arch/ive/ief (2000 - 2005)

Voter à coté de ses urnes

C'est la boîte magique des démocrates, la version carrée de la lampe d'Aladin. Celle qui, dans la saga de ce système, permet, une fois de temps en temps au citoyen éclairé d'influer sur le cours de la politique de son pays. De donner son avis. D'agir sur son destin. De contrôler ses dirigeants. D'exercer son devoir (sacré) de citoyen. La liste est infinie et tellement belle qu'on y croirait presque ! Mais, c'est vrai qu'il s'agit d'une boîte magique.

Chacun la voit de sa fenêtre et l'adapte à ses rêves. Pour certains, c'est la boîte à quatre-heures du Père Noël, pour d'autres la cagnotte du loto version corporatiste. La caste dirigeante, elle, la rêve comme une boîte à somnifère social quand elle est aux affaires, et comme une boîte à munitions quand elle n'y est pas.

Mais, pour la majorité du peuple, c'est une boîte dont on se méfie, boîte à promesses, boîte à engagements, toujours renouvelés, jamais tenus. Une boîte à micmac d'où sortent des élus qui ne veulent plus l'être et qui passent le relais à d'autres qui ne l'auraient pas été mais qui voudraient bien l'être. C'est aussi une boîte à scandales, tellement courants qu'on finit par s'habituer à leurs odeurs. C'est encore une boîte à recyclage, à tel point qu'on se demande si c'est toujours du nom d'urne qu'il convient de la qualifier ! Est-ce à cause de tout cela que la majorité des Français se détourne des urnes ?

Pas que ! S'il ne s'agissait que de cela il suffirait de changer la boîte. Mais il y a aussi ce que l'on met dedans. Le citoyen, enfin celui qui se déplace encore, celui qui y croit avec la foi du charbonnier démocrate, ne peut jamais savoir exactement pour quoi il vote, ni pour qui. Curieux système !

Devez-vous voter pour Untel ou pour son programme ? Difficile quand on ne connaît vraiment ni l’un ni l’autre. Encore moins évident quand Untel, élu, dit qu’il ne peut pas respecter ses engagements à cause des autres. Dommage car c’est pour son programme que vous l’avez élu !

Devez-vous dire oui ou non à un texte tellement complexe que très rares sont ceux qui l’ont lu ? Quant à le comprendre… Mais, si vous allez voter, dites oui directement car quelque soit votre réponse ça ne changera rien. Si la majorité (des votants) dit non et que les dirigeants veulent un oui, ils vous représenteront le texte un peu plus tard. Alors, quitte à aller se pendre…

Et l’on pourrait multiplier les exemples à l’envie.

L’urne peau de chagrin est le symbole d’un système qui se délite, qui démontre chaque jour ses limites, ses faiblesses, ses aberrations. Alors, avec un système politique qui finit par marcher sur la tête, comment s’étonner que les électeurs votent à côté de leurs urnes !



François Amanrich.

(Porte-parole du Mouvement Clérocratique)