L'urbanisation génère pauvreté et violence, estime l'Onu by Pire Saturday, Sep. 18, 2004 at 7:26 PM |
Dans les pays en développement, les puissantes sociétés multinationales effectuent en revanche une sorte de chantage à l'emploi, selon le rapport, pour réclamer l'absence de contraintes environnementales ou sociales.
L'urbanisation génère pauvreté et violence, estime l'Onu
Par Emma Graham-Harrison
MADRID (Reuters) - L'urbanisation croissante risque de conduire à une augmentation de la pauvreté et de la violence dans les villes du monde entier et ces phénomènes pourraient être aggravés par le libre-échange aussi bien dans les pays industrialisés que dans les pays en voie de développement, affirme l'Onu.
Dans un rapport intitulé "Etat des villes du monde" et qui sera présenté mardi lors d'une conférence internationale à Barcelone, l'ONU-Habitat souligne que son objectif est d'évaluer l'impact de la mondialisation économique sur les villes qui souffrent déjà des effets d'une extension massive.
"De nombreuses villes sont confrontées (...) à un accroissement de la pauvreté, à un approfondissement des inégalités et de la polarisation, à une extension de la corruption au niveau local et à des taux élevés de criminalité et de violence", écrit le secrétaire-général de l'Onu, Kofi Annan, dans la préface de ce rapport.
Les habitants des zones urbaines représenteront 60% de la population mondiale en 2030, soit cinq milliards de personnes, contre 47,7% en 2001 avec 2,9 milliards de personnes, estime l'Onu.
L'un des principaux facteurs de la pauvreté urbaine est l'accès inégal aux bénéfices de la mondialisation, selon ce rapport, qui s'attaque notamment à l'argument selon lequel le libre-échange conduit à une amélioration du niveau de vie dans les pays émergents.
NIVELLEMENT PAR LE BAS
"L'affirmation selon laquelle la libéralisation du commerce mène invariablement à une amélioration du niveau de vie dans les pays en développement n'est tout simplement pas appuyée par les faits: les inégalités de revenus dans et entre les pays se sont fortement accrues depuis le milieu des années 80", insiste le rapport.
En outre, l'Onu met en garde contre un nivellement par le bas avec les délocalisations de personnel et de capital effectuées par les entreprises cherchant à réduire leurs coûts de main d'oeuvre.
Cette stratégie est néfaste à la fois pour les villes qui perdent des emplois et pour celles dans lesquelles ces entreprises s'installent, poursuit l'Onu.
Dans les pays qui souffrent des délocalisations, le risque est de créer de "nouveaux pauvres", contraints d'accepter des emplois précaires ou de vendre leurs biens.
Dans les pays en développement, les puissantes sociétés multinationales effectuent en revanche une sorte de chantage à l'emploi, selon le rapport, pour réclamer l'absence de contraintes environnementales ou sociales.
L'Onu met également en garde contre les risques induits par les quelque 175 millions de migrants internationaux, cette estimation ne tenant pas compte des immigrés clandestins. Ces arrivants finissent souvent par entraîner une expansion des bidonvilles, sans aucun accès aux services de base.