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Journal de Bombay (J14)
by Peter Darin - Intal Saturday, Jan. 17, 2004 at 12:10 PM
peter.darin@intal.be

journal de Bombay J14

me 14 jan 2004

Dans deux jours se tiendra, ici à Bombay, le quatrième Forum social mondial (FSM). Durant une petite semaine, des dizaines de milliers d’altermondialistes vont discuter de cet autre monde qu’ils veulent construire. Mais, à Bombay même, le FSM est complètement absent de la réalité urbaine.
Pas d’affiches ni de slogans ni d’appels sur les murs. Par contre, on voit pas mal de chaulages d’appels émanant de Mumbai (Bombay) Resistance, le forum alternatif qui se déroulera parallèlement au FSM. En voici un, parmi tant d’autres : "Debates only won't create another world" (« Les seuls débats ne suffiront pas à créer un autre monde »).
Quand on sait qu’à Bombay vivent quelque 20 millions d’habitants entassés sur une superficie totale de 200 km² et que le FSM va rassembler un petit 100.000 militants dans le Nord lointain de la ville, il ne faut guère s’étonner que l’événement puisse passer quasiment inaperçu dans les seuls endroits du centre et du Sud de la ville que nous avons visités jusqu’à présent.
Une adaptation difficile
Nous sommes arrivés hier matin à Bombay, après un voyage d’une petite vingtaine d’heures. Ce soir, il est 09h15 (ajoutez 4h30 et vous saurez l’heure qu’il est chez nous), nous sommes toujours en train de nous acclimater à cette gigantesque ville du tiers monde.
Naturellement, il ne s’agit pas que de la différence de température. Durant la journée, il fait ici 30 degrés, et la nuit, la température redescend à 15 agréables degrés, des températures auxquelles nous ne pouvions encore que rêver voici deux jours, quand nous avons quitté Bruxelles Midi dans le froid et la pluie. La nourriture indienne, très épicée, ne risque guère de poser de graves problèmes, hormis de fréquents séjours aux toilettes pour des raisons de diarrhée.
C’est surtout la confrontation avec l’indescriptible pauvreté qui nous met mal à l’aise. La moindre place disponible est envahie de logements de fortune : les ponts, les quais des gares, les parcs ouverts… Manifestement, bien des familles ne peuvent même pas s’offrir un bout de toit et dorment donc littéralement dans la rue.
L’absurde de la situation réside dans le fait qu’il ne semble y avoir aucune distinction entre les zones résidentielles et les bidonvilles. Alors à Mexico City, on voit clairement où finit la ville et où commencent les bidonvilles, à Bombay, les deux se chevauchent en permanence. On peut voir ici des gens mourir littéralement sur le trottoir alors qu’à un mètre à peine, des gens en costume se hâtent vers leur travail.
Pourtant, la société indienne apparaît beaucoup moins agressive que dans quelques pays d’Amérique latine. Le fait qu’ici les pauvres ne vous assaillent pas tous les cinq pas a beaucoup à voir avec la soumission et la résignation quasi innées, propres au système des castes.
Des plans pour les jours à venir
Travailler avec internet ne semble pas vraiment un problème, ici, à Bombay. Vous pouvez donc vous attendre, durant les prochains jours, à ce que nous vous envoyions des articles, et sur le FSM, et sur Mumbai Resistance. Demain, nous débuterons d’ailleurs par un rapport de l’International Health Forum, également organisé ici, à Bombay, dans le cadre du FSM et où, avec intal, nous allons tenir un atelier à propos de l’expérience de nos médecins sous les bombes de Bush à Bagdad.
Pouvoir publier des photos semble difficile, toutefois, avant l’ouverture du FSM mais, là, nous aurons la possibilité d’utiliser les infrastructures. En tout cas, demain, nous allons nous mettre en quête d’une boutique internet où il soit possible de publier des photos.
Peter Darin, Bombay, 21h30

PS. Vous pouvez toujours me téléphoner vos questions et propositions. Mon numéro de téléphone ici est le 98 194 25 185.