Haiti: Violation des droits des travailleurs dans la zone franche de Ouanaminthe by Solidarité Fwontalière Wednesday, Apr. 07, 2004 at 9:28 AM |
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Depuis le début de l'installation de la zone franche à Ouanaminthe en août 2003, les ouvriers et ouvrières de cette usine font face à de nombreux cas de violations de leurs Droits en tant que Personne et en tant que Travailleurs. Avec l'aggravation de la crise politique en Haïti, ces violations ont tendance à s'accentuer. De nombreux observateurs se montrent intéressés par l'évolution de cette zone franche de Ouanaminthe, dans ce contexte de crise aigue.
17 mars 2004 - Note de presse de Solidarité Fwontalière/Solidaridad Fronteriza -
Présentation de la situation
L'un des cas graves de violation de Droits Humains enregistrés récemment, concerne la révocation de nombreux employés par le CODEVI qui est la direction centrale de la zone franche de Ouanaminthe. Ces révocations, accompagnées de violences, ont touché des employés pour la plupart membres du syndicat de la zone franche.
L'affaire remonte au mercredi 25 février 2004, date à laquelle, un superviseur haïtien a séquestré un ouvrier, pendant environ une heure. Le superviseur lui a reproché d'avoir échangé la machine sur laquelle il travaillait contre une autre, sans autorisation des responsables. Intervenant dans l'affaire, le responsable des machines, membre du syndicat, a demandé au superviseur de libérer le prisonnier, sinon c'est la cessation du travail. En guise de réponse, la direction a plutôt procédé à la révocation du responsable des machines, non sans lui avoir exigé la remise de son badge d'identification. Ce dernier a refusé d'obtempérer et a continué son travail.
Au moment de la sortie, le directeur des Ressources Humaines, M. Jean Renaud a, pour sa part, ordonné à des soldats dominicains qui assurent la surveillance de la zone franche de se saisir de l'ouvrier en rébellion. A coup de bastonnades et de crosse de fusils, les soldats lui ont arraché le badge. Indignés face à cet acte, un groupe d'employés qui suivaient la scène sont intervenus pour empêcher aux soldats de continuer leurs forfaits. Ces derniers s'en sont pris alors à tous ceux et celles qui se sont introduits dans l'affaire. Finalement, le responsable des machines a été révoqué et n'a reçu aucun dédommagement ni soins pour les coups reçus.
Le lendemain de l'incident, c'est-à-dire, le 26 février 2004, les ouvriers et ouvrières de la zone franche ont entamé une grève largement suivie. Ils ont cessé de travailler en attendant que les responsables du Groupe M, se réunissent avec eux pour prendre en compte leurs doléances. La réunion a eu lieu dans la matinée du même jour. A la fin de la rencontre, les responsables du Groupe M auraient accepté quelques-unes de leurs revendications, notamment la cessation des révocations abusives pour des futilités, le respect du droit des travailleurs, le paiement de dédommagements lors des révocations, l'accès des victimes des violences de la veille à des soins médicaux,… Suite à cette réunion, plusieurs ouvriers s'étaient remis au travail dans l'après-midi. Le responsable du Groupe M a néanmoins exigé que lui soit remise la liste des noms de tous ceux et celles faisant partie du syndicat.
Quelques jours plus tard, soit le premier mars 2004, les responsables de la zone franche ont mis à la porte tous les employés faisant partie du syndicat. La première personne expulsée a été le responsable des machines. Sous la menace d'armes et de coups de bâtons, les autres ouvriers protestataires ont été également forcés de déposer leurs badges. 50 ouvriers ont ainsi été révoqués ce jour-là.
Depuis, la zone franche continue de travailler comme si rien ne s'était passé.
Commentaires
Les actes de violences physiques et moraux commis sur les employés de la zone franche ne datent pas d'aujourd'hui. Les pressions exercées par la direction CODEVI sur les employés qui exigent de bonnes conditions de travail sont nombreuses. Depuis août 2004, période de démarrage des travaux dans la zone franche, Solidarité Frontalière, ainsi que d'autres institutions de la société civile à Ouanaminthe, ont observé de nombreux cas de violation des droits des travailleurs et de la personne dans cette usine : séquestrations d'employés, bastonnades, révocations arbitraires, violences verbales…. Ces actes restent, jusqu'à présent, impunis. La direction haïtienne de la zone franche, le Groupe M, et les soldats dominicains, demeurent, les principaux auteurs de ces actes de violation.
Révoquer en bloc tous les membres d'un syndicat est une violation directe du droit des travailleurs à l'organisation. Ainsi, la direction de la zone franche à Ouanaminthe, ne reconnaît pas les droits fondamentaux de l'ouvrier, tels, le droit de s'organiser en syndicat, le droit de travailler dans des conditions dignes respectueuses du droit de la Personne. Elle empêche aux travailleurs de se mettre ensemble pour défendre leurs intérêts.
Solidarité Frontalière se questionne, sur le type d'accord existant entre l'État dominicain et l'État haïtien, particulièrement en ce qui concerne la présence de soldats dominicains à l'intérieur de cette zone franche, qui se trouve pourtant en territoire haïtien.
Aujourd'hui encore, l'opinion publique en Haïti et en République Dominicaine, n'est nullement informée sur les accords officiels passés entre les deux pays pour l'installation de la zone franche, ni sur les relations du Groupe M avec les employés haïtiens, ainsi que sur la sécurité de la zone franche. Pour l'édification de tout un chacun, Solidarité Frontalière lance, un appel aux autorités haïtiennes et dominicaines afin qu'elles rendent public tout accord ayant trait à la gestion de cette zone franche installée à la frontière haitiano-dominicaine.
Solidarité Frontalière/Solidarida Fronteriza
Traduction, créole à français : GARR
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