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Bilan du 1er mai et propositions pour un Front populaire
by HÖC Monday, May. 10, 2004 at 1:40 AM
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Un bilan révolutionnaire du 1er mai en Turquie. Pour comprendre les analyses et les critiques de ce bilan, il faut savoir que les manifs comme celles du 1er mai sont largement dominées par les révolutionnaires au contraire des syndicats qui ont tendance à démobiliser les travailleurs.

Bilan du 1er mai et ...
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HÖC 40: 1er mai 2004; nous avons brisé le statu quo. En avant pour le 1er mai 2005!

- Les milliers de manifestants qui ont défilé dans nos cortèges, drapeaux rouges au poing ont montré notre invincibilité tant à nos ennemis qu’à nos amis. Nous sommes PRESENTS et nous le serons toujours dans le combat pour l’indépendance, la démocratie et le socialisme!

- Nous avons franchi un pas significatif dans la lutte contre l’isolement et le statu quo; nous devons à présent éliminer la peur qui colle à nos pas, nous devons renforcer notre détermination et accroître nos ambitions; notre objectif doit être TAKSİM. Cette marche doit commencer dès maintenant.

1) Du point de vue de la lutte populaire, de la lutte syndicale, des révolutionnaires soumis à une politique d’isolement et d’extermination, le 1er mai 2004 est une victoire. Car le statu quo imposé par l’oligarchie a été brisé et les ordres de l’oligarchie ont courageusement été transgressés. Nos pas restent frileux et hésitants. Les résultats obtenus sont insuffisants quoique nous ayons effectué un pas remarquable. A tavers ce 1er mai 2004, le peuple et les révolutionnaires ont gagné du moral et de la confiance.
Le Front des Droits et des Libertés, avec sa multitude et son apparat, son enthousiasme et sa vigueur, a montré que rien ne pouvait l’arrêter, ni le faire reculer.
Le Front des Droits et des Libertés a participé aux cortèges du 1er mai dans de nombreuses villes du pays : Adana, Adiyaman, Afyon, Ankara, Antalya, Diyarbakir, Bursa, Dersim, Elazig, Erzincan, Eskisehir, Hatay, Hopa, Istanbul, Izmir, Kars, Malatya, Mersin, Sakarya, Samsun, Sivas, Trabzon, Usak et Zonguldak. Partout, nous avons dénoncé le gouvernement AKP en tant que « gouvernement de la faim et de l’injustice ». Le Front s’est aussi fait la voix de la Grande Résistance entrée dans sa quatrième année ainsi que la bannière du socialisme et de la révolution.
Depuis des décennies, nous sommes sujets à une politique d’extermination. Nous avons été assassinés, enlevés et exécutés, torturés et embastillés dans les cellules de type F.
Nous n’avons pas disparu pour autant! Nous n’avons pas renoncé à nos opinions, ni à notre combat.
A la vieille du 1er mai 2004, nous avons été victimes d’un terrorisme sans précédent sous le prétexte démagogique d’une “opération internationale contre le terrorisme ». Ainsi, plusieurs dizaines de cercles démocratiques ont fait l’objet de raids policiers et ont été mis sous scellés. Plusieurs dizaines de nos camarades ont été arrêtés dans l’arbitraire le plus total.
Malgré cela, nous étions sur les places publiques.
Nos opinions que l’on veut étouffer dans les prisons étaient dans la rue.
Les places publiques ont été témoins de l’invincibilité de notre espoir et de notre ambition à faire fleurir la révolution dans notre pays.
Nos cortèges tapissés de rouge ont démontré avec quel esprit la lutte démocratique devait être menée, comment la révolution devait être défendue, comment résister et comment le sacrifice pouvait se muer en succès.

2) Les discussions portant sur le changement de parcours du 1er mai et la rupture qui en a résulté a permis de rompre un statu quo farouchement défendu par l’oligarchie et a permis de déblayer le chemin de la lutte. En effet, la polémique pouvant se résumer à “ Taksim ou Abide-i Hürriyet” ne doit pas être conçue comme une simple discussion de parcours. Car le fait même d’évoquer un retour à la place Taksim* (après 27 ans d’interdiction ;) est un rejet de la logique imposée par l’oligarchie et l’expression d’une attitude ferme contre la tentative d’isoler les manifestants de la population.
La proposition de manifester à Taksim ne date pas de la veille du 1er mai et ceux qui s’indignent que cet appel était « spontané » ne disent pas la vérité. En effet :

a-) Avant tout Taksim est la place historique de notre 1er mai. Personne ne doit l’oublier. Même si les conditions de lutte, les rapports de forces et nos analyses ont pu changer au fil des années, les révolutionnaires ne peuvent oublier que nous y avons subi un massacre en 1977 et qu’en 1989, nous y avons donné des martyrs.

b-) Le Front pour les Droits et les Libertés avait fait un appel à manifester à Taksim peu avant le 1er mai 2003 mais notre appel était resté lettre morte. Pourtant, dans les bilans qui ont suivi le 1er 2003, les forces de gauche a conclu à l’unanimité de mettre fin à la mascarade de « Abide-i Hürriyet » et qu’il fallait remettre la reconquête de la place Taksim à l’ordre du jour.

c-) Cette année, le Front pour les Droits et les Libertés a présenté à toute les organisations révolutionnaires et démocratiques ses propositions concernant la célébration du 1er mai, trois mois avant celui-ci. Nos propositions avaient notamment été soumises durant les réunions de la « Coordination contre l’occupation de l’Irak » et d’autre part, durant la même période, des discussions bilatérales ont eut lieu avec plusieurs organisations.
Finalement, les ouvriers révolutionnaires affiliés à la confédération DISK (Confédération révolutionnaire des syndicats ouvriers) avaient acccepté notre proposition de manifester à Taksim.
Certains prétendent avoir été prévenus à la dernière minute et font mine d’ignorer ces intenses tractations.
En réalité, ceux qui vitupèrent en disant : « d’où sort maintenant l’idée de manifester à Taksim ? » ne grognent pas parce qu’ils n’étaient pas au courant, mais parce que cela remet leur statu quo en question. C’est parce qu’ils ont oublié que dans notre pays, la lutte se mène avec résolution et fermeté et parce qu’ils fuient devant leurs responsabilités. Cette grogne rend uniquement service à ceux qui nous enferment chaque année dans le ‘no man’s land’ de « Abide-i Hürriyet ». Cela revient à banaliser le 1er mai en tant que jour ordinaire.
Telles sont les véritables raisons du refus de certains d’opter pour Taksim.
Malgré eux, des dizaines de milliers de manifestants ont rejeté le statu quo du parcours « Abide-i Hürriyet » et ont manifesté à Saraçhane en bravant les menaces proférées publiquement par la police. La fermeté et la combativité des manifestants a été remarquable. Car, oser sortir du carcan de l’oligarchie revenait à prendre le risque d’entrer en confrontation avec les forces de l’oligarchie. Cette remise en question du parcours et la simple perspective de reconquérir Taksim a semé l’enthousiasme et l’euphorie parmi les organisations démocratiques qui veulent en finir avec ce statu quo.
Voilà la véritable victoire du 1er mai 2004.
Néanmoins, à Saraçhane, on a fait preuve de timidité. Manifestement, la combativité et la volonté de vaincre des masses n’ont pas été compris par les dirigeants syndicaux ni par certains groupes politiques. Il fallait agir avec plus de courage. Le courage de certains dirigeants politiques et syndicaux a cruellement manqué. Malgré tout, cette rupture avec le « parcours obligatoire » constitue une source de moral et de confiance.

3) Nous devons être plus courageux et accroître nos ambitions! Nous devons dès aujourd’hui se mettre à pied d’œuvre pour viser Taksim!
Si nous voulons regagner Taksim pour l’an prochain, il nous faut persévérer et nous organiser dès aujourd’hui. Les pas franchis sont encore hésitants. Pour reconquêrir Taksim’, nous devons accroître nos ambitions dans la lutte démocratique d’une manière générale.
En réalité, notre marche de Taksim doit commencer dès maintenant. Ainsi, personne ne pourra prétexter de ne pas avoir été prévenu à temps.
La rupture du parcours obligé, le choix de manifester à Saraçhane et l’objectif de gagner Taksim pour l’an prochain nous contraint à développer un travail de mobilisation dans tous les fronts de lutte. Aucune organisation révolutionnaire, aucune organisation démocratique de masse ne peut se tenir à l’écart d’une telle responsablité.
Il faut s’éloigner de l’infantilisme, du sectarisme, de l’antagonisme endémique et des manœuvres de sabotage.
Il faut d’une part développer le travail collectif et la conception de l’action organisée et d’autre part, il faut mettre fin aux petits comptes d’apothicaires et à la coercition. Car malgré la rupture du statu quo en optant pour Saraçhane, la gauche a maintenu ses statu quo internes.
Il faut avant tout que les organisations telles que la Confédération révolutionnaire des syndicats ouvriers (DISK), la Confédération des Syndicats des Travailleurs du Public (KESK), l’Union des Chambres des Architectes et des Ingénieurs de Turquie (TMMOB) et l’Union des médecins de Turquie (TTB) cessent d’agir contre les organisations révolutionnaires de manière coercitive et anti-démocratiques. Les partis légaux qui agissent en leurs sein doivent cesser leurs petits comptes et leurs machinations. Les confédérations DİSK et KESK ne doivent pas oublier que c’est grâce à l’appui des révolutionnaires que la manifestation de Saraçhane a pu se renforcer. Nous voulons dès à présent avertir les adeptes de la conception « putschiste » que leurs attitudes coercitives ne mèneront à rien. On peut laisser passer une fois, trois fois, cinq fois mais pas plus. Chacun connaît sa propre force et sait ce qu’il a à faire. Que personne n’essaie de gruger d’autres. Que personne n’essaie de se faire passer pour ce qu’il n’est pas.
Les règles des relations entre organisations révolutionnaires et démocratiques sont clairement définies et toute organisation qui souhaîte réellement le développement de la lutte économique, démocratique et politiques du peuple doivent les respecter.
Les confédérations KESK, DİSK et toute la gauche de Turquie se doit de tirer des leçons des discussions et des dissensions apparues au cours des préparatifs du 1er mai et surtout des expériences de la manifestation de Saraçhane.
Nous devons nous unir en tous points, dans la lutte pour les droits et les libertés du peuple de manière à mettre l’impérialisme et l’oligarchie en déroute. Nous devons unir nos forces.
Dans cette perspective, nous vourdrions avancer deux propositions concrètes:

a-) L’oligarchie a décidé de « châtier » ceux qui ont participé à la manifestation de Saraçhane en lançant un « procès du 1er mai ». Nous devons faire de ce procès, une défense politique du 1er mai. Nous proposons par exemple de mettre sur pied un « comité de défense du 1er mai ». Dans ce comité devraient se trouver les syndicats, les associations juridiques, les organisations révolutionnaires et démocratiques sans qu’il n’y ait la moindre restriction. La seule condition pour en faie partie serait de défendre ce combat de toutes ses forces. Une fois le procès lancé, nous devons convertir celui-ci en procès contre l’oligarchie liberticide et assassine, qui interdit le 1er mai, qui a tiré sur les manifestants en 1977, en 1989 et en 1996. En demandant ainsi des comptes à l’oligarchie, nous devons lui faire regretter d’avoir entamé ce procès.

b-) Comme on le sait, nous sommes confrontés aux attaques les plus brutales dans chaque terrain de la lutte. De la lutte contre la pauvreté et contre les programmes du FMI à la lutte contre les prisons de type F, de la lutte contre l’occupation de l’Irak à la lutte de la jeunesse pour ses droits démocratiques, de la lutte des ouvriers et des employés conter les lois d’esclavage à la lutte contre l’aliénation et le pervertissement des habitants des bidonvilles... Nous sommes donc face à une série de responsabilités. Il est clair que sur le terrain, au niveau local, nous pouvons nous réunir et agir en commun. Pour contrer les atttaques de l’impérialisme et de l’oligarchie et hausser la lutte pour les droits et les libertés de manière à obtenir des résultats significatifs, les unités que nous avons créées jusqu’à présent sont insuffisantes et cette insuffisance se ressentira de manière plus tangible dans un futur proche. C’est pourquoi, nous proposons de créer une unité sous forme de front populaire démocratique qui embrasserait toutes les forces révolutionnaires et démocratiques. (Notre proposition s’adresse également aux organisations révolutionnaires et démocratiques qui ont fait l’erreur de se plier aux ordres du pouvoir en maintenant le mot d’ordre de manifester à « Abide-i Hürriyet » le 1er mai 2004.)

4) La population qui a paradé dans les rues le 1er mai constitue notre véritable force et notre source de confiance. Nous saluons tous ceux qui ont bravé les interdits, la répression de l’oligarchie et les menaces de se faire expulser de leur école, de leur entreprise, ou d’être jeté en prion de type F. Nous saluons tous ceux qui se sont dressés avec fermeté et avec fierté dans la rue le 1er mai et qui ont dénoncé le gouvernement AKP en tant que fauteur de misère et d’injustice, qui ont fait vivre avec reconnaissance et respect les martyrs de notre combat pour l’indépendance, la démocratie et le socialisme et qui ont brandi le drapeau rouge avec orgueil.
Avec la force de notre peuple et avec confiance, nous défions tous les oppresseurs du monde et de notre pays en leur déclarant : Vous ne vaincrez pas ce peuple. Vous ne l’empêcherez pas de se libérer!

le 7 mai 2004
Haklar ve Özgürlükler Cephesi
Front des Droits et des Libertés



* Taksim : L’une des places principales d’Istanbul où tout le monde peut manifester hormis les travailleurs et les révolutionnaires et ce, depuis 27 ans. Le 1er mai 1977, plus de 500.000 manifestants s’étaient massés pour célébrer la fête du Travail. La police et les militaires tirèrent sur une foule. Bilan : 37 manifestants assassinés.

Istanbul: 1er mai 2004
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Istanbul: 1er mai 20...
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Calicot du Front des Droits et des Libertés.
Dessin sur le calicot: Mehmet Akif Dalci ramassant des pierres (ce jeune militant de l'organisation Devrmci Sol (ex DHKP-C) a été assassiné par la police le 1er mai 1989.

Familles de TAYAD au 1er mai
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Familles de TAYAD au...
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Les familles de TAYAD, l'association de solidarité avec les familles des prisonniers révolutionnaires comme chaque année, étaient dans la manifestation du 1er mai.