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André Monnom est mort
by jean-Pierre Michiels Wednesday, Mar. 10, 2004 at 2:58 PM
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C’est avec émotion et tristesse que nous avons appris la mort soudaine d’André Monnom. Il n’est pas habituel que le Parti Communiste s’exprime à l’occasion de la disparition d’un prêtre.

André Monnom est mort.

C’est avec émotion et tristesse que nous avons appris la mort soudaine d’André Monnom. Il n’est pas habituel que le Parti Communiste s’exprime à l’occasion de la disparition d’un prêtre. Cependant, pour avoir côtoyé André depuis plus de trente ans, nous nous en voudrions de ne pas saluer cet homme remarquable, cet ami en évoquant les combats communs au travers desquels nous nous sommes toujours retrouvés.

1967, occupation de l’Anglo-Germain. L’occupation dure. Sa réussite dépend de la solidité de l’unité des travailleurs. La FGTB est largement majoritaire. Son délégué principal, Marcel Couteau, joue cependant la carte de l’ouverture avec la CSC. Sa main se tend vers les travailleurs chrétiens. Cela demande des gestes concrets. Dans le quotidien. Une proposition : on va faire messe, un dimanche, dans l’usine. Elle sera donnée par André Monnom, un abbé de l’action sociale. Au cœur du grand hangar, monté sur une estrade, André parle. Simplement. Ses mots s’adressent aux chrétiens présents, bien sûr. Mais aussi à tous les travailleurs. Un grand moment de fraternité ouvrière. Le début d’une longue amitié entre André, le prêtre chrétien et Marcel, le délégué communiste.

L’engagement social d’André Monnom ne se démentira jamais.

Le 21 février 1997, à l’occasion d’une soirée consacrée au 30ème anniversaire de l’occupation de l’Anglo-Germain, André prononça une intervention qu’il intitula « Heureux réveil des citoyens ! ». Un discours fort. Pour dénoncer les tenants d’une nouvelle religion - celle de la compétitivité – aux « conséquences calamiteuses pour les populations… ». Révolté, André clamait : « Le licenciement est une honte, une infamie. » Mais il n’était pas abattu. « Le chômage, la pauvreté, l’exclusion apparaissent de moins en moins comme une fatalité » poursuivait-il. « Une société est immorale quand les forts sont durs envers les faibles, quand elle est incapable d’assurer aux démunis leur part dans le progrès général de l’humanité, quand elle prend l’argent chez les pauvres parce que c’est plus facile et qu’ils sont plus nombreux ». Et d’en appeler à la mobilisation : « … Le moment est venu, plus que jamais, d’unir toutes nos volontés et toutes nos énergies pour débloquer l’histoire pour sortir de la préhistoire. Il faudra du temps, beaucoup de temps ; il faudra du courage, beaucoup de courage. »

Le combat d’André ne s’arrêtait pas là.

Plus récemment, le 17 novembre 2003, le Club Achille Chavée avait invité André à venir y présenter son dernier opuscule « Israël, Palestine. Un peuple ne meurt pas » devant la presse. Il était affaibli. Sa santé vacillant, sa voix hésitante. Mais sa détermination intacte. La cause du peuple palestinien pour faire valoir son droit à vivre libre et en paix dans un Etat qui lui appartiendrait, était un combat pour lequel André Monnom s’était également engagé avec opiniâtreté. Cet engagement, il le manifestait publiquement, tant dans la rue quand il le fallait que dans les livres pour « savoir ce que je pense, car souvent, une pensée se livre et se crée au fil de l’écriture », exprimait-il en préface de son ouvrage. Conscient de la complexité de la question, il refusait de la fuir… : « … il existe des situations où le silence et l’indifférence frisent la complicité »... Il prenait position : « Est-il possible de parler de ce problème en restant objectif ? Objectif ? Oui ! Neutre ? Non ! ». Son leitmotiv : « … entre le fléau et les victimes, je refusais d’être avec le fléau ». Il était du côté des juifs lorsque ceux-ci furent persécutés. « Dans le conflit entre Israël et les Palestiniens, écrit-il, il ne m’est pas possible d’être neutre, je suis du côté des victimes. Le peuple palestinien a trop souffert, a été trop longtemps nié, colonisé, opprimé , humilié, par une force qui se substitue au droit… » Et de parler d’« espoir », qui peut-être « n’est-il qu’un désespoir surmonté ? »…

On sentait chez lui le doute. Celui surtout –lucide qu’il était- de voir lui-même, enfin, une solution au conflit. Mais pas de doute quant à la paix - inéluctable, car, concluait-il (et il le répéta plusieurs fois pendant l’entretien avec les journalistes présents) « c’est avant l’aube que la nuit est la plus noire. » Cette aube-là, il en était convaincu, viendra un jour.

André s’en est allé. Le devoir accompli jusqu’au bout. Entendons-le encore nous dire, en conclusion de son laïus, le 21 février 1997, il y a quasiment sept ans, jour pour jour : « Demain, il fera jour, camarades ! »

Les communistes du Centre présentent à la famille d’André et à ses proches leurs condoléances émues et fraternelles.

Pour la Fédération du Centre du Parti Communiste,

Jean-Pierre Michiels - Secrétaire politique