Perou // MOUVEMENT RAIZ: CONSTRUIRE UNE DEMOCRATIE RADICALE by Movimiento Raíz Wednesday, Oct. 20, 2004 at 2:55 AM |
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CONSTRUIRE UNE DEMOCRATIE RADICALE jarjacha@indymedia.org
MOUVEMENT RAIZ: CONSTRUIRE UNE DEMOCRATIE RADICALE
Manifeste *
A la suite de la défaite historique vécut par les mouvements populaires à l’échelle planétaire et de l’offensive du Capital et, dans un contexte de profonds changements dans tous les domaines de la vie, nous nous trouvons dans un tournant historique, dans une crise d’avancée de la civilisation, qui part des fondements mêmes de ceux qui ont soutenu la civilisation moderne. Embranchement qui peut définir le cap de l’histoire pour plusieurs années, pour une vie meilleure ou à la situation de guerre permanente (écologique, économique, militaire, culturelle, etc.) que favorisent les puissants du monde pour maintenir leurs privilèges et qui met en danger la subsistance même de l’espèce.
Face à cette nouvelle scène contemporaine, nous projetons de nouvelles exigences : réfléchir sur ce qui a eu lieu et sa signification. La nécessité de trouver de nouvelles routes- théoriques et pratiques pour l’émancipation humaine, radicales (qui se dirigent vers les racines) et qui dépassent le possibilisme et le dogmatisme de ceux qui, jusqu’à maintenant, ont orienté les chemins qu’a pris la lutte populaire. Une nouvelle politique qui ne soit pas la lutte par capacité, couches, d’un pouvoir dont on ne peut rien changer ou seulement administrer l’ordre établit. Mais une politique qui signifie la résistance de la vie face à l’oppression, la puissance de la capacité créative et transformative des hommes sur leurs conditions d’existence qui est la substance de l’histoire. Une politique qui part des circonsta nces où se développent et se produisent les liens et les pratiques sociales et esquivent la virtualité de la « démocratie méthodiste » actuelle, qui exproprie les capacités des peuples pour créer sa propre vie. Ceci part de nos racines et s’exprime dans le défi historique de construire le socialisme depuis notre spécificité comme membres d’un pays avec divers peuples, d’une Amérique Latine qui résiste à l’impérialisme, d’un monde dans lequel émerge un mouvement pluriel anticapitaliste. Nous sommes passés par des moments de grandes incertitudes, comme d’intuitions que l’on rencontre chez certains compagnons, qui dénotent le surgissement d’une nouvelle époque. Des années durant lesquelles on a observé la manière dont les expériences potentielles surgissent. Celles-ci montrent les chemins émancipatoires qui répondent aux exigences idéologiques, dépassant les influences des expériences et des idéologies, qui ne se sont pas convertie s réellement à une forme radicale. De longues années de lutte contre la dictature, ainsi que contre ceux qui sans le moindre regard historique, persistent dans le dogmatisme, le pragmatisme, l’électoralisme ou la violence et les perceptions noués par le pouvoir.
De nos jours, nous atteignons donc une nouvelle étape, fruit des expériences qui se rencontraient sur le chemin. En elle, avec un gouvernement et des forces politiques erratiques qui n’ont pour seule signification la continuité- nous avons décidé d’impulser un projet collectif qui prend sa source dans la multiplicité de ses pratiques, conscient que la socialisation du pouvoir est une tâche permanente que l’on doit exprimer dans une articulation décentralisée et horizontale et le maintien des autonomies, qui mise sur une transformation historique du pays, à la construction ici et maintenant d’un Pérou nouveau dans un monde nouveau.
Nous publions ici notre premier manifeste, qui sera en permanente construction et débat et qui essaie de dessiner notre vision du futur, nos horizons de ressentis.
Il a été approuvé dans notre rencontre fondatrice dans laquelle nous réunissons des compagnons du Collectif Socialiste La Hormiga de Cusco, Le Mouvement Villa Verde de Villa el Salvador, le Collectif Amauta et l’Institut Runa de Alianza Para una Cultura de Derechos y Venas Abiertas d’Arequipa, activistes se consacrant au travail sur l’inter culturalité de Huancayo et Iquitos, ainsi que la défense des droits à la diversité sexuelle.
Nous convoquons à tous ceux qui partagent la perspective de lutter contre toute forme de pouvoir oppressif, de forger une volonté collective et construire un sujet pluriel et autonome dans le domaine populaire à se réunir dans notre travail.
Article 1 :
Après plusieurs tentatives et recherches, divers militants dans des noyaux et pratiques sociales de construction politique alternative au Pérou, comme des expériences d’autogouvernement communautaire, des savoirs libertaires, contre-culture, démocratie syndicale, droits de l’homme, droits des minorités sexuelles, équité de sexe, inter culturalité et autodétermination indienne, nous sommes arrivés à une articulation plus grande, non en terme « d’une idéologie ou un programme qui s’ajuste de manière circonstancielle, mais par une approche horizontale des ressentis, qui va plus loin des conditions présentes, permet d’imaginer et construire une alternative de société essentiellement différente.
Nous faisons le pari sur une manière horizontale vitale qui transcende le libéralisme et ses valeurs, qui maintient le caractère critique et alternatif du socialisme face à la société capitaliste et à la civilisation qui la soutien, ainsi que face aux diverses versions autoritaires du socialisme. Après l’échec historique de la gauche étatisée, que se soit dans ses versions militaristes ou électorales, nous proposons une alternative qui récupère la politique comme action éthique collective qui réorganise les bases de coexistence humaine, pour la réussite d’un bien-être basé sur la pacification de l’existence dans un cadre de liberté et de justice sociale, que, pour autant, transcende l’administration de ce qui existe et le possibilisme médiocre.
Article 2 :
Nous organisons une nouvelle radicalité qui se conçoit comme questionnement des racines aliénantes de la société actuelle (distinct de l’extrémisme), récupérant la politique comme pratique créatrice et transformatrice, se focalise sur un monde sans aucune forme d’oppressions. Qui recadre et décentralise la contradiction capitale travail, articulant toutes les luttes contre les relations oppressives de pouvoir dans tous ses espaces : travail, état, sexe, préférence sexuelle, cultures, environnement et imaginaires. Une alternative de civilisation à laquelle nous nommons le socialisme, qui s’enrichit par les différentes expressions contre culturelles et les critiques civilisatrices, qui s’expriment maintenant dans les mouv ements contre la globalisation néolibérale et le capitalisme. Qui prend ce qui est nécessaire de la tradition, mais qui ne s’attache à aucun dogme, ancien ou nouveau.
Quand nous affirmons que notre proposition et notre critique sont d’avancée civilisatrice, nous situons notre approche à un niveau radical (raciale, de racine) d’un questionnement des fondements ontologiques et valorisant, des manières de voir le monde, sentir, expérimenter le monde et la vie, ainsi que le poste et la fonction de l’homme dans ce monde. Des fondements qui soutiennent la civilisation moderne et ont conduit aux actuels obstacles qui caractérisent la vie contemporaine, jusqu’au point de remettre en question la viabilité de la continuité de la vie humaine ou au moins d’une vie réellement humaine sur la terre.
Article 3 :
Nous luttons pour une société dans laquelle priment comme valeur le bonheur et le bien-être humains, comme culture des potentiels créatifs. On a mis en avant de nos capacités destructrices celles créatrices, jusqu’à mettre en danger notre propre existence et celle du monde entier. Mais ceci répond à des circonstances historiques modifiables. Nous ne croyons ni en des ontologies a-historiques, ni dans la nécessité immanente du développement historique de l’humanité. Le bonheur et le développement de tous les potentiels humains qui enrichissent la vie sont mis en pari comme établis dans notre volonté. Ce sont des possibilités auxquelles nous aspirons et qui dépendent principalement de notre action, dans une relation dialectique entre circonstances qui conditionnent le présent et l’action humaine qui ouvrent le futur.
Article 4 :
Une société où se développe la diversité humaine, où soit fondamental la réalisation de chaque être humain et collectivité. Que chaque être humain et peuple puissent se convertir en sujet parce que la société leur offre cette possibilité, ce qu’il requiert, à la fois, l’abolition de toute forme de pouvoir qui convertit les personnes, les peuples ou la nature en objets. Où soient des valeurs fondamentales l’autonomie individuelle, l’autonomie collective et l’altérité qui permettent des relations horizontales entre différences, ce qui suppose la rencontre, la coexistence culturelle et la solidarité. Une société qui résout de manière dialectique la relation entre l’individuel et le collectif. Où la liberté de l’un, s’arrête là où commence celle de l’autre. La société actu elle s’appuie sur l’Hégémonie de la position capitaliste (marchandisation de tout), qui a réussi à s’ériger comme pensée et pratique « unique ». Nous devons construire une autre hégémonie politique et culturelle, une position libertaire, qui se dissémine et s’incarne dans l’ensemble de pratiques sociales.
Article 5 :
Nous considérons que, sous l’impulsion de perspectives lucides comme celles de Mariategui, Churata, Arguedas ou Flores Galindo, qui nommèrent l’attention au respect, la gauche péruvienne prisonnière du culte au progrès linéal et les cadres ontologiques et valorisant modernes fonctionnels au culte fétichiste de l’autorité et l’efficacité qui conduit à l’aliénation de la vie humaine, se situait de dos à certaine tradition de civilisation alternative et, même plus, a contribué à son siège et anéantissement. Dans les cinquante dernières années, décennies de culte au développement, disparurent pour toujours 11 ethnies amazoniennes et on trouve au point de disparaître 18 autres cultures similaires, avec lesquelles des univers riches et des modes de compréhension du monde disparaissent. Nous revendiquons pour cela l’horizon civilisateur in dien (andins, amazoniens et yungas) puisque chaque culture possède une valeur intrinsèque et fait parti de la richesse créée par l’humanité, toujours pour autant patrimoine commun à préserver. Nous reconnaissons le potentiel créatif de la multi culturalité, et nous misons pour la multiplicité et la diversité qui permettent le déploiement et la jouissance de la vie. Notre revendication de l’horizon civilisateur indien a une intention symbolique d’affirmation dans nos racines, de pari pour les plus grands défenseurs du dit horizon, humiliantes et rapprochées. Ceci constitue une revendication d’une culture, de sensibilité, d’éducation, d’instruction, de soin de la vie, avec un profond sentiment de la terre et du corporel, une culture qui reconnaît dans le monde une dimension sacrée immanente qui la rend valeur de donner la culture et de soigner. Une culture qui conçoit le monde comme un tissu de relations avant même un agrégat aléatoire d’individualités substantives en elles-mêm es. Une culture, qui pour le moins, favorise une position de communauté et de responsabilité sociale entre les hommes et la nature.
Article 6 :
Sous le capitalisme, le travail suppose unilatéralité et aliénation du travailleur dans sa relation avec le produit de son travail, à l’ensemble de ses liens sociaux et la nature. Les peuples et leurs traditions culturelles, connaissances et formes de reproduction sociale aussi sont spoliés. Le capitalisme cherche l’homogénéisation et modèle au monde à son image et similitudes, imposant une monoculture asphyxiante qui anéantit toute identité ou pratique alternative, et impose un modèle de vie excluant. De nos jours, il est possible de satisfaire les besoins de bases de la population mondiale, cependant ils prévalent la destruction et la mort pour garantir le frénétique consumérisme d’une minorité chaque fois plus réduite.
Notre pari éthico politique délivre des modes alternatifs d’expérimenter le travail. Dans l’actuel horizon civilisateur, le travail consiste en une peine ou une punition, l’activité productive humaine s’organise dans une position aliénable. Dans ce cadre, nous revalorisons la vie andine du travail partagé comme célébration, rituel et jeu, un travail gratifiant et véhiculant. La notion judéo-chrétienne du travail est d’atteindre une sorte de paradis pour ne plus travailler, c’est abolir le travail en l’honneur de la rédemption, et terminer enfin, avec la punition imposée par le pêcher. Nous pensons que l’idéal socialiste du travail doit être de libérer le travail dans sa logique aliénante, triste, oppressive, pour chercher sa transmutation, dans un sentiment ludique, joyeux, de célébration, qui reste toujours vivant dans certaines de nos manifestations culturelles et ancestrales.
Article 7 :
L’homme est nature, et même plus, nature auto consciente, et notre appropriation de la nature ne doit jamais mettre en risque sa propre capacité de reproduction. La réalisation humaine suppose l’appropriation consciente et régulée de la nature, et la conscience de notre appartenance à elle. Le capitalisme exacerbe la séparation entre nature et société, et il est impotent pour s’approprier de manière responsable d’elle, parce que prend comme intérêt dominant l’accumulation et la valorisation du capital.
Article 8 :
La structure sociale se fonde en les pratiques sociales, et à partir de là, que l’on doit intervenir pour changer la corrélation de forces et construire une autre hégémonie et autre société. Ceci signifie questionner les pratiques politiques traditionnelles qui ont échouées dans le renforcement de l’ordre existant à travers l’acceptation de la séparation entre la politique et la vie quotidienne, entre le social et le politique, qui privilégiait la représentation détériorant la participation, la gestion détériorant la pratique concrète transformatrice.
Article 9 :
Toute lutte sociale, est une lutte politique, en partie, s’exprime en intégralité. On doit croiser le cadre de l’économisme à celui de lutte politique qui passe seulement par l’électoral, qui ne change pas par elle-même la corrélation de forces, ni ne la fait prendre le pouvoir par une organisation armée. Nous devons arrêter de s’opposer et de nier simplement notre construction dans une alternative qui est en cours de réalisation à travers l’avancée et la prise de pouvoir de sujets pluriels.
Article 10 :
La légitimité politique n’est pas seulement juridique, mais fondamentalement éthique. Le capitalisme nous place dans une vie politique éloignée, dans laquelle ses institutions nous apparaissent comme étrangères et oppressives, des représentants d’intérêts de quelques uns ou de valeurs invisibles. Nous ne concevons pas le pouvoir politique comme quelque chose d’essentiellement mal ou nocif, mais comme une société libre, ce pouvoir sous la socialisation permanente, est une condition de notre réalisation personnelle et collective, que le contrôle des ressources collectifs que ce soit la participation politique des divers secteurs sociaux, à travers d’institutions qui refusent les conflits et forgent les consensus.
Article 11 :
Face à un Etat concentrateur et excluant, nous impulsons une autre institution alité nationale dans laquelle on voit s’exprimer l’ensemble des intérêts sociaux et un pouvoir socialisé et légitime. Nous devons aller au de là de l’Etat capitaliste fondé de façon violente et de la démocratie entendue seulement comme régime politique. Nous misons sur un Socialisme Alternatif qui va au de là de l’étatisme, dans lequel toujours existeront des formes institutionnelles imparfaites, mais qui ont comme horizon la dissolution de l’Etat dans la « société civile » et la démocratie comme forme de vie, comme tâche de socialisation permanente du pouvoir. Tout cela est une démocratie radicale, autogouvernement, réalisation pleine de l’autonomie et de la solidarité.
Article 12 :
Nous remettons en question le modèle de développement et de progrès qui impose le paradigme occidental et moderne hégémonique, qui avec une logique colonisant décide de ceux qui sont développés et quel développement est celui que nous devons trouver. On parle d’un modèle partagé par les expériences de la modernité, déjà dans leurs versions « socialistes » ou capitalistes : un model industrialisé, post industrialisé, colonialiste, impérialiste et maintenant globalisante. Un paradigme dépréciateur et irréalisable, parce que mène à l’effondrement de l’environnement global, en plus de l’exiger, de manière structurelle, des masses de « sous-développés » et nuits pour le bénéfice de certains qui sont « développés ». Une promesse qui fait l’hypothè se du présent et exige la souffrance perpétuelle en l’honneur d’un futur meilleur qui n’est jamais atteint. Un « développement » irresponsable tant avec les générations vénéneuses, qu’avec les non hommes pour lesquels nous sommes mutuellement utiles.
Article 13 :
Nous aspirons à une économie en fonction de la réalisation humaine. Le capitalisme et le libre marché triomphants se présentent comme naturels et nécessaires, mais sont historiques, n’ont pas toujours existé et d’ailleurs ne vont pas forcément toujours exister. Leurs lois nous mènent à une société meilleure, génèrent chaque fois une plus grande concentration de la richesse, des inégalités profondes, contraignent l’autonomie et vont contre notre réalisation intégrale. Nous considérons fondamental le contrôle croissant du marché pour la société ainsi que le développement d’une économie solidaire basée sur la réciprocité, qui consiste au contrôle social des ressources et moyens de production, dans l’existence de formes d’autogestion, propriété et planification sociale, dans laquelle la valeur d’usufruit soit prédominante face à la valeur de changement.
Article 14 :
La construction de savoirs libertaires. L’actuel ordre mondial et sa structure de pouvoir se soutiennent sur une sorte de science et de technologie qui s’articule à ses intérêts. La science et la technologie actuelles ne sont pas neutres, et en plus, elles se prévalent comme l’unique forme légitime de connaissance dépréciant celle que les peuples ont travaillé au long de leur expérience sur la terre. De cette manière, l’homme commun au lieu de rencontrer le monde plus compréhensible, se montre chaque fois plus dépendant et délègue sa capacité créative, ses décisions aux mains des experts, des technocrates, de ceux qui « connaissent ». Les actuels budgets de leurs « spécialistes », l’arrière-plan éthique et les projets, pour ceux qui sont fervent, sont ignorant et agissent sans responsabilité. Pour cela, nous miso ns pour un type de science, de technologie qui s’oriente à l’émancipation humaine, non à la reproduction coloniale des savoirs qui nous oppriment et qui se sont convertis en l’idéologie de l’ordre existant.
Dans un savoir pour la vie et depuis la vie, qui réfute sa mise en compartiment, et en réseau, qui assume que ceci est un tout multiple, face à celle qui doit agir avec responsabilité. Un savoir pour refuser les savoirs qui ont été développés de manière presque ancestrale et qui ont permis à l’homme, de vivre de manière harmonieuse avec la nature et répondant à ses circonstances.
Article 15
Les changements sociaux sont des processus et non seulement « une grande rupture ». Ils n’ont pas de point d’arrivée et ne se réalisent pas dans un paradis définitif. C’est un parcours qui en lui-même a une valeur, et donc est expression même de la liberté. Il n’y a pas de chemins prédéterminés ni de recettes. Cela se fait dans la création permanente et s’enrichit avec les petites et grandes luttes, avec les différents chemins qui sont empruntés pour réussir la réalisation et l’émancipation humaine. Pour cela, notre organisation doit faire valoir cette multiplicité de réflexions et de pratiques, respectant à la fois ses autonomies, préfigurant de façon permanente la société que nous désirons.
Mouvement Raiz
Février 2003