ralph nader,un candidat bien dérangeant by Joelle penochet Saturday, Oct. 30, 2004 at 10:29 PM |
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Le 3e candidat à l'élection présidentielle américaine, seul candidat anti-guerre, a fait l'objet d'une campagne odieuse de la par du candidat Kerry, financé par les mêmes multinationales, défend la même politique belliciste et anti-sociale que G.W. Bush.
Mise à jour du 30 Octobre 2004 - Update
ÉLECTIONS PRESIDENTIELLES AMERICAINES :
RALPH NADER, UN CANDIDAT BIEN DERANGEANT
« Never doubt that a small group of toughtful, commited citizens can change the world ; indeed, it’s the only thing that ever has. »
Margaret Mead (citée par votenader.org)
Par Joëlle PENOCHET
Ralph Nader, le 3e candidat à la présidentielle américaine, a subi le black-out ou le dénigrement des medias officiels, et une violente campagne contre sa candidature de la part des Démocrates et d’une partie du clan progressiste qui, désireux de se débarrasser de Bush à tout prix, a appelé à voter pour John Kerry comme « un moindre mal ». Pourtant, les deux « grands » partis, qui représentent les mêmes intérêts, ceux des grosses multinationales américaines, mènent traditionnellement des politiques similaires. Aujourd’hui, John Kerry va jusqu’à critiquer G.W. Bush sur sa droite en l’accusant de n’avoir pas été assez efficace dans la « guerre contre le terrorisme » ; il préconise d’envoyer plus de troupes en Irak, d’attaquer sans délais les autres pays sur la liste des « Etats-voyous » (Iran, Syrie, Corée du Nord…), et de se débarrasser au plus vite des présidents Hugo Chavez, Fidel Castro et Yasser Arafat. Il a voté pour l’invasion du Panama, la guerre contre l’Afghanistan, l’agression contre l’Irak, le Patriot Act, et soutient la politique criminelle de Sharon contre le peuple palestinien. Le slogan de sa campagne est : « Pour une Amérique plus forte », et il proclame dans tous ses discours que « l’Amérique doit gouverner le monde ».
Ralph Nader présente un programme radicalement différent de ses concurrents dans tous les domaines. Il veut révoquer le Patriot Act, instaurer une couverture médicale universelle, porter le salaire minium à 10$, améliorer les droits de toutes les minorités, mettre en place une autre politique énergétique, promouvoir l’éducation pour tous… La mise en place d’une politique sociale est possible si on arrête de financer la prétendue « guerre contre le terrorisme » à coup de centaines de milliards de dollars. Rare homme politique à s’être prononcé contre l’agression militaire en l’Irak, Ralph Nader demande le retrait rapide des troupes d’occupation et le retour à la souveraineté du pays. En combattant la candidature de celui qui porte leurs idées depuis plusieurs décennies, les notables « progressistes » du mouvement « N’importe Qui Sauf Bush », pour la plupart absents du terrain depuis longtemps, ont ruiné cinq années de mobilisation croissante depuis la naissance du mouvement alter-mondialiste en 1999 à Seattle, jusqu’au mouvement anti-guerre qui a rassemblé des millions de personnes dans le monde l’année dernière, et qui exige aujourd’hui la fin de l’occupation étrangère en Irak et en Palestine.
RALPH NADER, L’ETERNEL PIONNIER
« Les Etats-Unis ont besoin d’une déclaration d’indépendance des multinationales. »
Ralph Nader, Washington Post, 8 novembre 2000
Né dans le Connecticut dans une famille d’émigrés libanais, brillant avocat diplômé d’Harvard et de Princeton, Ralph Nader a hérité sa vocation de son père, ardent militant syndicaliste qui lui donna très tôt le goût des luttes pour la Justice sociale. Réputé pour son intégrité, son immense capacité de travail, sa culture, son talent d’orateur, son humour décapant et sa modestie, Ralph Nader décida en 1963 de dédier sa vie à la défense des citoyens contre la toute-puissance des multinationales qui dirigent le monde. Après voir gagné un procès retentissant contre General Motors, il créa une centaine de puissantes associations couvrant tous les domaines, qui continuent aujourd’hui de gagner de nouvelles batailles. Contrairement aux candidats des deux grands partis, tous deux fils de famille multimilliardaires, il est issu, comme son colistier, d’un milieu populaire.
DU CONSUMERISME A L’ECOLOGIE POLITIQUE ET AU « TROISIEME PARTI » : UNE VIE VOUEE DEPUIS QUARANTE ANS AUX LUTTES POUR LA JUSTICE
Ralph Nader est à l’origine de la création de l’Agence de Protection de l’Environnement (EPA, 1970), des lois sur l’Air, sur l’Eau et sur la Liberté de l’Information de 1974. Depuis lors, le simple citoyen et les associations peuvent poursuivre en justice le gouvernement comme les grandes entreprises. Toutes les lois votées dans tous ces domaines dans le monde l’ont été grâce à l’action de Ralph Nader. En 1974, il était classé quatrième parmi les personnes les plus influentes des Etats-Unis, après Richard Nixon et Henri Kissinger. Aujourd’hui encore, il figure dans les trente premières.
Ralph Nader persévère dans la défense des mêmes causes, en élargissant toujours davantage le champ de ses luttes et en se radicalisant. Le sénateur démocrate de gauche Dennis Kucinich a dit de lui (non sans arrière-pensée) qu’il « a démontré que chaque citoyen pouvait influencer le gouvernement » et qu’il a « plus d’impact sur les institutions gouvernementales et la vie des multinationales que les personnes en charge du pouvoir ».
Ralph Nader est entré en politique en 1972 en tant que candidat démocrate opposé à la guerre du VietNam. En 1992 il fut candidat à l’investiture démocrate ; puis il a représenté les Verts à la présidentielle en 1996 et en 2000. En 1996, avec un budget limité à cinq mille dollars (l’équivalent de dix secondes de publicité télévisée), il avait recueilli moins de 1% des voix (jusqu’à 20% sur certains campus universitaires), mais il avait permis de lancer un mouvement de renouveau politique. Le président Clinton s’était déjà déclaré « très préoccupé » par sa candidature. Quatre ans plus tard, Ralph Nader quadruplait le nombre de ses voix (recueillant près de 3 millions de suffrages). Dès le mois de février, afin d’avoir le temps de recueillir les moyens nécessaires à sa campagne, il annonça sa candidature à la présidentielle de novembre 2004. Premier candidat à la présidentielle d’origine arabe, il choisit comme colistier Peter Camejo, un activiste d’origine vénézuélienne, vétéran des luttes pour les Droits civiques (il a marché aux côtés de Martin Luther King en Alabama) et du mouvement contre la guerre du VietNam. En outre, Peter Camejo, qui dirige la banque d’investissement éthique qu’il a fondée, est toujours une grande figure des Verts américains dont il est l’un des fondateurs. Il a obtenu 5,3% des voix lors de l’élection du gouverneur de Californie en 2002.
LE HARI-KIRI DES VERTS AMERICAINS
En juin dernier, contrairement à la volonté de la quasi-totalité de la base écologiste, et à la suite de tripatouillages sordides, les Verts ont refusé d’investir Ralph Nader lors de leur Convention, au profit d’un candidat terne et jusqu’alors inconnu, au motif qu’il ne présenterait des candidats que dans les Etats où la victoire du Démocrate était assurée (« safe states »). Par ce choix, les Verts américains ont anéanti le travail effectué patiemment depuis 1996 par Ralph Nader, qui avait promu et renforcé le parti en se présentant en leur nom et en menant des tournées à travers tout le pays, pendant et après la campagne. Et le labeur de dizaines de milliers de militants sur le terrain.
Cependant, une grande partie des Verts américains sont restés fidèles à Ralph Nader (« Greens for Nader ») et, pendant que le candidat officiel réunit péniblement trente personnes lors de ses meetings, Ralph Nader remplit des salles de mille personnes à travers les Etats-Unis (il est le seul candidat à visiter tous les Etats, au rythme de deux ou trois meetings par jour).
En 2000, Ralph Nader avait été soutenu par de nombreuses personnalités, universitaires, journalistes et artistes, dont Michael Moore et Patti Smith, qui assuraient la première partie de ses grands meetings. Il avait rassemblé chaque soir de 10.000 à 15.000 personnes dans les plus grandes villes des Etats-Unis, un phénomène jamais observé depuis les années soixante-dix. Il mobilise des foules de jeunes – peu habitués à entendre des politiciens sincères, défendant un programme ambitieux mais réaliste. Il leur a annoncé qu’ils étaient en train de vivre les prémices d’un mouvement historique, aussi important que les mouvements pour l’abolition de l’esclavage ou l’obtention des droits civiques pour les Africains américains : « Le génie de la contestation qui est sorti de la bouteille à Seattle n’est pas près d’y rentrer ». Depuis les élections de 2000, Ralph Nader n’a jamais cessé de sillonner les Etats-Unis pour défendre les idées du 3e parti, et de représenter les Verts américains dans les réunions internationales.
UN SYSTEME ELECTORAL AMERICAIN : UNE DEMOCRATIE EN TROMPE-L’OEIL
« Nous accueillerons chaleureusement la victoire de l’une ou l’autre part. »
J. Browne, Président de l’Amocco, pendant la campagne présidentielle de 2000
Le Président américain est élu au suffrage indirect par des grands électeurs issus des différents Etats, mais présélectionnés par l’argent. C’est ainsi que la réussite sociale suscite souvent des vocations politiques (comme celle du milliardaire Ross Perrot). Le système à un seul tour pénalise les petits partis, en incitant les électeurs à voter « utile ».
Le suffrage indirect avait été instauré à l’origine pour favoriser les Etats esclavagistes du Sud. «Inventé pour permettre aux hommes blancs de verrouiller le système politique à leur profit, ce dispositif produit le même résultat deux siècles plus tard, en accordant un poids disproportionné aux choix des habitants des petits Etats ruraux à prédominance blanche et conservatrice» (Halimi et Wacquant). Ainsi « il faut 3,44 Californiens pour peser autant qu’un habitant du Wyoming ». Par ailleurs, quatre millions d’Américains sont privés du droit de vote, parmi lesquels des milliers d’Afro-américains emprisonnés à cause de la « guerre contre la drogue ».
DES CANDIDATS SELECTIONNES PAR L’ARGENT
Les deux « grands » partis sont liés aux mêmes multinationales (notamment dans les secteurs pétrolier, automobile, agroalimentaire, pharmaceutique, et l’industrie du tabac) qui investissent des sommes colossales à parts quasi-égales sur les candidats des deux camps pour être certains de récupérer leurs mises après les élections, l’argent investi étant restitué aux généreux donateurs sous forme de subventions. En 2000, plus de trois milliards de dollars ont été dépensés dans les campagnes (présidentielle, sénatoriale et du Congrès), sans compter les frais d’avocats dans la bataille post-électorale. Ralph Nader décrit le système politique américain comme « deux partis qui se combattent férocement pour voir qui ira à la Maison Blanche prendre les ordres de ses donateurs. »
De nouvelles lois sont élaborées par les deux partis hégémoniques pour empêcher l’émergence d’autres forces politiques : « Ils n’aiment pas la compétition. Aussi, essayer d’entrer dans la course ressemble à l’escalade d’une falaise à l’aide d’une corde glissante», explique Ralph Nader. Obtenir le nombre de signatures nécessaires pour se présenter dans chaque Etat représente un véritable parcours du combattant. Cette année, les candidats Nader-Camejo ne pourront être présents que dans trente-quatre Etats (contre quarante-quatre en 2000), ce qui diminuera sensiblement leur pourcentage de voix au niveau national.
Malgré l’iniquité du système qui les favorise outrageusement, les grands partis ont cru nécessaire d’instaurer une loi destinée à éliminer définitivement la concurrence : peu avant le premier grand débat télévisé de 2000 (parrainé par Philip Morris), la Commission sur les débats électoraux, organisme bipartite contrôlé par les deux grands partis, inventa une nouvelle règle qui réservait son accès aux seuls candidats obtenant au moins 15% des voix dans les sondages. En 1992, le 3e candidat, le milliardaire Ross Perrot, crédité des mêmes intentions de vote que Ralph Nader en 2000, avait pu y prendre part. Or, ces débats sont le lieu le plus médiatisé de la campagne, le facteur déterminant pour l’issue du scrutin.
Parmi les autres « dommages collatéraux » de ce système électoral perverti, une « publicité politique abrutissante et vide de contenu ; des medias rendus fous par l’obsession de la concurrence ; un sénateur élu vingt-deux jours après son décès et remplacé par sa veuve… » (Halimi et Wacquant).
LA PRESIDENTIELLE DE 2000 : LA BATAILLE FEROCE ENTRE « GUSH » ET « BORE »
« Notre candidature remplit un vide politique en offrant au camp progressiste orphelin l’occasion de participer à une stratégie de longue haleine destinée à construire un nouveau canal politique en partant de la base».
Ralph Nader, Le Monde Interactif, 1er novembre 2000
Lors de la campagne présidentielle de 2000, Ralph Nader avait déjà combattu les candidats démocrate et républicain en tant «qu’hydre à deux têtes», aux ordres des mêmes multinationales. Il avait déclaré que «les deux grands partis qui ont soldé notre République (devaient) être défiés ».
CHANTAGE ET MAUVAISE FOI POUR ELIMINER LA CONCURRENCE D’UN 3E PARTI
Sans publicité et avec un budget réduit, banni des grands débats télévisés, soumis au black-out, puis à l’adversité des medias en fin de campagne, Ralph Nader n’avait pu franchir la barre des 5% de voix qui lui aurait permis d’obtenir le précieux financement fédéral (douze millions de dollars) cette année qui aurait aidé à construire solidement un 3e parti. Quelques semaines plus tôt, il était crédité de 7 à 17% des intentions de vote selon les Etats. Mais la virulente campagne de dénigrement menée par les Démocrates et leurs satellites, déjà basée sur le chantage et la peur (« un vote pour Nader = un vote pour Bush ») avait porté ses fruits. Après les élections de 2000, Ralph Nader n’a jamais cessé de faire l’objet de critiques et d’attaques virulentes d’une partie du camp « progressiste » qui lui reproche aujourd’hui encore d’être responsable de la victoire de G.W. Bush, au lieu de s’en prendre aux Républicains qui ont volé l’élection (G.W. est souvent surnommé « le président non-élu », ou « le Voleur en Chef » - « The Thief in Chief »).
Or, premièrement, toutes les études ont montré que plus des deux tiers des voix qu’il a recueillies ne seraient pas allées à A.Gore : les voix venaient pour 38% des électeurs démocrates, pour 25% des républicains, et les 37% restant n’auraient voté que pour lui. En outre, Ralph Nader aurait fait voter plus d’un million de nouveaux électeurs, alors que les candidats des grands partis sont incapables d’attirer les non votants, dont le nombre atteindrait cent millions. En Décembre 2000, Albert Gore, qui objectivement avait gagné (à la fois en nombre de grands électeurs et de suffrages – il avait remporté plus d’un demi-million de voix de plus que son adversaire), fût poussé à ne pas faire appel du verdict de la Cour Suprême (contrôlée par les Républicains) qui avait proclamé la victoire de Bush : il ne fallait pas porter atteinte au système ! Et il fallait que les Etats-Unis cessent d’être la risée du monde entier avec leur recomptage grotesque des bulletins de vote.
Deuxièmement, ces attaques sont d’autant plus incompréhensibles de la part de « progressistes » que les positions du candidat démocrate, vice-président de William Clinton pendant huit ans, étaient déjà plus à droite celles du candidat Républicain : M. Gore avait voté pour la Guerre du Golfe en préconisant de la poursuivre jusqu’à la chute de Saddam Hussein ; son colistier, Joseph Lieberman, a toujours été un ardent partisan de la politique d’agression et d’occupation israélienne en Palestine. Et il s’était porté volontaire pour la guerre du Viêt-Nam.
Lorsque les Démocrates ont perdu le Sénat lors des élections de la mi-mandat en 2002, ils n’ont pas trouvé de bouc émissaire pour expliquer leur défaite.
PENDANT SES DEUX MANDATS, LE TANDEM CLINTON-GORE A MENE UNE POLITIQUE BELLICISTE ET ANTISOCIALE
Au cours des mandats Clinton-Gore (1992-2000), l’écart entre les riches et les pauvres a été multiplié par dix ; le nombre de prisonniers fédéraux a presque doublé ; le nombre de personnes sans couverture sociale s’est accru de huit millions ; le système d’aide sociale fédéral a été supprimé (1996) et le nombre de fonctionnaires réduit de façon drastique, tandis que la création en 1993 de la l’Association de Libre Echange de l’Amérique du Nord (l’ALENA, qui inclue le Canada et le Mexique) et de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a conduit à un appauvrissement accrû des plus démunis, tant à l’intérieur du pays que dans le monde entier. Ralph Nader accuse les démocrates d’avoir « jeté la souveraineté nationale en pâture à l’OMC, à l’ALENA et autre « machins » ensiglés de la mondialisation, taillés sur mesure pour Wall Street » (Le Monde Interactif, 31/10/00). Par ailleurs, de 1989 à 2000, le déficit commercial des Etats-Unis a plus que quadruplé (passant de 100 à 450 milliards de dollars), touchant tous les secteurs du système productif.
CLINTON : UN PRESIDENT DEJA HORS-LA LOI
« Les Etats-Unis, et – nous l’espérons – l’ensemble de leurs alliés, s’autorisent à riposter quand, où et à la manière qu’ils auront décidé. »
William Clinton cité par Noam Chomsky, De la guerre comme politique étrangère…, p.63.
Sur le plan international, le président Clinton a accordé à l’industrie de l’armement un budget plus élevé que le budget moyen pendant la guerre froide. Poursuivant la politique de Bush I, qui voulait « ramener l’Irak à l’âge de pierre », il a durci l’embargo et multiplié les bombardements ciblés contre les infrastructures vitales des villes irakiennes (centres d’épuration d’eau, centrales électriques et téléphoniques). Le manque d’eau potable, de médicaments et de nourriture consécutif à ces destructions et à l’embargo a provoqué une malnutrition chronique, la multiplication des maladies infectieuses, et des épidémies de choléra. Cette politique a fait plus d’un million de morts, dont 500.000 enfants. « C’était le prix à payer », a répété sans vergogne la secrétaire d’Etat de William Clinton, Madeleine Albright. Les raids étaient quasi-quotidiens dans les « no-fly zones » (environ les deux tiers du pays), ces régions décrétées unilatéralement interdites de survol par l’alliance anglo-américaine (et la France) au prétexte fallacieux de protéger les populations kurdes et chiites. Les bombardements les plus intensifs intervenaient généralement à chaque fois que M.Clinton avait des convocations devant les tribunaux au sujet des mensonges sur ses frasques sexuelles. Il eut été plus juste d’entreprendre contre lui une procédure d’Impeachment pour crimes de guerre.
En 1998, les sénateurs démocrates ont fait passer la Résolution 71, donnant à Clinton le pouvoir « d’entreprendre toutes les actions nécessaires et appropriées pour répondre à la menace posée par le refus de l’Irak d’arrêter son programme de développement d’armes de destruction massive. » Cela permit au président démocrate de mener le 16 décembre 1998, en toute illégalité internationale, l’opération « Renard du Désert » contre le peuple irakien qui mourait déjà à petit feu depuis huit ans des sanctions décrétées par l’ONU en 1990. Les forces anglo-américaines lancèrent alors sur l’Irak « un nouvel enfer de feu et de mort » (J-M. Benjamin) : en trois jours, les navires américains et les bombardiers B52 tirèrent plus de quatre cents missiles, soit presque un tiers de plus que pendant toute la guerre du Golfe en 1991 !
Au nom du nouvel « Humanisme militaire », W. Clinton a entraîné ses vassaux européens dans l’agression contre la Yougoslavie, en prenant prétexte de « l’échec » des accords de Rambouillet, dont les termes étaient volontairement inacceptables (ils auraient permis à l’OTAN d’occuper l’ensemble du territoire yougoslave). En Serbie, Clinton n’a pas hésité à tester des armes illégales de plus en plus puissantes (comme de nouvelles bombes à fragmentation et à l’uranium appauvri, et des dispositifs de guerre climatique) à bombarder des usines chimiques et un réacteur nucléaire expérimental en fonctionnement, créant des pollutions qui ont touché les pays voisins (la Grèce, la Macédoine, l’Albanie…) et vont continuer de faire des dégâts pendant des milliers d’années.
Dès 1993, William Clinton, qui avait placé des lobbyistes sionistes aux commandes de la politique au Moyen-Orient, a constamment soutenu Israël et s’est joué des Palestiniens avec les accords d’Oslo et autres Camp David. « Dès le début, le processus Madrid-Oslo fut élaboré et mis en œuvre pour imposer un accord de type Bantoustan. » (Chomsky, La loi du plus fort, p. 63). La violation permanente de ces accords s’est faite avec l’accord des Etats-Unis (et la complicité des autres pays occidentaux et des pays arabes). Clinton a bombardé l’Afghanistan et la plus grosse usine pharmaceutique du Soudan en 1998, et a intensifié la prétendue « guerre contre la drogue » en Colombie, qui permet à l’armée américaine d’occuper une partie du pays.
En résumé, en érigeant la guerre d’agression en guise de politique étrangère, Clinton et Gore ont fait le lit des faucons actuellement au pouvoir à Washington. Le tout sans réactions de la gauche qui l’avait porté au pouvoir.
LE BILAN DU « MILITARISTE MESSIANIQUE » ET DE SON EQUIPE A LA MAISON BLANCHE
« La vérité, c'est que ce serait beaucoup plus clair si nous étions une dictature. Et si j’étais le dictateur ! »
G.W. Bush (2004)
« Certains vous appellent « l’élite », je vous appelle ma base »
G.W. Bush à un parterre d’hommes d’affaire milliardaires (2004)
Les guerres entreprises depuis 1990 sont illégitimes et donc, en principe, ceux qui en ont pris la responsabilité devraient être jugés comme des criminels de guerre. G.W. Bush est allé encore plus loin que ses prédécesseurs démocrates dans la violation des lois internationales. L’ONU est traitée par les Etats-Unis - avec la complicité des autres nations – « comme le fut naguère la SDN par les Etats fascistes » (Samir Amin). Nader et Camejo ont demandé au Congrès de mener une enquête en vue d’une procédure d’Impeachment de G.W. Bush, en raison de l’illégalité et de l’inconstitutionnalité de la guerre contre l’Irak, particulièrement à partir des cinq plus gros mensonges (parmi lesquels les armes de destruction massive et la liaison Saddam Hussein-Al Quaïda) qui ont permis à l’administration Bush de « vendre » cette guerre au peuple américain. Le lavage de cerveau opéré principalement par les agences de marketing et la chaîne de Ruppert Murdoch « Fox News » a été si efficace que, malgré les démentis, une majorité des Américains continue de croire à ces mensonges … Par ailleurs, la collusion entre les faucons de Washington, fondamentalistes chrétiens, et les juifs ultra-sionistes (minoritaires), dénoncée par Ralph Nader, va permettre à G.W.Bush de récupérer une partie d’un électorat traditionnellement acquis aux démocrates.
Ralph Nader et Peter Camejo ont dressé le bilan du « conservateur compassionné » (« compassionate conservative », ainsi que Bush se définit) sur le plan de la politique intérieure. En trois ans, le nombre de pauvres a augmenté au rythme de plus d’un million par an, atteignant aujourd’hui le chiffre de 36 millions, soit 12,5% de la population ; 17,6% des enfants vivent au-dessous du seuil de pauvreté, surtout dans les familles d’Afro-américains. La politique du « No children left behind » (« Pas d’enfants laissés de côté »), votée également par Kerry, a conduit à la fermeture de nombreuses écoles des quartiers pauvres.
Les Etats-Unis sont classés par l’UNICEF au 34e rang sur 172 pour la mortalité infantile. Selon the Children's Defense Fund, un enfant américain sur cinq naît dans la pauvreté. Bush a refusé d’augmenter le salaire minimum, qui est actuellement de $5.15. Un travailleur à plein temps sur quatre gagne moins de $8.75 de l’heure. Près de la moitié de la baisse d’impôts votée en 2001 par le Congrès, qui a creusé le déficit et n’a bénéficié qu’au 1% des Américains les plus riches. Depuis 2002, les profits ont progressé de 50%, et les salaires de 0,8%.
« N’IMPORTE QUI SAUF BUSH » : LE HOLD-UP DES DEMOCRATES SUR LE MOUVEMENT PACIFISTE
Soudain pris de panique à l’idée que G.W. Bush pourrait être réélu, une partie des militants antiguerre, des écologistes et des altermondialistes ont abandonné celui qui porte leurs idées depuis des décennies, pour soutenir Kerry. (Cette révulsion anti-Bush est partagée par une partie des électeurs républicains, les « Republicans for Kerry », qui vont voter Démocrate pour la 1ère fois). Brusquement, des personnalités de gauche et des associations très actives dans le mouvement pacifiste se sont rassemblées autour d’un slogan dangereux, « Anybody But Bush » (ABB), ce qui laisse entendre qu’ils voteraient pour n’importe quel candidat fasciste se présentant contre le président sortant. Cette attitude dite du « moins pire » (« lesser evilism ») est pourtant irrationnelle et très dommageable pour le mouvement qui s’était développé depuis Seattle, considérant le programme du Démocrate Kerry, plus belliciste encore que celui de Bush et les leçons à tirer du passé.
UNE CAMPAGNE DE CALOMNIES ET D’INTIMIDATION SANS PRECEDENT DE LA PART DES « DEMOCRATES » POUR VOLER LES VOIX DU 3E PARTI DE RALPH NADER
« L’attitude antidémocratique du parti démocrate affaiblit notre démocratie déjà anémique »
M.Malewski
Articles, lettres ouvertes et pétitions demandant, sur la base d’arguments fallacieux, le retrait de la candidature Nader-Camejo (parfois seulement dans les « swing states », les Etats indécis) se multiplient, tant dans la presse officielle (New York Times, Washington Post, Wall Street Journal) que dans celle de la vieille gauche progressiste qui s’est embourgeoisée (The Nation, Mother Jones…) ; de nouveaux sites Internet ont été créés spécialement par les Démocrates et leurs satellites pour inciter les électeurs potentiels de Nader à « voter utile ». La campagne avait commencé dès 2003 sur le thème : « Ce n’est pas l’année ». Des équipes de « Démocrates » spécialement entraînées (peut-être rémunérées) sont envoyées systématiquement aux plus importants meetings des candidats Nader et Camejo pour gâcher leurs débats en empêchant le public de s’exprimer. D’autres équipes sont chargées d’intimider, voire de menacer les citoyens qui ont signé en leur faveur pour qu’ils retirent leur signature.
Pis, les « Démocrates » ont engagé des batailles juridiques dans plus de vingt états en vue de disqualifier un maximum de signatures pour interdire l’accès au scrutin des candidats , et de ruiner leur budget de campagne, déjà extrêmement réduit (le financement est assuré par les sympathisants, les dons n’étant pas déductibles des impôts), de l’équipe de Nader et Camejo. Le budget du 3e partie est cent fois moins élevé que celui des Démocrates. Les sommes faramineuses investies auraient été plus intelligemment utilisées pour mobiliser les non votants. Mais c’est le principe même d’un 3e partie puissant sur sa gauche qui fait peur aux Démocrates.
LA PEUR QUI DOMINE LA PRESIDENTIELLE A CONDUIT AU SUICIDE DE LA GAUCHE AMERICAINE
Les Républicains jouent sur la peur du terrorisme et les Démocrates, qui ont peur de Nader, jouent sur la peur de Bush pour capter les voix des progressistes. La campagne de Ralph Nader veut libérer les électeurs de cette peur, afin qu’ils puissent voter selon leurs convictions, leurs intérêts et leurs aspirations.
Même Noam Chomsky et Howard Zinn, l’auteur du best-seller « Une Histoire populaire des Etats-Unis», appellent voter Nader seulement dans les Etats où Kerry est sûr de l’emporter. Zinn affirme avec une naïveté déconcertante : « Je ne crois pas que Kerry puisse changer, mais avec lui il y a la possibilité qu’un puissant mouvement social puisse le changer, alors qu’avec Bush, il n’y a aucune chance. » Pourtant, ni la politique anti-sociale de William Clinton, ni sa politique d’agression à l’extérieur n’ont jamais fait sortir des foules de manifestants dans les rues. Et la fausseté de ce type d’analyse n’a cessé de se vérifier à travers le monde, à commencer en France.
De nombreux artistes, comme le cinéaste Michael Moore, qui a soutenu le général belliciste Wesley Clark (auteur de crimes de guerre en Yougoslavie) lors des primaires démocrates, font la même démarche. (M. Moore, dont « Fahrenheit 911» est loin d’être le meilleur des nombreux documentaires réalisés sur le sujet, aurait dû avoir la décence, à l’instar de la chanteuse Patti Smith, de ne pas officiellement prendre parti, d’autant que son soutien est jugé très encombrant par les Démocrates).
À l’opposé des personnalités qui cèdent à cet odieux chantage, qui a déjà fait perdre de six à sept points à Ralph Nader dans les sondages depuis le mois de mars, les « Verts pour Nader » et les « Démocrates pour Nader », l’extrême-gauche et une grande partie des pacifistes, pointent l’absence de différences entre les deux principaux candidats, estimant, à l’instar de l’intellectuel Alexander Cockburn, que « Nader accomplit son devoir ». En effet, « si les progressistes continuent de s’aligner sur le moindre mal tous les quatre ans, il n’y aura jamais de changement » (Peter Camejo). Pis, à force de profiter des votes pour « le moins pire » qui lui sont acquis sans conditions, le parti Démocrate n’a cessé de se positionner toujours plus à droite. Ainsi, au fil des décennies, les Démocrates au pouvoir n’ont cessé de surenchérir avec les Républicains en matière de mesures anti-sociales et de politique d’agression à l’extérieur.
LA MEMOIRE COURTE : LA POLITIQUE DES PRESIDENTS DEMOCRATES AU COURS DE L’HISTOIRE DES ETATS-UNIS
« A vote for John Kerry is a vote for War."
Ralph Nader, paraphrasant le slogan des Démocrates « un vote pour Nader est un vote pour Bush »
Aujourd’hui, ce sont deux candidats pro-guerre qui s’affrontent. Ralph Nader rappelle qu’en 1968, durant la guerre contre le VietNam, le même cas de figure s’était produit, avec les candidats Nixon et Humphrey. Et les leaders associatifs qui appellent les militants et sympathisants à donner un blanc-seing à Kerry, au prétexte qu’il serait « moins dangereux », oublient que c’est le Président démocrate Harry Truman (1945-1953), qui initia la guerre froide, mena une politique antisociale féroce (notamment contre les mineurs et les employés des chemins de fer) et lança les bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki en août 1945. De même que c’est Lindon B. Johnson - qui avait fait une campagne comme candidat de la paix contre le candidat va-t-en-guerre Barry Goldwater - et non Richard Nixon (1969-1974) qui est à l’origine de l’escalade de la guerre au VietNam en 1964. Plus tard, c’est Carter, et non Reagan, qui relança la guerre froide. Peu après le 11 septembre 2001, Hillary Clinton et Joseph Lieberman firent signer par la quasi-totalité des sénateurs démocrates une lettre demandant le renforcement du soutien à Israël.
« LE MYSTERE DES ELECTIONS DE 2004 » (PETER CAMEJO) :
KERRY, UN CANDIDAT BELLICISTE SOUTENU PAR UNE GRANDE PARTIE DES PACIFISTES
« Je ne reproche pas à Georges Bush d’avoir trop fait dans la guerre contre le terrorisme :
je crois plutôt qu’il n’en a pas fait assez. »
John Kerry cité par Greg Bates, p. 116.
« J’ai su commander des bombardements aériens, le lancement de fusées, des avions, des troupes et des hélicoptères. J’ai exercé d’importantes responsabilités… sur un bateau transportant des armes nucléaires (…). J’ai remplacé un lieutenant-gouverneur… »
John Kerry, The Time, 2 septembre 2004.
Paradoxalement, une partie des millions d’activistes, d’intellectuels et d’artistes qui n’ont cessé depuis 2001 de manifester contre la politique belliciste des Etats-Unis, prône aujourd’hui de voter Kerry, le candidat-girouette qui, après avoir adopté une position anti-guerre pendant les primaires du parti démocrate, pour battre son concurrent Howard Dean, s’est contenté ensuite de critiquer la gestion de la guerre par l’administration Bush, projetant même d’augmenter de 40.000 hommes les effectifs des troupes sur le terrain, en accentuant la participation internationale (comment le pourrait-il, à un moment où les troupes étrangères se retirent une par une du bourbier irakien ?). Sénateur depuis vingt ans, Kerry a voté pour l’invasion de Panama et la guerre en Afghanistan, et il a donné les pleins pouvoirs au président pour attaquer l’Irak en octobre 2002, alors que, selon la Constitution, c’était au Congrès qu’il revenait d’en décider par un vote. Cette disposition avait été établie par les Pères-fondateurs pour empêcher que la décision de déclarer une guerre puisse être prise par un seul individu ; elle ne pouvait être modifiée que par un amendement à la Constitution.
KERRY, UN FAUCON PLUS FEROCE QUE BUSH ?
« Kerry is outhawking George Bush »
Ralph Nader, le 6 octobre 2004 lors d’un meeting à Syracuse
Pis, Kerry a déclaré qu’il donnerait de nouveau carte blanche au président Bush et qu’il voterait de nouveau pour la guerre en Iraq, même en sachant ce qui se passe aujourd’hui, ce qui fait dire à Ralph Nader qu’il n’y a pas de fin à la surenchère (« me-too-ism ») de Kerry et de Bush à propos de l’Irak. Ce programme, soutenu par une partie des pacifistes, va à l’encontre de la volonté de la majorité des Américains, qui estiment que leur pays n’auraient pas dû envahir l’Irak (54% selon un sondage Gallup de juillet 2004), et qui se prononcent à 50% pour un retrait immédiat des troupes (Newsweek). Notons que les résultats fluctuent sans cesse, en fonction des dernières déclarations des uns et des autres, de l’échantillon de population retenu et de la façon de poser les questions.
La plate-forme démocrate épouse les points-clés du programme néo-conservateur. En résumé, John Kerry promet de mener la même politique que George W.Bush, mais de façon plus efficace. Comme l’écrit Peter Camejo, Kerry est moins « Bush lite » (version allégée) que « Bush smart » (un Bush intelligent). Voter pour la copie ou l’original n’infléchira pas la politique impériale des Etats-Unis.
Au fur et à mesure qu’il s’est démasqué, M. Kerry a reçu de plus en plus de subventions de multinationales, comme Lévi-Strauss, et de personnalités de la Silicon Valley, Fox News, Chrysler… Son programme en matière de politique internationale est, comme celui de Bush, fondé sur ce qui est le plus profitable pour les grosses multinationales américaines. Ainsi qu’un ancien diplomate américain l’annonçait cet été, si Kerry est élu, « Les Etats-Unis ne ratifieront ni le protocole de Kyoto, ni la convention d’Ottawa sur les mines antipersonnelles, ni la Cour Pénale Internationale… » (Time, 19 juillet 2004). Kerry s’est refusé à condamner les tortures pratiquées dans la prison d’Abu Graïb. Et peu importe l’étiquette du président des Etats-Unis aux civils irakiens bombardés, aux paysans colombiens victimes des escadrons de la mort, ni aux chômeurs américains mis à la rue.
Par ailleurs, John Kerry soutient la politique criminelle de Sharon contre le peuple palestinien. Il voit le mur de l’Apartheid comme « un acte de légitime défense » et se prononce pour l’élimination de Yasser Arafat « qui n’est pas un partenaire acceptable. » Le gouvernement américain, avec le soutien des deux grands partis, finance la guerre contre le peuple palestinien au prix de 15 millions de dollars par jour. Comme les Républicains, il refuse aux Palestiniens le droit au retour. Après que l’administration Bush eut donné à Ariel Sharon le feu vert pour déclencher sa campagne de terreur, John Kerry publia un article intitulé "La cause d’Israël est celle de l’Amérique ». Selon Greg Bates, « Les positions anti-palestiniennes de Kerry frisent le pathologique. » (Dime’s Worth of Difference, p. 126). De son côté, G.W. Bush envisage « la création d’une zone de libre-échange Etats-Unis/Moyen-Orient d’ici une décennie. » (9 mai 2003).
John Kerry préconise une attitude plus ferme en vue de se débarrasser rapidement des régimes de Chavez et de Fidel Castro. Il a voté, ainsi qu’Howard Dean, pour le Patriot Act (26 octobre 2001) qui a considérablement restreint les libertés individuelles et plongé le pays dans un néo-maccarthysme, et il a promis d’intensifier la « guerre contre le terrorisme » s’il est élu. Sur le plan de la politique intérieure, son premier objectif est de réduire le déficit, ce qui est incompatible avec la création d’emplois.
Ainsi que l’écrit Peter Camejo : « Le plus grand mystère de cette campagne est que l’immense majorité des électeurs qui se prononcent en faveur du vote Kerry-Dean sont opposés à leur programme ». Vue de France, cette situation a un air de déjà-vu.
LE PROGRAMME NADER-CAMEJO : UN PROGRAMME AUX ANTIPODES DE CELUI DU PARTI UNIQUE DES « REPUBLICRATES »
Ralph Nader prouve depuis quarante qu’il sait prendre les moyens pour faire appliquer ses idées. Malheureusement, il n’aura pas encore cette fois l’occasion de présenter son programme aux Américains lors des grands débats télévisés qui déterminent l’issue du scrutin…
LA SEULE CANDIDATURE OPPOSEE A LA POLITIQUE D’AGRESSION DES ETATS-UNIS
La candidature Nader-Camejo est la seule candidature anti-guerre, avec celles de l’extrême gauche. Ralph Nader presse les Etats-Unis de fixer une date pour le retrait rapide des troupes, des mercenaires et des multinationales comme Halliburton (liée au vice-président Dick Cheney) pour restituer à l’Irak une véritable souveraineté le plus tôt possible : « La spirale de la violence ne s’arrêtera pas tant que ce double retrait ne sera pas effectué ». M. Nader, qui avait inlassablement dénoncé l’embargo décrété en 1990, veut arrêter le processus d’embourbement en Irak, qui fait de plus en plus de victimes. Selon la revue médicale anglaise « The Lancet » (28/10/04), 100.000 civils irakiens auraient été tués depuis le début de l’invasion - sans compter les blessés, souvent handicapés à vie. L’occupation augmente l’insécurité dans la région, avec des coûts financiers énormes pour les USA : plus de 155 milliards de dollars ont déjà été dépensés pour la guerre. Le budget militaire des Etats-Unis dépasse celui de l’ensemble des autres pays du monde réunis. Comment Kerry compte-t-il financer la politique sociale qu’il promet aux pauvres – au moment où l’écart est plus serré que jamais entre les deux candidats – tout en augmentant les dépenses militaires, qui ont déjà ruiné le pays et jeté des millions d’Américains au chômage ou à la rue, et détruit le système éducatif ?
D’abord réformer la loi électorale
Ralph Nader pense que la priorité pour rétablir la démocratie est de réformer la loi électorale par un financement des campagnes avec l’argent public. Le jour du scrutin devrait être férié et les citoyens privés injustement du droit de vote rétablis dans leurs droits.
RESTAURER DES LIBERTES INDIVIDUELLES, PROMOUVOIR LA JUSTICE SOCIALE ET LES DROITS DES MINORITES
« Trois mille personnes sont mortes le 11 septembre 2001, Mais un nombre supérieur de personne meurent chaque mois des conséquences de la politique anti-sociale du gouvernement en matière d’emploi, de conditions de travail et de santé, et personne ne pleure ces morts-là !»
Ralph Nader, 11 septembre 2004
Sur le plan de la politique intérieure, ils proposent des mesures concrètes en faveur de la Justice sociale, de protection des libertés individuelles, comme la révocation du Patriot Act.
Ralph Nader et Peter Camejo se sont toujours battus pour une juste répartition des richesses, condition à la Paix dans le monde. Ralph Nader dénonce depuis des décennies au fil de ses articles et de ses livres la mainmise des multinationales sur la politique et les effets destructeurs de la mondialisation ultra-libérale sur l’environnement, les systèmes de santé, de protection sociale et d’éducation, et les libertés publiques.
Pour la démocratisation des lois du commerce international
Le combat contre le pouvoir des multinationales, et leur condamnation pour leurs abus et leurs crimes est une priorité. Les Etats-Unis doivent se retirer de l’ALENA et de l’OMC. La démocratisation des lois du commerce implique de faire participer aux décisions les associations de défense de l’environnement, les travailleurs et les consommateurs.
Pour l’instauration d’une couverture médicale universelle
L’instauration d’une couverture médicale universelle garantirait à tous les citoyens l’accès aux soins, alors que le nombre d’Américains sans couverture de santé ne cesse d’augmenter, dépassant aujourd’hui le chiffre de 45 millions. (Selon l’académie des sciences américaine, cette situation entraînerait le décès de 18.0000 Américains chaque année). Le nouveau système de protection sociale proposé permettrait de réaliser également d’importantes économies grâce à une plus grande rationalisation. En effet, les Etats-Unis sont le pays qui a les grosses dépenses de santé au monde, et la tendance est toujours à la hausse, alors que l’OMS les classe en 37e position pour la qualité de leur système de santé.
La diminution drastique des dépenses militaires permettrait de financer une éducation de qualité pour tous - alors que des millions d’enfants sont laissés pour compte chaque année - et d’investir dans les infrastructures qui ne cessent de se dégrader, en favorisant le développement de vrais emplois.
Pour l’abolition de la peine de mort et la réforme du système carcéral
Depuis toujours adversaire résolu de la peine de mort, Ralph Nader préconise une réglementation sévère du port d’arme et s’oppose à la coûteuse guerre contre la drogue qui n’a conduit qu’à une augmentation de la criminalité et fait des Etats-Unis « le plus grand geôlier du monde. Il estime nécessaire une réforme du système carcéral, qui a fait des prisons l’une des industries les plus prospères du pays. (« Le principal programme de logement dans ce pays consiste à construire des prisons »). Il propose que la dépendance aux drogues illicites soit traitée comme un problème médical et de trouver des solutions non-violentes pour enrayer ce fléau (à l’origine lancé comme une arme contre la politisation des ghettos noirs).
Protéger l’environnement : pour la sortie du nucléaire et des énergies fossiles, le développement des energies propres , l’application du principe pollueur/payeur
Dans le domaine de l’environnement, il préconise de développement des énergies renouvelables, la politique énergétique basée sur la dépendance au pétrole et au nucléaire ayant fait la preuve de sa dangerosité et de son inefficacité. Ralph Nader, qui a été l’un des pionniers des luttes anti-nucléaires, et a contribué à stopper la construction des centrales aux Etats-Unis après l’accident de Three-Miles Island (Pennsylvanie, 1979) préconise une politique audacieuse qui permettrait de sortir du nucléaire en cinq ans et de se passer totalement des énergies fossiles en dix ans, grâce un transfert de subventions.
Il préconise aussi le transfert des subventions de l’agriculture industrielle à l’agriculture biologique et la protection des petits fermiers, acculés à la faillite par les grosses firmes agroalimentaires qui ont prospéré depuis le subventionnement massif initié sous l’administration Clinton. Il renforcerait les lois sur l’Air, sur l’Eau (qu’il a lui-même fait voter), et le principe du pollueur-payeur (grâce à une loi engageant leur responsabilité des industriels tout au long du cycle de leur activité), les normes de rejet des produits toxiques dans l’environnement, avec un objectif de 0% émission. Le recyclage des ordures ménagères devrait être généralisé. Un agenda national de substitution de matériaux sains aux matériaux chimiques serait établi. L’exportation des déchets devrait être stoppé. L’étiquetage des produits contenant des OGM serait rendu obligatoire (les anti-OGM français estiment cette mesure beaucoup trop modérée, les organismes génétiquement modifiés contaminant inexorablement l’ensemble de la planète).
Pour une loi interdisant le brevetage du vivant
Ralph Nader pense que la liberté du commerce est un leurre et, qu’en réalité nous vivons « dans une forme de fascisme dominé par les multinationales qui rêvent de changer la nature des choses et de contrôler les ressources génétiques universelles par des brevets monopolistique ». C’est pourquoi l’élaboration de lois » interdisant le brevetage du vivant, en commençant par le domaine génétique », est une priorité, « la mentalité mercantile (étant) indifférente aux conséquences écologiques à long terme. » (Libération, 4-5 décembre 1999).
Combattre « l’autre antisémitisme »
Ralph Nader dénonce « l’autre anti-sémitisme » dont font l’objet les Américains d’origine arabe depuis 2001 (soupçons, insultes, agressions…), rappelant qu’ils sont aussi des sémites. La Ligue Anti-Diffamation (ADL), organisation de défense sioniste, a accusé Ralph Nader d’antisémitisme pour avoir dit que les locataires de la Maison Blanche étaient des marionnettes actionnées par A. Sharon (Washington Post, 20 Août 2004). Ralph Nader lui répond en citant la blague des Israéliens : « Les Etats-Unis sont le second Etat d’Israël », et le mot du double-prix Pulitzer Thomas Friedman, spécialiste du Moyen-Orient : “M. Sharon tient le leader Palestinien Yasser Arafat prisonnier dans son bureau de Ramallah, et George Bush comme prisonnier dans son bureau oval. M. Sharon encercle M. Arafat avec des tanks, et M. Bush est encerclé par les lobbys juifs et fondamentalistes chrétiens, et par le preneur d’ordre de Sharon, Dick Cheney » (5 février 2004). Les présidents américains seraient en quelque sorte ainsi les otages « des lobbies pro-israéliens… qui accordent leurs voix en fonction du soutien accordé à Tsahal ». Regrettant que les derniers présidents des Etats-Unis aient refusé d’entendre les voix des mouvements pacifistes palestiniens et israéliens (comme Betselem et les refuzniks), il rappelle que ni le Congrès ni la Maison-Blanche n’ont jamais osé contrarier les positions de l’Etat d’Israël depuis 1956.
RALPH NADER : « DECLAREZ VOTRE INDEPENDANCE : VOTEZ SELON VOS CONVICTIONS, PAS SOUS L’EMPRISE DE LA PEUR »
« Quand nous soumettons notre vote à la peur plutôt qu’à l’espoir, nous abandonnons notre volonté de changer le monde.(…). Comment un 3e parti fort pourrait-il être construit aux Etats-Unis si les votes ne reflètent pas les convictions des citoyens ? »
Medea Benjamin et Rebecca Kaplan en réponse à Michael Lerner, « Refusons la politique du moins pire », Tikkun magazine, Sept-oct. 2000.
Ralph Nader ne pourra être élu, et son score sera loin de refléter son audience réelle dans l’électorat américain. Mais, si la loi électorale changeait, le score du 3e parti pourrait, selon certains politologues, attendre 30% des voix, montrant au monde que les Américains (dont un sur deux seulement vote) aspirent à une autre politique, non régie par les intérêts du complexe militaro-industriel et des multinationales. Ralph Nader ne mendie pas les voix des progressistes : il demande simplement à chaque citoyen de voter « selon sa conscience », quel que soit son choix. Par ailleurs, l’élection aux USA, qui prétendent gouverner l’ensemble de la planète, concerne tous les citoyens du monde, qui devraient logiquement prendre part au vote ! En attendant, faisons nôtre la maxime de Ralph Nader : « There is no democracy without daily citizenship » (« La démocratie ne peut pas exister si l’on agit pas chaque jour en tant que citoyen. »).
Joëlle PENOCHET
30 Octobre 2004 (extraits d’un ouvrage à paraître début 2005)
Ó 2004 Reproduction partielle ou intégrale permise seulement pour un usage équitable, et avec la mention de l’auteure et de la source. Reproduction permitted for fair use only.
NB : Cet article est susceptible d’être actualisé après la campagne présidentielle.
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Quelques ouvrages de référence sur la politique des Etats-Unis
90. ALI, Tariq : Bush à Babylone, La recolonisation de l’Irak, La Fabrique éditions, Paris, 2004. Titre original : Bush in Babylon: the Recolonisation of Iraq, Verso , London, 2004.
91. L’Empire en guerre, Le monde après le 11 septembre, ouvrage
92. AMIN, Samir, Noam Chomsky, Jean Ziegler et alii : L’Empire en guerre, Le monde après le 11 septembre, EPO, Bruxelles, 2001.
93. AMIN, Samir : USA, L’hégémonisme des Etats-Unis et l’effacement du projet européen. Face à l’OTAN, Le combat pour un monde multipolaire et démocratique, L’Harmattan, Paris, 2000.
94. BENJAMIN, Jean Marie : Irak, l’apocalypse, Favre, Paris, 1999.
95. BLUM, William : Rogue State, A guide to the World’s Superpower, Z Books, London, 4th edition, 2003 (traduit en français sous le titre : « L’Etat-voyou », L’Aventurine, Paris, 2002).
96. BRZEZINSKI, Zbigniew : Le grand échiquier, L’Amérique et le reste du monde, Hachette Littératures, Paris, 1997. Préface de Gérard Challiand.
97. CHOMSKY, Noam : Le Nouvel Humanisme militaire, Leçon du Kosovo, Editions Page deux, Cahiers Libres, Lausanne, 2000. Préface de Gilbert Achcar.
98. CHOMSKY, Noam : De la guerre comme politique étrangère des Etats-Unis, 2e édition, Agone, Paris, 2002. Prologue de Howard ZINN, Postface de Jean BRICMONT.
99. CHOMSKY, Noam : Manufacturing Consent, Panteon Books, New York, 1988, Traduit en français sous le titre : La fabrique de l’opinion publique, La politique des medias américains, Le Serpent à plumes, Paris, 2003.
100. CHOMSKY, Noam, CLARK, Ramsey, SAÏD, Edward W : La loi du plus fort, Mise au pas des Etats-voyous, Le Serpent à Plumes, Paris, 2002.
101. COCKBURN, Alexander, St CLAIR, Jeffrey : Dime's Worth of Difference: Beyond the Lesser of Two Evils, 2004, AK Press/CounterPunch Books, 2004.
102. COLLON, Michel : Monopoly, l’OTAN à la conquête du Monde, EPO, Bruxelles, 2000.
103. KNIGHLEY, Philip : The first Casualty, The war Correspondent as hero, propagandist and myth-maker from the Crimea to Iraq, Andre Deutsch, London, 2003.
104. LEWIS, Charles : The Bying of the President 2004, Who’s really Bankrolling Bush and his Democratics challengers – and what they expect in return, Perennial, New York, 2004.
105. PILGER, John : The New Rulers of the World, Verso, London, 2002.
106. PILGER, John : Hidden Agendas, Vintage, London, 1998.
107. SCHLOSSER, Eric : Fast Food Nation, Houghton Mifflin, New York, 2001.
108. SHIVA, Vandana : Le terrorisme alimentaire, Comment les multinationales affament le Tiers-Monde, Fayard, Paris, 2001.
109. ZINN, Howard : A People’s History of the United States, HarperCollins, New York, 1995.
Voir aussi les numéros de Manière de Voir, bimestriel édité par le Monde Diplomatique, consacrés aux Etats-Unis.
SITES A CONSULTER
SUR LES ELECTIONS AMERICAINES ET LA CAMPAGNE DE RALPH NADER
ORGANISATIONS ET SITES DE RALPH NADER OU LE SOUTENANT :
http://www.votenader.org (site officiel de la candidature Nader-Camejo)
http://www.votecamejo.org
http://www.thenaderletter.com
http://www.letnaderdebate.org
http://www.nader.org
http://www.nader.org/nader_letter (articles de Ralph Nader)
http://www.naderbiography.com
http://greensfornader.net (Verts pour Nader)
http://www.arabamericansfornader.org
http://muslimsfornadercamejo.blogspot.com
http://www.ralphnadergoodfight.com
http://www.sacgreens.org
http://studentsfornader.blogspot.com
http://www.democracynow.org
http://www.fairvote.org (pour une réforme de la loi électorale)
http://www.isr.org
Des sites de quelsques-unes des associations fondées par Ralph Nader depuis 1971 :
http://www.citizen.org
http://www.citizenworks.org
http://www.essential.org
http://www.publicitizen.org
http://www.publicintegrity.org
Parmi les autres associations, organisation et sites opposés au vote pour le candidat démocrate :
http://www.answercoalition.org (co-organise les principales manifestations)
http://www.counterconvention.org
http://www.iacenter.org (fondé par Ramsey Clark)
http://www.peoplejudgebush.org (fondé par Iacenter)
http://www.wsws.org (version en français)
http://www.workers.org (socialiste, présente un candidat)
Autres sites :
En Français :
http://bellaciao.org/fr/
http://www.geostrategies.net
http://www.infoguerre.com
http://iraqtual.com
http://www.indymedia.org
http://www.lalibre.be
http://www.lautrinfo.org
http://www.lautjournal.info
http://www.monde-diplomatique.fr
http://www.oulala.net
http://www.ptb.be
http://quibla.net
http://www.reseauvoltaire.net
http://www.terredescales.org
http://www.transfert.net
http://www.solidaire.org (en français et en anglais)
En Anglais :
http://www.accuracy.org
http://www.alternatives.ca
http://:http://www.antiwar.com
http://www.btl.org (audio)
http://english.aljazeera.net
http://www.antiwar.com
http://www.betselem.org (le site des pacifistes israéliens)
http://www.bringthemhomenow.org
http://www.centcom.mil/CENTCOMNews/casualties.asp (recense les victimes US)
http://www.citizenworks.org
http://www.commondreams.org (excellent portail)
http://www.corpwatch.org
http://www.counterpunch.org (le meilleur magazine américain)
http://www.covertaction.org
http://www.disinfopedia.org
http://www.dissidentvoice.org
http://www.electroniciraq.net
http://www.electronicintifada.net
http://endthewar.org
http://www.fair.org (observatoire des media)
http://www.fromthewilderness.com
http://www.fpif.org (Foreign Policy in Focus)
http://www.globalresearch.ca (quelques articles traduits en français)
http://www.independent.co.uk (articles de Robert Fisk)
http://www.indymedia.org (agence de presse alternati