RDCongo / Le réseau EurAC dit "non à la 3ème guerre" by EURAC (posted by raf) Saturday, Dec. 04, 2004 at 8:24 AM |
Le Rwanda a de nouveau envahi le Congo. Une déclaration de l'EurAC, le réseau éuropéen des organisations non-gouvernementales de coopération et de solidarités actives en Afrique centrale.
Non à la 3ème guerre au Congo : l’Union
européenne doit augmenter la pression sur le Rwanda !
Le 24 novembre dernier, des officiels rwandais ont annoncé aux ambassades
britannique et américaine à Kigali ainsi qu’à l’envoyé
spécial des Nations Unies à Kinshasa l’intention de leur pays
de franchir la frontière pour traquer sur le sol congolais les rebelles
des FDLR qui menacent régulièrement leur sécurité
nationale en procédant à des incursions meurtrières.
Malgré les concertations organisées à la hâte
durant le week-end des 27 et 28 novembre en marge du sommet de la Francophonie
à Ouagadougou et les mises en garde véhémentes de plusieurs
chancelleries occidentales et de la MONUC (force de maintien de la paix de
l’ONU en RD Congo), le ton n’est pas à l’apaisement. Le gouvernement
du président Kabila a en effet annoncé son intention de mobiliser
près de 10.000 hommes pour protéger sa frontière, et
de considérer toute incursion de l’armée rwandaise comme une
déclaration de guerre.
EurAC, le réseau européen des organisations non-gouvernementales
de coopération et de solidarité actives en Afrique centrale,
- exprime sa stupéfaction et son inquiétude par rapport à
ces menaces rwandaises et l’apparent manque de sincérité des
autorités de ce pays moins de 4 jours après sa signature de
la Déclaration de Dar es Salaam qui clôturait la Conférence
Internationale pour la Paix, la Sécurité, la Démocratie
et le Développement de la Région des Grands Lacs. Le principal
acquis de cette conférence nous semblait justement être la volonté
des pays signataires de prévenir et de régler pacifiquement
les conflits dans la Région et d’en faire un espace de paix et de
sécurité durable, selon les aspirations de leurs peuples et
dans le strict respect des conventions et chartes internationales. Ces menaces
interviennent également moins d’un mois après la signature
d’un accord tri-partite Rwanda-Ouganda-RDC sur les questions de sécurité
et plus spécifiquement sur la neutralisation des groupes armés
opérant dans la région ;
- demande à l’Union européenne et à ses Etats membres
de répondre positivement à l’appel de Koffi Annan en mettant
à la disposition de la MONUC des casques bleus bien formés,
bien équipés et maîtrisant davantage la langue française
;
- recommande à ces mêmes Etats de s’assurer que la MONUC, enfin
dotée de moyens humains et logistiques suffisants, agisse avec la
détermination nécessaire, pour éviter toute reprise
des hostilités dans la zone frontalière entre RDC et Rwanda,
pour enquêter sur les mouvements de troupe, pour désarmer les
milices et bandes rebelles et pour apporter, enfin, une sécurité
physique aux populations de l’Est de la RD Congo qui vivent dans la terreur
et la violence depuis plus de 6 ans. Les premières et les plus nombreuses
victimes de cette insécurité demeurent les Congolais, et surtout
les Congolaises;
- exhorte les autorités congolaises à accélérer
la restructuration et l’unification de leurs forces de sécurité
et à rétablir l’autorité de l’Etat sur la totalité
du territoire national, afin de prévenir les conflits larvés
entre régions militaires et le maintien de zones de non-droit et de
sanctuaires pour les groupes armés de tout acabit ;
- exige la plus grande fermeté de la part de la communauté
internationale, et en particulier de la part des principaux partenaires du
Gouvernement rwandais, par rapport à ces velléités guerrières
et l’invite à soutenir de façon plus volontariste, notamment
en concrétisant ses intentions d’appui financier et logistique, le
processus de restructuration de l’armée nationale de la RDC ;
- demande à l’Union européenne et à ses membres, principaux
bailleurs du Rwanda, de veiller au respect par ce dernier des résolutions
du Conseil de sécurité et des accords signés avec la
RD Congo et les autres pays de la région, en intégrant cette
revendication dans le suivi et l’appréciation de leur politique d’aide
au gouvernement rwandais et en prenant les sanctions appropriées (suspension
de l’aide, refus d’octroi de visa aux personnalités rwandaises…) en
cas de mise à exécution de ces menaces.
EurAC compte 40 organisations membres issues de 11 pays d’Europe (Allemagne,
Belgique, Danemark, Espagne, France, Italie, Norvège, Pays-Bas, Royaume-Uni,
Suède et Suisse) et actives en Afrique centrale dans le domaine de
la coopération au développement et de l’aide humanitaire. Elles
interviennent le plus souvent en soutenant l’action de leurs partenaires
locaux, dans des domaines aussi variés que l’éducation à
la paix, l’auto-suffisance alimentaire, le renforcement des organisations
de base, l’appui aux associations de femmes, d’agriculteurs, de jeunes, la
défense des droits de l’homme, la santé... Ces organisations
ont formé ensemble le réseau EurAC afin d’assurer un plaidoyer
en faveur de l’Afrique centrale vis-à-vis de l’Union européenne
et de ses Etats membres dans les domaines de la politique étrangère
et de la coopération au développement, de procurer une information
de ses membres et du grand public sur la région des Grands Lacs et
de mettre en réseau les initiatives qu’elles soutiennent séparément
et ensemble.
Bruxelles, le 1er décembre 2004
Rue des Tanneurs, 165
B - 1000 Bruxelles, Belgique
Tel: +32 (0)2 502 34 02
e-mail: arnaud.gorgemans@eurac-network.org