Un an après, triste anniversaire en Bolivie by |
Durant l'année 2003, la Bolivie a lutté contre la politique inadaptée de son gouvernement et du FMI, pour la récupération de ses ressources naturelles. Une centaine de morts plus tard, les coupables vont-ils être jugés ?
L'année dernière, la Bolivie a traversé deux crises sociales d'une rare intensité, aboutissant à la fuite d'un président.
Février 2003 : Après l'instauration, imposée par le FMI, d'un impôt extrèmement lourd 32 personnes meurent en deux jours, lors d'affrontements entre policiers insurgés et militaires ayant recus carte blanche du gouvernement.
Des combats d'une extrème violence où chaque coin de rue se transforme en scène de guerre, franc-tireurs déposés par hélico sur les toits, feux nourris dans des quartiers entiers, plusieurs sièges de partis politiques et ministères incendiés.
Septembre Octobre 2003 : Quelques mois plus tard, la violence étatique se déchaîne à nouveau en réprimant brutalement les manifestations et bloquages de routes spontanés du peuple bolivien et particulièrement indigène. Depuis les villages éloignés, des milliers d'hommes et de femmes en colère ont engagé des marches vers les grandes villes, ayant pour thème fédérateur la nationalisation des ressources naturelles, gaz et pétrole.
Après des années d'instabilité et de gouvernements militaires, en 1952 l'état de droit s'établit, et l'utilisation de ces richesses pétrolières et minières ont pour vocation l'industrialisation du pays.
El Alto, ville dont les citernes alimentent en carburant La Paz non lointaine, fut prise d'assaut par les militaires une nouvelle fois munis de carte blanche, passablement rougie des mains déja ensanglantées du président Gonzalo Sánchez de Lozada, alias Goni. Le but de la mission, faire sortir coûte que coûte les camions citernes et rompre le bloquage des routes mis en place dans la ville. Un feu à volonté retentit, visant sans distinction, et pour tuer, hommes, femmes, enfants,
vieillards; raffles de mitraillettestraversant les murs, atteignant aveuglement des habitants chez eux, tanks et hélicos sillonnant la ville. Il y aura 31 morts ce jour noir, plus d'un par kilomètre parcouru par le convoi.
Le temps que la nouvelle se propage et c'est la Bolivie entière qui se lève, Goni criant au complot dirigé de l'extérieur.
Les grèves de la faim se multiplient jusque dans d'autres pays (Suisse, Espagne, Mexique ...), les marches s'amplifient, la révolte enfle. Comme résultat à ces semaines de "la guerra del gas", un président qui se dérobe en jet privé le 17 octobre; la banque nationale vidée de millions de dollars (avec la possible complicité de son président); des ministres qui apparemment profitent de la fuite des capitaux (l'un d'eux a été trouvé avec 1 million de dollars sur lui!); 67 morts et plus de 300 bléssés dans une Bolivie meurtrie, ruinée, dirigée par son ancien vice-président Carlos Mesa ayant retourné sa veste
quelques jours avant, qui finalement suit à quelque chose près la même politique.
Aujourd'hui, les familles des victimes se sont regroupées en organisations, exigeants que la vérité soit établie et que justice soit rendue. L'APDHB (Assemblée Permanente des Droits de l'Homme de Bolivie) fait partie d'organisations qui, depuis la mi-septembre 2004, effectuent une campagne d'infos et de collecte de signatures afin de faire savoir que l'impunité n'aura pas sa place cette fois-ci.
Le 17 octobre devrait être rendue à Sucre, la décision de justice concernant l'ouverture du procès des responsables, attendue de pied ferme par le peuple bolivien.
Ya Basta de l'impunité des affameurs et des assassins.
Ya Basta des gouvernements politiciens qui ne suivent pas la volonté des citoyens.
Plus d'infos en espagnol
Convoi escorté par les militaires by |
Les marches enflent by |