Faire le clown pour la paix by Kirsten Anderberg Saturday, Feb. 07, 2004 at 4:33 PM |
sheelanagig@juno.com Seattle, Wa USA |
Les manifestations de nos jours ont besoin de personnes se déguisant en Pères Noël, en nonnes, en joueurs de foot… Tous les moyens sont bons pour se protéger de la violence de la police anti-émeute… Soyez créatifs !
Faire le clown pour la paix
par Kirsten Anderberg (traduit par Arno)
Un évènement insolite est arrivé à Seattle au moment où Bush a déclaré la guerre à l’Irak. La loi martiale fut mise en place dans les rues de la ville. Même si les manifestants pacifiques avaient obtenu une autorisation pour contester publiquement cette guerre à proximité du « Federal Building », et même s'ils avaient déjà prouvé leur pacifisme par le passé, la police a entouré la foule de snipers, de policiers anti-émeute, d’armes automatiques et de « billy clubs », des matraques épaisses comme des battes de baseball. Ces forces anti-émeute ont suivi les contestataires dans chacun de leurs mouvements dans le centre-ville. Ils étaient continuellement en rangées, frappant nerveusement leur « billy club » contre leur paume, le tout en dissimulant leur badge et leur signe d’identification. Ces Robocops refusaient de parler ou d’interagir avec les manifestants pacifiques, au lieu de cela, ils préféraient les intimider sur leurs vues politiques. J’ai personnellement survécu pendant cinq jours à cette immersion dans l’Etat policier avant de craquer. J’ai à présent des cauchemars dans lesquels je suis dans le centre-ville et quatre Robocops commencent à me suivre. Je deviens alors nerveuse. Ils m’encerclent ensuite en arrivant simultanément de l’avant et de l’arrière. Ils ne viennent pas me parler. Ils ne viennent pas non plus me dire ce qu’ils veulent. Je reste prisonnière, horrifiée, et ensuite, je me réveille. C’est un flashback sur les troupes anti-émeute de samedi.
Après samedi, quand la police a délibérément provoqué une émeute, dans mes observations et opinions, j’ai commencé à repenser ma tactique de manifestation pacifique. Ma première réaction, inspirée par la colère, a été d’imiter les Robocops. J’ai été me brancher sur le site de « Ranger Joe’s » et de « Quarter Master Uniforms » pour commencer à acheter de l’équipement tactique d’émeute pour me protéger, moi-même, de la violente police anti-émeute et pro-guerre de Seattle. J'ai trouvé les mêmes casques et les mêmes jambières/protections pour les pieds que ceux que portent la police anti-émeute de Seattle, des gilets pare-balles, etc. Mais j'étais embêtée par le fait qu'une tenue anti-émeute inciterait les Robocops de Seattle à faire preuve de plus de violence. En parlant à un ami de l’ère des manifestations contre la guerre du Vietnam, il m’a demandé « Pourquoi ne portez-vous pas tous des équipements de football américain, avec du rembourrage et des casques ? ». Ca m’a réellement fait réflechir.
Pourquoi ne pas se déguiser en Père Noël pour manifester ? Le Père Noël est bien rembourré et ce n’est pas très bon pour l’image de la police de battre et d’arrêter le Père Noël. Les nonnes et les prêtres ne sont pas une très bonne cible non plus pour la police. Tout ce qui met en exergue la violence de la police est bon à prendre. Plus on aura l’air innocent, plus les Robocops auront l’air mauvais. Je comprends sans problème la volonté de porter du noir et des bandanas, mais il est beaucoup plus mal vu au journal télévisé pour des Robocops de frapper et d’arrêter le Père Noël, des nonnes ou des hommes en costard. C’est pourquoi le révérend Martin Luther King Jr portait des costumes pour aller manifester. Pour ne pas donner d’occasions à la police à aucun moment.
Le 22 mars, j’ai regardé nos brillants adolescents anti-guerre en colère se faire violenter à « Westlake Park ». Ils ont été fouillés de façon inconstitutionnelle. Et si les gamins achetaient ces foulards de clown qui n’en terminent pas de sortir des poches ? Ainsi, la police n’en aurait jamais fini de les fouiller. Ou alors, ils pourraient garder des sous-vêtements gigantesques dans leurs poches ou encore un poulet en caoutchouc, ou encore ils pourraient garder quelque chose de collant dans les poches. Pour notre propre santé mentale, nous devons être créatifs dorénavant, et transformer la rue en théâtre en rejetant les psychodrames effrayants montés par la police.
Et si les manifestants venaient habillés comme les flics de Keystone, avec des chapeaux, de grosses chaussures, des sifflets, etc ? Nous pourrions alors nous interposer entre les manifestants et les flics en feignant l'idiotie de clowns policiers échappés ? « Par là! » « Non, par ici! » Et si nous apprenions les codes qu’ils utilisent pour diriger les troupes comme, par exemple, pour qu’ils baissent leurs armes ? Nous pourrions créer la confusion entre les ordres du chef d’attaquer et les ordres pirates de laisser tomber les armes. Sinon, nous pourrions apprendre nos propres codes. Par exemple, quelqu’un crierait « 52 » et nous saurions tous que « tout le monde doit rapidement et uniformément se tourner vers la gauche », « 98 » et « tout le monde s’assied »…
Après des jours et des jours de harcèlement policier, d’intimidation et de violations évidentes de mes droits constitutionnels, j’ai décidé que c’est une bataille qui vaut la peine d'être menée. Je défie la communauté pour la paix de trouver des alternatives pour animer la rue de façon créative mais alerte pour mettre en lumière les actions de la police sur les manifestants. Dansons autour d’eux comme des clowns, faisons-les arrêter le Père Noël. Coordonnons-nous comme des équipes de football dans les rues. Si la police de Seattle souhaite se comporter totalement en robot, comme ils l’ont été la semaine après que la guerre soit déclarée, je dis que cela engendrera des occasions pour nous. N’abandonnez pas. Ne laissez pas tomber votre liberté d’expression aussi facilement. Au contraire, soyez encore plus créatifs. Faites-en un bon spectacle et du rire pour tous.
Publié sur Alternet.org
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