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Genocide rwandais: la France et le Hutu Power
by de Rouville/lidiotduvillage.com Thursday, Apr. 15, 2004 at 6:03 PM

La France a soutenu et continue de soutenir le clan génocidaire au Rwanda

Tandis que la reine Elizabeth II d'Angleterre était reçue à Paris pour une visite d'Etat de trois jours, afin de célébrer le centenaire de « l'Entente cordiale », la France, par la voix de sa Ministre de la Défense, Madame Alliot-Marie, tentait de faire oublier le dixième anniversaire d'une autre entente cordiale, celle existant entre le Hutu Power, responsable en premier chef du génocide rwandais, et l'exécutif français, complice de celui-ci.

Si les accusations de complicité de génocide sont fausses et calomnieuses, il conviendrait que notre Ministre de la Défense et les personnes visées par les accusations, répondent de manière satisfaisante à un certain nombre de questions, et ne se contentent pas de démentis ou de quelques indignations médiatiques.

Si la France n'est pas coupable, comme l'affirme notre Ministre, alors :

- pourquoi est-ce dans les locaux de l'ambassade de France au Rwanda, et en présence de l'ambassadeur Jean-Philippe Marlaud, que s'est formé le gouvernement intérimaire rwandais en charge d'exécuter le génocide ?

- pourquoi François Mitterrand, Alain, Juppé et Bruno Delaye (responsable de la cellule africaine de L'Elysée) ont-ils reçu, le 27 avril 1994 à Paris, 20 jours après le début du génocide, une délégation rwandaise formée, notamment, de Jérome Bicamumpaka, ministre des Affaires étrangères du gouvernement intérimaire rwandais (supervisant le génocide) sans jamais dénoncer les agissements de celui-ci ?

- pourquoi la France, dès le début du génocide, a-t-elle évacué vers Paris, le 9 avril 1994, l'une des têtes pensantes du génocide, Madame Agathe Habyarimana ? Pourquoi, à son arrivée en France, a-t-elle reçu une grebe de fleurs, un appartement en dotation et 200 000 francs pour frais de bouche ? (L'Inavouable, Les Arènes, 2004, de Patrick de Saint-Exupéry, page 259).

- pourquoi le lundi 19 janvier 2004, Madame Agathe Habyarimana, la veuve de l'ancien président du Rwanda, dont la mort avait marqué le début du génocide rwandais en avril 1994, était-elle présente à la cérémonie des vœux de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) qui s'est tenue à Paris ? (voir notre article : Francophonie et petits meurtres entre amis ) ;

- pourquoi le 17 juillet 1994, l'état-major tactique français a-t-il organisé l'évacuation vers le Zaïre du gouvernement génocidaire rwandais ? (L'Inavouable, Les Arènes, 2004, de Patrick de Saint-Exupéry, page 260) ;

- est-il vrai, comme l'affirme l'ONG Human Rights Watch, que la France continuait à former les miliciens Hutu extrémistes dans un camp militaire français situé en République Centrafricaine, longtemps après la défaite du clan génocidaire et la fin du génocide (en octobre 1994) ? (Rapport HRW, Rwanda/Zaire, Réarmement dans l'impunité. Le soutien international aux perpetrateurs du génocide rwandais, mai 1995, p.9-10) ;

- est-il vrai que Paul Barril (ancien responsable du GIGN et conseiller du Président Juvénal Habyarimana) ait été l'intermédiaire dans l'achat de deux missiles sol-air, entre novembre 1993 et février 1994, pour le compte du Hutu Power ? (voir l'article de Patrick de Saint-Exupéry du 31 mars 1998 paru dans Le Figaro). Ces missiles n'auraient-ils pas pu servir à abattre l'avion du Président rwandais Habyarimana ? (Voir aussi, L'Inavouable de Patrick de Saint-Exupéry, page 256 ; Aucun Temoin ne doit survivre, Human Rights Watch, FIDH, 1999, page 774 ; La Nuit Rwandaise, Jean-Paul Gouteux, L'Esprit frappeur, 2002, page 281) ;

- que faisait Paul Barril au Rwanda au moment de cet attentat ? Est-il vrai qu'il travaillait pour le compte du régime génocidaire et que son contrat, pour un montant de 1 200 000 dollars US s'intitulait "Opération Insecticide" ? (alors que la Radio des Mille Colline appelait à l'extermination des cafards Tutsi !) Est-il resté à Kigali pendant le génocide ?

- pourquoi Paul Barril, n'a-t-il pas été interrogé par la mission d'information de 1998 présidée par Paul Quilès et portant sur le génocide rwandais !

- quelles furent les raisons du suicide de Francois de Grossouvre le 7 avril 1994, le lendemain de l'attentat (à l'aide de missiles sol-air) contre l'avion du Président rwandais ? Paul Barril n'était-il pas un proche de cet homme clef de L'Elysée et au centre des traffics d'armes de la République Française ?

- quelle crédibilité accorder au rapport du juge Jean-Louis Bruguière qui établirait que le général Paul Kagamé, ex-chef rebelle et actuel chef de l'Etat rwandais, serait le principal commanditaire de l'attentat, avec dix autres officiers supérieurs du FPR, alors que Paul Barril se vante d'être un vieil ami du juge (Le Monde, 9 mars 2004, "L'enquête sur l'attentat qui fit basculer le Rwanda dans le génocide", par Stephen Smith ; Le Temps -Lausanne- 21 novembre 2001 ; La Nuit Rwandaise, Jean-Paul Gouteux, L'Esprit frappeur, 2002, page 287) ? Les conclusions de ce rapport ne sont-elles pas en contradiction avec les documents (datant de 1994) des services de renseignement americains qui viennent d'être declassifiés et qui retiennent la responsabilité des extrémistes hutu dans l'attentat ? (Voir l'article de Jim Lobe, "Rwanda-US : Papers Imply Hutu Hard-Liners Downed President's Plane, 6 April 2004, IPS News, le 7 avril 2004 dans L'Idiot ; "Les Etats-Unis avaient identifié les coupables, selon un rapport", AFP, dans L'Intelligent, 8 avril 2004, le 13 avril 2004 dans L'Idiot).

La suite des questions la semaine prochaine.

Sources :

- La série de quatre articles, France-Rwanda, publiés par Patrick de Saint-Exupéry dans Le Figaro (12-15/01/1998) ;

- GOUREVITCH Philip, Nous avons le plaisir de vous informer que, demain, nous serons tués avec nos familles. Chroniques rwandaises, Denoël, 1999 ;

- GOUTEUX Jean-Paul, Le Monde, un contre pouvoir ? Désinformation et manipulation sur le génocide rwandais, L'esprit frappeur, 1999 ;

- ASSEMBLEE NATIONALE, Enquête sur la tragédie rwandaise (1990-1994), Rapport de la Mission d'information, Rapport n° 1271, 4 Tomes, Paris, déc.1998 ;

- GOUTEUX Jean-Paul, La nuit rwandaise. L'implication française dans le dernier génocide du siècle, L'esprit frappeur, 2002 ;

- DES FORGES Alison, Aucun témoin ne doit survivre. Le génocide au Rwanda, Human Rights Watch/FIDH, Karthala, 1999 ;

- L'Inavouable, Les Arènes, 2004, de Patrick de Saint-Exupéry ;

- Rapport HRW, Rwanda/Zaire, Réarmement dans l'impunité. Le soutien international aux perpetrateurs du génocide rwandais, mai 1995 ;

- CONCLUSIONS PROVISOIRES DES TRAVAUX DE LA COMMISSION D'ENQUETE CITOYENNE SUR LE ROLE DE LA FRANCE DURANT LE GENOCIDE DES TUTSI AU RWANDA EN 1994 (Paris, 22-26 mars 2004).