arch/ive/ief (2000 - 2005)

livre noir des entreprises de marque
by Martin Friday, Mar. 12, 2004 at 6:12 AM

Importation illégales de matières premières issues de régions en guerre, financement de tests pharmaceutiques interdits parce que contraires aux codes d'éthiques, exploitation financière via les politiques de crédit des banques internationales...

livre noir des entre...
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Importation illégales de matières premières issues de régions en guerre, financement de tests pharmaceutiques interdits parce que contraires aux codes d'éthiques, exploitation financière via les politiques de crédit des banques internationales, financement par les multinationales occidentales de pratiques douteuses dans les pays de l'hémisphère sud...La liste des faits reprochés aux multinationales par le « Nouveau livre noir des entreprises de marque » allemand est longue. Il n'a pas voulu faire un procès des bonnes intentions des multinationales mais recenser les faits souvent contraires aux engagements publics pris par ces compagnies.

La première édition du livre, en 2001, a été vendue, selon l'éditeur autrichien Deuticke, à plus de 100 000 exemplaires. Elle a été traduite en espagnol, néerlandais, turque et hongrois. Une traduction en chinois et coréen devrait bientôt voir le jour. Le livre à la couverture noire se présente en deux parties : la première est liée aux recherches spécifiques, l'industrie du pétrole y figure en bonne place, avec l'industrie du jouet et le secteur pharmaceutique. La seconde partie rassemble les fiches techniques de 53 multinationales, à majorité américaines et allemandes, pour la France on trouve le conglomérat pharmaceutique franco-allemand, Aventis, et le pétrolier Total.

Deux chapitres sont consacrés à des enquêtes inédites ( de l'importation illégale de matières premières des régions en crise de la République démocratique du Congo à des tests pharmaceutiques tout aussi illégaux réalisés sur des humains). Les autres chapitres s'appuient principalement sur des études et rapports établis par des syndicats ou des organisations non gouvernementales (ONG). Les faits mentionnés sont comparés à ceux décrits dans les rapports environnementaux ou sociaux des multinationales, voire directement soumis à leurs porte-paroles. Exemple : conversation entre Hermut Kormann, directeur de Voith, une filiale de Siemens, et les auteurs du livre : « Nous sommes responsables devant nos investisseurs ». Et la société civile ? « La société souhaite que nous construisions des centrales nucléaires ». Et lorsque ces centrales font des victimes ? « Pour cela, nous ne sommes pas responsables ».

Il est peu surprenant que les multinationales allemandes figurent en bonne place dans cet ouvrage. Une petite énumération suffit à montrer leur prépondérances dans le commerce international : KarstadtQuelle pour la distribution, DaimlerChrysler, BMW et Volkswagen pour l'industrie automobile, Bayer et BASF pour l'industrie pharmaceutique, Siemens pour l'ingénierie (de la fabrication de portable à celle de centrales nucléaires), Deutsche Bank pour la finance. De fait, avec une part de 8% dans le commerce mondial des marchandises, l'Allemagne se place deuxième derrière les Etats-Unis (16%), et devant le Japon, le Royaume-Uni et la France.

Ouvrage militant

« Que puis-je faire ? », s'interroge un lecteur. Beaucoup, répondent les auteurs. D'abord consommer de manière responsable, puis protester activement et s'engager politiquement et collectivement. De fait, le lecteur est invité à s'impliquer de manière active. Sur les fiches techniques se trouvent en effet des idées d'actions : Envoyer des boîtes de médicaments vides à Boehringer Ingelheim (industrie pharmaceutique) en ayant pris soin d'écrire dessus « Halte à la vente de médicaments douteux ! ».

Le boycott n'est pas encouragé car, d'après les auteurs, il est très facile aux multinationales de tout simplement délocaliser leurs activités dans un autre pays, provoquant ainsi une hausse drastique du chômage. « Nous pensons qu'il vaut mieux que beaucoup fassent de petits pas plutôt que de persuader un petit groupe de personnes engagées qui de toutes les façons sont déjà convaincues(...). Il s'agit de modifier les rapports de puissance. Nous pouvons - et devons - utiliser notre puissance de consommatrice et consommateur, mais surtout de citoyenne et citoyen pour gagner en influence », poursuivent-ils.

Jusqu'à ce jour aucune multinationale n'a porté plainte ni même menacer de le faire. « Cela tient d'abord au fait que nous pouvons prouver ce que nous avançons. Dans un deuxième temps, les entreprises savent que chaque plainte ou menace de porter plainte attirera l'attention des média ».

Si certains éléments figurant dans le livre peuvent être connus des lecteurs, le recensement des activités des multinationales, avec à l'appui, des fiches techniques, de nombreux liens, adresses et contacts, fait de cet ouvrage un guide très efficace pour tout aspirant consom'acteur.