait un recours à la violence. De ce point de vue, la légende sur le fameux « Trarnotina » n’a pas été une bonne publicité pour les tenants de l’apocalypse.

Au plan international le ton ferme adopté tour à tour par le Ciat et l’Union européenne aurait dû convaincre l’Udps à renoncer à son schéma. Ce, d’autant que dans le contexte actuel aucun régime ne peut survivre sans le soutien des bailleurs de fonds qui se retrouvent parmi es principaux pays occidentaux. Lesquels ont dégât suffisamment investi dans le processus actuel pour accepter que l’on remette tout en question pour repartir à zéro.

Epreuve

A l’heure des comptes, on peut avancer que l’Udps ne sort pas ragaillardi de l’épreuve. D’autant que les échos qui parviennent des provinces font état des défilés monstres dans certaines villes du pays dont Lubumbashi et Kananga

Au terme de la journée d’hier un observateur connu pour ses analyses froides a relevé que l’erreur fondamentale du brain trust de l’Udps est de ne jamais tenir compte des paramètres objectifs. D’où, cette tendance à ne privilégier que ses propres ambitions et illusions.

(Th) | Forum des As/ Fda