arch/ive/ief (2000 - 2005)

Ceci constitue une forme de soutien psychosocial. Ici, je pense à Hiba, une gamine de douze ans qui a été touchée par une roquette alors qu’elle jouait chez ses voisins : ses jambes avaient été très gravement touchées. A Ali, abattu lorsque l’ambulance transportant sa femme enceinte a été mitraillée, et qui a perdu ses jambes en même temps qu’il voyait sa femme et son enfant périr dans l’incendie de l’ambulance. A Doga, la petite fille qui souriait avec le joli dessin d’enfant que nous avions amené d’Alost et qui lui faisait un peu de distraction dans sa souffrance : elle restera paralysée pour le reste de ses jours. Aux nombreuses personnes que nous avons rencontrées et qui ont courageusement continué à travailler pour les patients. A Jaffar, qui souffre d’hémophilie et pour qui il n’y avait plus moyen de trouver des médicaments : sa mère Likka, une dentiste, était désespérée...

Via ces personnes et via les hôpitaux et les universités, nous voulons en arriver à savoir comment l’occupation exerce une influence sur la santé, les soins de santé, l’accès à ces soins, la situation socio-économique de la population. Là où c’est nécessaire et possible, nous prêterons notre assistance à un certain nombre de ces personnes, afin de les aider à obtenir les soins médicaux nécessaires, surtout sur le plan de la rééducation et des prothèses. Pour cela, nous comptons sur votre participation. A cette fin, nous travaillons avec des partenaires et amis irakiens. Nous travaillons en outre à un reportage de la cinéaste Bénédicte Liénard qui, sera diffusé durant le Tribunal Russell, lequel est une organisation des plus intéressante qui passe à la loupe la politique des Etats-Unis. Il aura lieu à Bruxelles les 14, 15, 16 et 17 avril ( http://www.brusselstribunal.org).

L’an dernier, nous avons participé à quatre médecins à une mission en Irak : Harrie Dewitte, Claire Geraets, Colette Moulaert et moi-même. Nous avons pu compter sur énormément de sympathie de votre part, et notre gratitude vous est toujours acquise : nous avons hautement apprécié ces témoignages. A l’époque, nous vous avions montré le très sale visage de cette guerre illégale d’agression. Nous soutenions nos collègues les travailleurs médicaux, ainsi que les patients. Et, lors de l’attaque contre Bagdad, nous avions donné un coup de main dans les soins aux blessés. Aujourd’hui, une fois de plus, notre mission s’intègre dans une approche préventive : une contribution à tenter d’arrêter l’occupation de l’Irak et à rétablir la souveraineté du pays. Ce n’est que dans ce contexte qu’une véritable reconstruction, au profit des Irakiens, pourra avoir lieu. Il n’y a également que de cette manière que la situation de la santé pourra s’améliorer vraiment. Ce n’est pas possible sous occupation coloniale ou semi-coloniale.

J’espère que vous vous rendrez en masse à Bruxelles le 20 mars afin de manifester contre la guerre et l’occupation en Irak, en Palestine et en Afghanistan (http://www.stopusa.be ). Ci-dessous, je vous donne un certain nombre de raisons d’aller manifester. Il s’agit en même temps d’un appel à mobiliser massivement pour cette manifestation.

Pourquoi cela a-t-il du sens d’aller manifester le 20 mars contre la guerre et l’occupation ?

Le 1er mai 2003, Bush a déclaré que la guerre était officiellement terminée. Rien n’est moins vrai. La guerre bat toujours son plein. Chaque jour encore, il y a des combats, des prises d’assaut, des attaques, des perquisitions, des arrestations arbitraires et illégales, des tortures...

Cela doit cesser, nous ne pouvons nous taire à ce propos. La population irakienne est victime de cette guerre. Nous protestons à l’échelle mondiale contre cette guerre, tout comme nous le faisions déjà il y a un an.

Le pays est toujours illégalement occupé. Aussi la manifestation est-elle en même temps un appel à mettre un terme à l’occupation. Selon la charte de l’ONU, un pays occupé a le droit de résister à l’occupant. L’action appelle la réaction.

Jour après jour, la résistance attaque l’armée américaine. Cela ne transparaît pas dans les informations, qui ne parlent plus que des attaques et attentats spectaculaires. La vente à l’encan de l’Irak bat actuellement son plein. Les entreprises publiques sont vendues, surtout aux firmes américaines, les privatisations battent leur plein aussi, le pétrole est exploité et acheminé vers l’extérieur, mais les Irakiens connaissent une dramatique pénurie de carburant. L’insécurité, le manque d’électricité et d’eau potable demeurent un problème crucial.

Pour la population irakienne, le mieux serait que toutes les troupes étrangères quittent le pays rapidement. Respect de la souveraineté de tous les pays. Les manifestations qui se déroulent partout dans le monde constituent un soutien moral pour la population de l’Irak. Car les Irakiens savent qu’on ne les oublie pas. C’est important pour eux, on peut de la sorte y contribuer. La résistance, sous toutes les formes possibles, se sent ainsi soutenue. La résistance en Irak est d’une grande importance pour la paix mondiale; grâce à cette résistance, les Etats-Unis ont dû reporter provisoirement leurs plans d’agression contre l’Iran, la Syrie, la Corée du Nord...

Via l’Otan, les Etats-Unis veulent impliquer davantage de pays européens dans cette occupation illégale de l’Irak. Pour cela, ils sont prêts à céder une petite part du gâteau aux multinationales européennes. Les hommes politiques belges se laisseraient bien tenter, « pour les droits de l’homme et pour maintenir l’ordre », par l’envoi de troupes belges. Comment aurions-nous réagi si, au cours de la Seconde Guerre mondiale, des troupes étrangères étaient venues aider les nazis à « maintenir l’ordre » chez nous ? Envoyer des soldats belges en Irak, dans le cadre de l’Otan ou même des Nations unies, revient à contribuer au maintien de l’occupation et de la colonisation américaines. La transmission du pouvoir au gouvernement de transition est un leurre. « Nos petits Belges » risquent en effet leur vie, là-bas, pour les intérêts économiques des autres. Ils courent directement le danger de subir des attentats, parce qu’ils seront considérés comme participants à l’occupation. Et ils courent en outre le danger d’être contaminés par l’uranium appauvri, qui a été utilisé en surabondance par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. C’est pourquoi, venez également manifester contre toute participation belge à l’occupation. Nos hommes politiques se soucient de l’opinion publique et nous pouvons donc arriver à un résultat en participant à cette manifestation.

Elle aura lieu à une date symbolique : c’est le 20 mars 2003, en effet, qu’ont débuté les bombardements contre l’Irak. Le début d’une guerre illégitime, illégale contre la volonté de l’opinion publique mondiale et contre celle des Nations unies. C’est une journée internationale contre la guerre et l’occupation dans le Moyen-Orient. Dans plus de 100 villes, dans plus de 50 pays. Vous ne serez donc pas seuls. Des centaines d’organisations américaines, dans des dizaines de villes, organisent d’importantes manifestations. (voir http://www.internationalanswer.org et http://www.unitedforpeace.org).

Est-ce que tout ça va amener des résultats ?

La guerre du Vietnam s’est déroulée en grande partie en dehors du Vietnam. Les manifestations, en même temps que la résistance au Vietnam, ont contribué à infléchir l’opinion publique aux Etats-Unis. Au début de la guerre contre l’Irak, la grande majorité des Etats-Unis était derrière Bush. Aujourd’hui, même plus la moitié. Avec notre manifestation, nous soutenons également le mouvement pour la paix aux Etats-Unis. La fatalisme du style « ça ne sert de toute façon à rien » fait le jeu de ceux qui veulent la guerre.

Contre la guerre et l’occupation, et pour le soutien à la résistance, c’est également valable pour la Palestine et l’Afghanistan. En Palestine, Israël peut même mettre en place une véritable politique d’apartheid, en dépit des nombreuses résolutions de l’ONU, il peut même construire un mur illégal, tout cela avec la bénédiction des Etats-Unis. Pour nous aussi, votre engagement, votre présence à la manifestation représentent un soutien à nos activités. Médecine pour le Tiers Monde se sent soutenu, par votre présence. Et je pourrai aller dire en Irak qu’on a manifesté partout et cela fera du bien aux gens, c’est cela la solidarité internationale, et ce n’est pas du tout à sous-estimer. Merci !

Vous pouvez nous aider à soutenir cette mission, il vous suffit pour cela du surfer sur le site de Médecine pour le Tiers Monde [ http://www.m3m.be ]

Je suis aussi disposé à témoigner de mon expérience en Irak dans des écoles, des maisons de jeunes, des groupes de soutien au Tiers-Monde etc. Pour plus d'info contactez info@g3w.be.