Chili: Portraits de femmes Mapuches by http://www.mapuches.org/ Tuesday, Jan. 20, 2004 at 1:13 AM |
Prisonnières politiques Mapuche du Chili
Portraits de femmes Mapuches, prisonnières politiques
Extraits d’un article de Cherie Zalaquette - revue El Sabado - 26 décembre 2003
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PATRICIA TRONCOSO dite LA CHEPA
Elle reste une femme imposante, bien qu’elle termine une grève de la faim de 52 jours qui lui a fait perdre 15 Kilos. Son visage est plus fin et anguleux que celui des Mapuches en général. Elle a les cheveux trés longs, et parait plus jeune que ses 35 ans. La Chepa a demandé son transfert à Angol, parce qu’à la prison de Victoria, où elle était avant, il n’y avait pas prisonniers Mapuches et elle se sentait seule. Sans aller plus loin, une dirigeante Mapuche Mireya Figueroa, détenue et qualifiée de terroriste, la désigne comme une sympathisante de la cause, sans lien de sang avec le peuple Mapuche " je n’ai pas le nom des Mapuches mais c’est inscrit dans mes racines par mes grands parents paternels" insiste Patricia.
Ses parents sont nés dans une commune agricole proche de Chillan et ont ensuite émigré à Santiago. La mère était employée de maison et son père ouvrier dans les matières plastics. Ils ont participé à l’occupation de terres qui a été à l’origine de la création de La Pincoya. La Chepa est l’aînée de cinq enfants et est née durant l’occupation "au début nous vivions sous les tentes, après mes parents ont construit une maison avec du matériel de récupération. Nous n’avions ni l’eau potable, ni la lumière. Nous étions toujours couverts de dettes à l’alimentation du coin. A Noël on nous donnait des chaussures, parce que nous marchions pieds nus. Mais je n'étais pas triste d’être pauvre, là tous les gens sont égaux. Les enfants jouaient à la guerre avec de la boue parce les routes goudronnées ne sont arrivées jusqu’à nous que quand j’ai eu quinze ans".
Elle allait dans une école tellement pauvre que la salle de classe était un bus abandonné, mais elle arrivée jusqu’en terminale et s’est inscrite comme sage femme. Depuis toute petite elle était attirée par l’église catholique, elle a été animatrice de catéchisme et dirigeante du mouvement catholique de la poblacion Moani. Elle rêvait d’être missionnaire et est entrée à la communauté religieuse du Coeur Immaculé. Ensuite elle a étudié dans un institut séculier de la Reina et a effectué un an d’études pour être soeur. Quand elle vivait dans la poblacion elle s’est dédié à évangéliser les enfants. Elle assure qu’elle n’a jamais milité dans un parti politique, mais qu’elle protestait contre le régime de Pinochet et s’est engagée dans la défense des droits de l’homme.
Entre 1994 et 1999 elle étudie les sciences religieuses et la théologie à l’Université Catholique de Valparaiso. Durant ces années elle vit avec un français, et s'intéresse au thème de la construction de la centrale hydroélectrique Ralco. "J’ai choisi une option radicale, j’ai laissé mes études, laissé mon couple et je suis partie travailler la terre, là j’ai rencontré mes racines sur l’Alto Bio Bio. J’ai rencontré les soeurs Quintraman et Aurélie Mariguan et d’étranges choses me sont arrivées. Quand nous préparions un n’guillatun (fête religieuse Mapuche) j’ai entendu le chant d’une femme Mapuche dans les arbres. J’ai vu son ombre passer et je l’ai vu jouer du Kultrun, j’ai sentie une énergie mystique".
Je me souviens que cette même nuit j’ai fait un rêve mystérieux : "j’ai vu un loup immense avec une couverture de beaucoup de couleurs. Il me regardait de la tête au pieds de ses yeux pénétrants. Il m’a pris la main et m’entrait les griffes. Quand j’ai raconté ce rêve aux Mapuches ils m’ont dit que mes ancêtres me cherchaient".
A partir de ce moment Patricia s’installe pour vivre sur la communauté Mapuche de Didaico, où vivent les Lonkos Pascual Pichun et Aniceto Norin " nous cultivions un potager, je tissais de la laine et des trariloncos ( bandeaux des chefs de communautés) et ça me permettait de vivre. Là j’ai compris le sentiment d’injustice que ressentent les Mapuches. L’avance des entreprise forestières qui achetait en monnaie de singe les hectares et qui en plus recevaient des aides pour planter, couper et acheter".
Quand les lonkos Pichun et Norin étaient en litige pour 56.5 hectares avec la forestière Mininco. " Les gens avaient pris un décision radicale, celle d’occuper le fundo pour faire paître les bêtes. Les gardes forestiers sont arrivés et les ont accusé, ils les ont mis en joue, les gens sont devenus fous furieux et l’affrontement s’est produit. Les carabiniers sont arrivés les ont matraqué, Pascual Pichun s’est retrouvé à l'hôpital".
Je me souviens qu’après cet incident les Mapuches n’ont pas seulement récupéré 54.5 hectares mais aussi toutes les terres qu’on leur avait prise "de mauvaise manière" comme disent les anciens. Les voies de la discussion avec les autorités étaient épuisées et il n’y avait aucune solution. Ils avaient souffert d’expulsions systématiques et légales pour les forcer à s’intégrer à un état qui ne les accepte pas. Ils les appellent minorités ethniques mais ils sont trois millions et demie de Mapuches. Il y a eu de nouveaux affrontements parce que les carabiniers ont frappé une machi (chaman mapuche) et lui ont cassé deux côtes. Ça a touché le coeur des nôtres.
La police a cherché Patricia Troncoso Robles des mois et des mois, mais elle dit " je n’allais pas me livrer puisque je n’avais rien fait". Durant cette époque elle a vécue en clandestinité dans différentes communautés indigènes, récoltant le mais pour payer sa nourriture. Finalement ils l’ont détenue le 13 septembre 2002 en même temps que les Lonkos Pascual Pichun et Aniceto Norin. "Je me suis battue pour ne pas tomber si facilement. J’ai ramassé des bâtons, mais ils m’ont passé les menottes. J’étais tellement furieuse parce que j’avais déjà été prisonnière six fois avant et les flics m’avaient tellement tabassé, qu’ils m’ont laissé un oeudeme pulmonaire. C’est pour ça que j’ai donné un coup de pied à un flic quand il m’a dit "indienne de merde, ferme ta gueule" et ils m’ont tiré jusqu’au fourgon.
La Chepa est détenue depuis un an et trois mois, parce qu’elle aussi inculpée pour association illicite terroriste et pour avoir participé et dirigé l’incendie du fundo Pidenco. Elle pourtant nie les faits " 120 ans sont passés depuis l’avance militaire de la pacification de l’Araucanie. Les ancêtres ont conté aux grand pères qu’ils leurs ont tout pris à feu et à sang. Récupérer la terre c’est sauver l’histoire ancienne. La terre (mapu) est la racine spirituelle et matérielle du mapuche. Sans terre il n’y a pas de mapuches, parce qu’ils sont gens de la terre" dit-elle. (Mapuches veut dire gens de la terre N.D.T.)
Deuxièmement, je me souviens qu’à Temulemu, durant des années les Mapuches se sont battus par la voie juridique et qu’ils n’ont rien obtenu. "Jusqu’au jour où ils ont occupé le fundo, et là, oui, les négociations ont commencé. Récupérer de l’espace apporte une solution ponctuelle aux nécessités de ramasser du bois, de semer des aliments, d'élever des animaux. Si sur un hectare où avant il n’y avait que des pins, aujourd’hui il y a du blé, des poules et un potager, quelque chose est gagné".
Mireya "je me sens captive"
Mireya Figueroa Araneda marche lentement, silencieuse. Elle est la première à rentrer dans la salle des visites de la prison féminine de Temuco. Son visage large, le nez court et les pommettes nettement mapuche ne reflètent rien de vaniteux, les cheveux longs, noirs et lisses tombent sur son corps vêtu d’une robe pleine de signification. Aux oreilles et sur son cou un peu massif, brille une chaîne fine qui semble en or.
Mireya est une dirigeante Mapuche de 42 ans, accusée de terrorisme pour sa participation à l’incendie du fundo Poluco Pidenco de la forestière Mininco, qui s’est produit le 19 décembre 2001 et où ont brûlé cent hectares de pins et eucalyptus. Elle a été détenue un an sans que ne soit réalisé un jugement oral et public qui aurait pu l’innocenter ou la condamner. L’instruction a déclenché beaucoup de polémiques, puisque la juge du tribunal de garanties Nancy Germany lui a enlevé la qualification de terroriste durant l’attaque mapuche et que la justice militaire a fait appel de cette décision. Pour la justice militaire de Collipulli, Mireya est une activiste en raison du travail de conscientisation qu’elle réalise auprès des indigènes. En prison on dit que son diabète s’est déclaré ainsi que de l’hypertension artérielle sévère et une dépression qu’elle n’arrive pas à dépasser. Son mari et ses enfants vivent dans la communauté indigène de Tricauco, sur la localité d’Ercilla, où se sont déroulés de nombreux conflits avec la forestière Mininco. Selon ce que raconte Mireya, ils peuvent lui rendre visite seulement un fois par mois parce que chaque voyage coûte 10 000 pesos. Elle dépense pour ses médicaments plus de 25 000 pesos mensuels. Il n’y a dans la zone aucune institution d’aide sociale qui finance les médicaments des prisonniers a déclaré une gardienne de gendarmerie, au journal "el sabado".
Je n’ai pas un nom Mapuche, parce que la génération de ma mère, qui a aujourd’hui 75 ans à du changer de nom de famille pour échapper au racisme. Mireya est née sur la commune de Collico, à Ercilla, Elle n’a jamais connu son père et ne sais pas qui il est. Sa mère, célibataire avec quatre enfants a émigré à Conception pour travailler comme femme de ménage. La matin elle gardait les enfants et l’après midi elle était commerçante ambulante de fruits et légumes. "Grâce à ses sacrifices nous avons eu une enfance sans grandes privations ni nécessites".
Mireya comprend trés bien le mapudugun (langue mapuche N.D.T.) Mais ne le parle pas couramment. " Vivant à Conception c’était difficile de conserver notre culture. Mais ma mère s’attachait à nous raconter ce que lui avait raconté son grand père, sur la souffrance de notre peuple quand sont venus les espagnols, puis avec la "pacification" de l’Araucanie durant laquelle nos ancêtres ont perdu toutes leurs terres qui sont passées aux mains des colons Huincas. Ma mère se souvient que l’état a réduit au minimum les communautés indigènes. Avant un cacique possédait 3 milles hectares, aujourd’hui à peine 500 ou 600, voire moins. Les communautés grandissent et les familles ont besoin de plus de terres pour survivre".
Dans la salle de classe de son école rurale, ses camarades se moquaient de ses origines Mapuches se souvient Mireya. "Ils me regardaient de haut, mais le plus c’était qu’ils me disaient indienne? Je dépassait ma peine et je leur répondais "un peu de respect". La jeune fille complète ses études au lycée commercial de conception, et devient voyageur de commerce. Tous les ans elle attendait avec impatiente les vacances pour voyager à Collico pour partager avec les gens de sa communauté. Spécialement pour voir Oscar Queipo Toledo, son fiancé d’alors, avec lequel elle est mariée depuis 22 ans. " C’est lui qui est de la communauté mapuche de Tricauco, où il travaille comme auxiliaire paramédical au dispensaire rural".
Le visage de Mireya s’illumine quand elle se souvient de sa vie quotidienne à Tricauco, travaillant du lever au coucher du soleil, élevant des volailles, cultivant son potager et ses trois serres, vendant des oeufs, légumes et des fleurs. De son mariage elle a trois enfants, Oscar 20 ans, Priscila 16 ans, Josselyne 12 ans. "J’ai eu d’autres enfants que la vie m’a repris, christian un fils mapuche qui est parti de la maison à 12 parce qu’il n’y avait pas de quoi l’alimenter. Il est arrivé à ne plus peser que 18 kilos tant il était mal nourrit. Puis une maladie pulmonaire lui a mangé la moitié des poumons. Je l’ai accompagné pendant 6 ans à l'hôpital régional où il y avait 11 autres enfants qui souffraient de la même maladie et qui sont tous morts. Même si je ne suis pas sa mère biologique je lui ai donné toute ma tendresse comme à un fils, j’ai tout fait pour le sauver, aujourd’hui je l’éduque".
Mais être heureuse en famille n’est pas suffisant pour Mireya " j’ai vu ma communauté si pauvre, rejetée par les gouvernements. En frappant aux portes j’ai créé des ateliers de travail pour donner des formations aux femmes, travail de la terre, tissage, tissage de laine, coupe et confection, tissus, conserverie, nutrition et horticulture" Mireya raconte que sa communauté était constituée légalement auprès de la CONADI et ses ateliers enregistrés et appuyés par des organisations gouvernementales : Promodu, Focis, Indap. "Dans les communautés Mapuches ont ne devient pas dirigeants si on ne se gagne pas en premier le respect au travers du travail. Ils ont vu ma grande volonté de travail social, ma vocation à servir et m’ont désignée comme secrétaire" dit-elle avec orgueil.
Il y a deux ans, en décembre 2001, est arrivé un moment trés particulier. Son fils aînée, un élève brillant, a réussi l’examen d’aptitude académique. "Je savais que je n’aurais pas l’argent pour ses études au Chili, et comme j’ai milité au parti communiste il y a longtemps, j’ai fais des démarches pour lui obtenir une bourse académique à Cuba. Il y a 200 jeunes qui ont postulé et 20 qui ont été sélectionnés, entre eux, mon fils. A part le fait de rendre un bon travail ils aussi ont récompensé son effort. Il marchait pendant 4 heures à pieds pour se rendre à son collège".
Oscar actuellement est en seconde année de médecine à Cuba, mais Mireya ne l’a pas revu, ni n’a pas communiquer avec elle depuis qu’elle est en détention. Elle pleure, inconsolable, quand elle parle de lui. "Ils nous ont accusé tous les deux d’avoir participé à l’incendie du fundo Poduco Pidenco. Mais l’incendie a eu lieu le même jour où mon fils a passé son examen d’aptitude académique et j’étais à Temuco, au siège du parti communiste, en train de rassembler les éléments de son dossier pour demander la bourse".
Elle demande une minute de silence pour se calmer. Les gendarmes s’approchent et m’informent que les notes prises durant notre conversation seront examinées. Mireya continue de parler mais elle est trés nerveuse. Elle explique qu’il y a des membres de sa communauté qui ont témoigné qu’il avait participé à l’attaque du terrain. Alors que ses yeux s’emplissent de larmes elle explique : " je suis une dirigeante publique qui a travaillé avec le gouvernement durant plus de huit ans. Notre communauté a été infiltrée par la compagnie forestière et elle est s’est divisée en deux groupes politiques et religieux. Du groupe infiltré proviennent les témoignages qui m’accusent. Ils ont fabriqué cette histoire, ils ont dit que j’étais une activiste, parce que chez moi venaient beaucoup de gens. Notre groupe dialoguait avec le gouvernement. Quinze jours avant ma détention ils m’ont interviewé avec le préfet, nous avons signé un protocole d’accord dans lequel il s'engageait à nous aider à acheter plus d’hectares. Nous avons eu un dialogue ouvert...... Et ça c’est du terrorisme ?" . "L’université du Chili a certifié que son fils participait aux examens ce jour là; mais les militaires continuent de soutenir que c’est aléatoire. "Face à des arguments comme ceux-là il n’y a plus qu’à écouter. Il n’y a pas de justice pour les Mapuches. La seule chose qu’il y a c’est une persécution politique en démocratie, parce que je suis communiste et que mon fils étudie à Cuba".
Elle raconte que sa communauté a négocié avec la forestière Mininco qui leur a donné 75 hectares à fin d’utilisation commerciale. "Mais il faut se souvenir de l’histoire de ce fundo Poluco Pidenco. L’état nous l’a passé en 1969 du temps de la réforme agraire. Il a été sous notre responsabilité jusqu’en 1977. La dictature nous a enlevé nos terres, nous avons perdu nos maisons, les récoltes, tout, et aujourd’hui ils nous traitent de terroristes. Mon village ne sait pas ce que c’est. Le terrorisme vient de l’état chilien qui nous criminalise parce que nous revendiquons ce qui nous revient depuis 100 ans".
La prison a tellement détérioré la santé de Mireya Figueroa, qu’elle doit ingérer de nombreux médicaments pour tenir debout. Son cas est tellement emblématique qu'Amnistie Internationale lui a rendue visite, et le rapporteur des Nations Unies, ainsi que Gladys Marin (responsable du PC Chilien N.D.T.) et des dirigeants locaux de la CONADI. " Je n’avais jamais été détenue avant. Je me sens captive. Ce n’est pas mon milieu. Je me réveille à six heures du matin avec le chant des oiseaux, je fais mon lit et je dit ma prière en langue mapuche. Le jour est si long avec une si grande solitude. J’ai été obligée de sortir ma fille de l’école pour qu’elle me remplace comme chef de famille. Je vis la souffrance d’une femme indigène qui ne peut voir ses enfants. Je ne peux même écrire à Oscar à Cuba pour ne pas le compromettre. Si je dois payer d’une condamnation injuste alors que je suis innocente, je le ferais comme une offrande à mon peuple. Un jour nous serons libres".
Angélica : assignation à résidence
A Nancahue, route de Chol Chol, se trouve l’humble maison des Nancupil. Mercedes la grand mère de 92 ans, Aida la fille et Angelica la petite fille. Trois femmes seules qui vivent sur un hectare avec un petit potager de légumes et de fleurs, quelques poules et cochons. Il n’y a pas d’eau potable et ont l’électricité depuis seulement 4 ans.
Mercedes boit son maté en silence, pendant qu’Aida pétrit le pain à côté de sa cuisinière à bois. Dans la cour il y a une auto démantibulée et une moissonneuse mangée par la rouille et abandonnée depuis la mort du mari d’ AIda, il y a 15 ans. Aida a fait beaucoup de sacrifices pour élever ses deux enfants, Juan Carlos l’aîné est ingénieur et Angélique est proche de recevoir son diplôme d’institutrice inter culturelle (avec mention de langue et culture mapuche) . Je n’ai pas pu me présenter à l’examen avec mes camarades en janvier dernier, parce que l’Université Catholique de Temuco n’a pas acceptée que je me présente avec les gendarmes" dit Angélica en riant. Avec sa grand mère elle a apprit les premiers mots de Mapudugun (langue mapuche N.D.T.) Même si elle confie qu’elle ne le parle pas couramment. Sa participation dans les luttes indigènes s’est initiée à l’Université. Elle a dirigée sa carrière et vécu dans un foyer étudiant où elle a rencontré son compagnon, Jose Llanquileo. Angélica et José sont accusés d’être porte paroles de la Coordinadora Arauco Malleco, l’organisation la plus radicalisée du mouvement et a qui l’on attribue une fraction militaire. Le Ministère public la considère comme une association terroriste illicite "le mot terroriste je le trouve extrêmement ridicule quand il est associé aux Mapuches qui n’utilisent jamais les armes pour réaliser les processus de récupération de terres. C’est trop démesuré de nous appliquer ce concept" dit Angélica, pendant que la grand mère chasse les poulets et les poules qui traversent la pièce. La jeune femme assure que sa seule participation au mouvement Mapuche a consisté à visiter les prisonniers politiques détenus et à organiser des actions pour récupérer des aliments et les donner aux communautés.
"J’avais un contrat et je gagnait un salaire comme superviseur de projets inter culturels à la Fondation pour le développement paysan quand j’ai été arrêtée en Décembre 2002. Durant cette opération ils ont fait pression sur de nombreux dirigeants de la CAM, entre autres, sur mon compagnon José Llanquileo, qui lui, en plus, a été accusé d’incendie. La maison où nous vivions tous a été qualifiée " de place forte" par les militaires de Temuco".
Angélica a une interdiction formelle de rendre visite à José. Elle a été prisonnière quatre mois à la prison de Temuco avec Mireya Figueroa, mais suite à une grève de la faim de 35 jours, en avril passé, la justice argumentant de raisons humanitaires a commué sa peine en assignation à résidence. Aujourd'hui elle ne peut s’éloigner de plus de 500 mètres de sa maison. Même pour aller chez le médecin elle doit demander une autorisation aux carabiniers et elle assure devoir le faire trés régulièrement puisque suite à ce trés long temps grève de la faim elle présente des problèmes de tension artérielle et d’estomac, elle souffre de fortes migraines et de nausées. "L’objectif de la grève de la faim était de dénoncer les violences et abus commis dans les communautés indigènes. Ils encerclent les maisons et punissent jusqu’aux enfants et aux femmes. C’était aussi d’exiger la liberté des prisonniers politiques Mapuches et que nous soient rendus des procès justes et transparents".
Pendant qu’elle était à Témuco, elle raconte, qu’elle était trés affectée par l’incarcération "l’accès à la cour, qui est le droit de tous, était trés limité. Seulement 15 minutes par jour pour étendre les vêtements. Les gendarmes disent qu’il n’y a pas de miradors, ni de personnel pour surveiller les détenues dans la cour, c’est pour ça qu’ils nous maintenaient dans la salle au milieu du bruit de la radio, de la télé et du chahut des femmes". Angélica dit qu’elle se sentait différente des autres jeunes chiliennes à cause de sa cosmovision. "Nous pensons que l’homme est une partie de la terre (mapu). Nous respectons la terre et les biens qu’elle nous donne sans surexploiter les ressources. Le bonheur pour nous n’est pas matériel, il est intégral".
Quand elle était au collège de Temuco, elle raconte qu’elle finissait par avoir honte de son nom et de son visage, parce qu’on la traitait d’indienne. Ils nous discriminent. Ils disent qu’ils acceptent d’autres cultures, mais ce qu’ils veulent c’est intégrer les Mapuches à une culture non Mapuche". Elle pense que les Chiliens n’ont pas une identité propre et définie "les Huincas aspirent toujours à être autre chose, pas eux mêmes. Ils imitent les cultures étrangères et leur manière d’être, de parler de se comporter"; Les Mapuches intégrées comme le Ministre Francisco Huenchumilla, ne nous représentent pas. " Ils pensent que de ces lieux bien en vue ils peuvent faire un apport, mais je pense qu’ils vendent leur peuple et leurs principes, parce qu’en même temps qu’ils dénoncent les violences, ils les négocient. Et pour finir c’est la même chose, ils réalisent des méga projets, les forestières envahissent la terre et au bas de ces lois on retrouve le nom et le prénom d’un Mapuche".
Concernant la CONADI elle analyse : c’est une partie de plus du gouvernement, qui serait là pour servir le peuple Mapuche, mais ça sert tout juste à mettre en place des poltiques d’assistance. Ça ne solutionne pas les problèmes de fond. Ils achètent des terres pour les communautés Mapuches mais si on analyse bien il y a des documents qui prouvent que ces terres ont été usurpées, alors pourquoi les payer à ces gens qui n’ont honte de rien ? (Un des programmes de la CONADI Commission gouvernementale aux affaires indigènes, consiste à racheter des terres pour les redonner aux Mapuches expulsés N.D.T.) Pourquoi acheter ce qu’ils ont volé ? En plus Angélica est trés énervée par le fait que la CONADI dénature la cérémonie du N’guillatun (cérémonie religieuse Mapuche N.D.T.) Le Nehuen (dieu) existe en tous lieux où les Mapuches étaient autrefois. La cérémonie est faite pour rendre grâce ou demander quelque chose, et pas comme un hommage aux autorités. C’est une manière de "folkloriser" l’expression spirituelle".
Son futur personnel elle le voit trés incertain. "Ce procès ne nous garantie rien. Les juges n’écoutent même pas notre défense. Les arguments de nos avocats s’envolent. La réforme judiciaire pénale permet de nous garder en prison préventive pour trés longtemps sans preuve de notre participation dans les faits". Plus information: http://www.mapuches.org/
Prisonnières politiques Mapuche by http://www.mapuches.org/ Tuesday, Jan. 20, 2004 at 1:13 AM |
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