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Etre parent ou manifester : Il y a-t-il des exclusivités mutuelles ?
by Kirsten Anderberg Monday, Feb. 09, 2004 at 2:07 AM
sheelanagig@juno.com Seattle, Wa USA

Est-il irresponsable d’emmener des enfants à des manifestations politiques ? Il y a-t-il des manifestations qui sont sûres et d’autres qui ne le sont pas ? J’ai interviewé 12 activistes sur le sujet, 10 parents et 7 sont des médecins de rues.

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(photo : Arnaud. Bxl. 15.03.03 - IMC Liege)

Etre parent ou manifester : Il y a-t-il des exclusivités mutuelles ?
par Kirsten Anderberg (traduit par Arno)

Est-il irresponsable d’emmener des enfants dans les manifestations politiques ? Certains avancent que c’est une bonne expérience de participer, pendant son jeune âge, à des évènements politiques, à des marches, des manifestations, et à la construction de l’Histoire. Je suis heureuse que ma mère m’ai emmenée quand j’étais enfant dans des manifestations pour les droits civils et dans des actions contre la guerre du Vietnam dans les années 60’ et 70’. Je ne crois pas que les livres puissent communiquer le sentiment que l’on ressent quand on est encerclé de policiers anti-émeute alors que l’on manifeste pacifiquement. Je suis également heureuse d’avoir emmené mon fils dans des manifestations contre la guerre du Golf dans les années 90’ et celle d’Iraq en 2003. Je ressens que cela fait partie prenante de son éducation de voir des expressions libres et non-violentes et la police anti-émeute se provoquer des clashs violent dans ses propres rues, alors que lui, il était en sécurité auprès de sa mère. Mais est-ce que je pourrais être capable d’assurer la sécurité de mon fils là où les robocops sont présents ? Certains mettent en avant que les enfants ne devraient pas être présents sur les lignes de front des changements politiques américains. Mais comme activistes et mère seule, je ne pourrais pas rester assisse à la maison et ne pas m’opposer à la guerre, simplement parce que j’ai un enfant. De plus, les enfants sont supposés être notre espoir pour le futur. Ainsi, il me semble essentiel de les inclure dans les luttes politiques si nous souhaitons que les questions qui font débat nous survivent. Est-ce qu’il y a des manifestations dont la présence d’enfant y sont acceptable et pas les autres ? Comment fait un parent actif en politique pour faire la balance entre ses propres besoins de manifester contre la guerre par exemple, avec la responsabilité parentale ?

J’ai interrogé sur le sujet un groupe d’activistes provenant de différentes parties des Etats-Unis, de Chicago, New York et Seattle comme du Wisconsin, du Maryland, de la Californie et du Colorado ainsi que certains du Canada et de Grande-Bretagne. Je me suis plus entretenue avec des personnes des groupes qui s’identifient comme anarcho-féministes que d’autres groupes comme les gauchistes radicaux, les parents de couleur anarchistes, les anarchistes, les membres du Green Party, les athéistes humanistes progressistes et d’autres. Sept personnes sur les douze interviewés sont des médecins qui opèrent dans les manifestations, et dix sont des parents. Et seulement deux personnes ayant participé à cette enquête ont déclaré avoir été emmenés en manifestation par leurs parents. Ainsi, et de façon très basique, cet article est écris grâce au point de vue d’une première génération de parents, activiste politiques (si ce n’est deux personnes) et de médecins de rue. Mais déjà dans ce petit groupe politiquement homogène, les opinions sur le sujet des enfants en manifestations diffèrent.

Quand on pose la question de savoir si il est irresponsable d’emmener des enfants en manifestation, la réponse la plus écrasante à cette interrogation est que ça dépend de la nature de la manifestation. Plusieurs ont répondu qu’ils emmenaient leurs enfants quand le thème les concernait directement comme lors de coupes dans les fonds aux hôpitaux qui soignent des enfants, dans des manifestations pour le droit des femmes mariées, justifiant ainsi l’utilisation des enfants dans les questions politiques. Par exemple, lors des manifestations contre la ZLEA à Miami en novembre 2003, il y avait un Baby Bloc formé de mères et d’enfants qui marchaient côte à côte. Un des parents interrogé a dit, « Je pense que ce n’est pas seulement sûre, mais nécessaire, d’emmener des enfants à (la plupart) des manifestations. Comme activistes, comme parents, il est nécessaire d’emmener la prochaine génération avec nous, nous devons montrer à nos enfants que quand quelque chose va mal, il va de notre responsabilité de donner de la voix à notre désaccord. » Un autre a répondu qu’emmener ces enfants en manifestation est une bonne chose car « les gosses ont besoin de savoir que leur parent possèdent un certains points de vue, et aussi que ces vues ne sont pas uniques à leur parents… » Certains ont déclaré qu’il serait chouette si la communauté pouvait travailler en commun pour que certains parents puissent faire partie des équipes médicales ou des équipes d’observation de la légalité pendant que les autres pourraient se centrer sur les enfants pendant la manifestation. Une autre mère interrogée déclarait qu’elle était assez active politiquement. Par la suite sa fille devenue adulte (et qui étaient emmenée en manifestation quand elle était enfant), lui a demandé d’aller à nouveau dans une manifestation et maintenant elle manifeste à nouveau. Ce fut un cercle de vie parfait.

Il y a une distinction qui a été faite entre les actions directes et les marches/manifestations. Nombreux sont ceux qui pensent que les grandes manifestations autorisées des syndicats, par exemple, étaient plus sûres que les actions directes contre les multinationales, comme il y en eut pendant les sommets de la ZLEA et de l’OMC. Les premières étaient vues comme sans confrontations et les suivantes comme avec des confrontations. Une médecins de rue disait, « J’ai du soigner un garçon de 8 mois intoxiqué aux gaz lacrymogènes et gaz au poivre pendant les manifestations contre la ZLEA à Québec et je n’ai JAMAIS, JAMAIS, JAMAIS envie de le refaire. » Oui, nous sommes tous d’accord que nous ne voulons jamais que cela se reproduise et c’est pourquoi nous devons sérieusement discuter de ce thème. Les manifestations ne sont pas des évènements typiques de la vie familiale, et nous le savons tous. Une autre personne interrogée a répondu que les manifestations sont sûres pour les enfants comme elle le sont pour tous, « en d’autres termes, habituellement sûres, souvent pas, et habituellement, dur de le savoir à l’avance. » Certains sentaient que les grandes réunions de personnes quel que soit le contexte présentaient un danger pour les enfants et que les manifestations n’échappaient pas à cette règle. Une autre personne déclara, « Vous pourriez argumenter tant que parce qu’il y a parfois des troubles pendant les matchs de foot (en Angleterre), qu’il serait irresponsable d’emmener des enfants à des match de foot, mais des millions d’enfants y vont et sont surveillés par leurs parents. »

« Je ne pense pas que cela soit « irresponsable » d’emmener des enfants en manifestation. Je pense qu’il est irresponsable pour les services de police, les co-manifestants, et autres, de ne pas reconnaître que les enfants ont un droit légitime d’être présents en manifestation. A la marche contre la guerre du 15 février à New York, plusieurs officiers de police ont fait des commentaires sarcastiques comme quoi nous étions des mères irresponsables en emmenant nos enfants. De toute façon, il y a quelque chose de vraiment pas juste dans notre société si les enfants ne peuvent participer à une marche pour la paix sans pour autant être en sécurité », déclarait une activiste que j’ai interrogée. Deux autres personnes déclaraient quant à elles, « je pense que la présence de la police doit être soucieuse du fait que des enfants composent la foule de façon légitime », et « si la réalité est que des enfants sont régulièrement vus en manifestation, l’attitude de la police pourrait changer. » Et ce sont des points essentiels. Si nous pouvons obtenir de la police qu’ils aient une attitude prenant en compte le fait que des enfants sont au milieu de toutes les manifestations, peut-être pourraient-ils retenir certaines de leurs violences aveugles, et la liberté d’expression serait assurée pour tous aux Etats-Unis.

La plupart des activistes que j’ai interrogés avaient le sentiment que si vous étiez assez éveillé pour manifester pour des causes politiques, vous seriez certainement assez futé pour faire les recherches appropriées avant d’emmener un enfant. Il semble qu’il y ai un consensus général que les parents avaient besoin de savoir qui à appelé à la manifestation, quels sont les enjeux politiques qui sont impliqués, qui y prendra part, quel est l’agenda de la manifestation, si la manifestation est autorisée, quels sont les tactiques envisagées par les manifestants et la police en réponse, etc. Tous le monde est d’accord que « les lieux sûres » ne sont pas garantis, et une médecin de rue interrogée s’interrogeait à haute voix si la communauté ne devrait pas commencer à mettre en place des entraînement à l’action non-violente avec enfants. Les parents interrogés ressentaient que vous deviez avoir défini un plan d’urgence avec les enfants, « des arrêts toilettes aux attaques de police », en prenant en compte ce qu’il fallait faire si on était séparés. L’équipement de base pour emmener des enfants en manifestation comprenait de la crème solaire, des couches supplémentaires, de la nourriture, de l’eau, et des couches adéquates de vêtements. Certains rajoutait que le fait de faire attention aux bulletins météo était aussi une bonne chose, en tant qu’enfant, être trempé dans une manifestation pluvieuse ou griller au soleil n’est pas très amusant, de plus, des protections appropriées contre les conditions climatiques est un thème en soit pour tous les manifestants. Une connaissance des gestes à avoir pour fournir les premiers soins est aussi intéressante en soi, si vous vivez en certains lieux, vous pouvez avoir accès à cela, comme à Boston ou Portland. Un autre conseil serait de « toujours faire attention à où vous êtes, à l’état d’esprit de la foule, des enfants (et des autres adultes si vous êtes dans un groupe), et l’état d’esprit de la police. » Plusieurs sentaient que la meilleure façon pour les enfants et les parents d’aller en manifestation était la technique des groupes d’affinités où les parents et els enfants pourraient collectivement prendre soin des uns des autres. Et même si ce sont de bons tuyaux pour les parents et les enfants, ce sont les règles de base pour les adultes aussi.

Ceci est la première partie d’une série en quatre parties sur les enfants et les manifestations par Kristen Anderberg. Visitez son site web à http://www.kirstenanderberg.com, pour les trois prochains articles qui évoqueront les préparations des enfants à la manifestation, la parenté radicale et les adolescents et les manifestations.

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