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CII (le "CNN français") sous contrôle de Bouygues
by OFM (posted by raf) Tuesday, Jan. 13, 2004 at 11:00 AM
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Observatoire français des médias (OFM) CII - la Chaîne Internationale d’Information ou le CNN français: Chirac l’a voulue, Le Lay (président de TF1 du groupe-Bouygues) l’aura.

Le président de la République a souhaité la création d’une chaîne
internationale d’information, d’une CNN à la française. L’idée est
séduisante de concurrencer l’information “ made in USA ” et de donner au
monde une autre vision de son état et de son évolution.
Alors que l’Assemblée nationale avait créé un groupe de travail pour
étudier la faisabilité d’une telle chaîne, l’Elysée, de son côté,
missionnait
un député de l’UMP, Bernard Brochand, maire de Cannes et ancien
publicitaire.
Aujourd’hui, les raisons de ce choix élyséen éclatent au grand jour : la
CII
ne sera pas une chaîne publique. Elle sera confiée à une structure privée
associant TF1 et France télévisions, et échappant à la tutelle du CSA. Son
président sera désigné d’un commun accord par les actionnaires ; elle ne
sera pas visible en France pour ne pas concurrencer LCI. Son budget étant
modeste (et irréaliste), M. Brochand propose de créer un club de
partenaires, gros annonceurs, ayant accès au conseil d’administration, et
disposant donc un droit de regard sur les destinées d’une chaîne au
contenu éditorial sensible. Enfin, pour dégager des crédits, le rapport du
député dela majorité préconise curieusement l’arrêt des structures propres
d’information de TV5 et d’Arte pour les mettre à la disposition de la CII.
Les pouvoirs publics préparent clairement un “ remake ” de la création du
bouquet de chaînes par satellite TPS. Celui-ci, à sa création, associait
également TF1 et le service public. Aujourd’hui, après que France
télévisions eut supporté l’essentiel du budget de lancement, le service
public a été prié de se retirer et de laisser la conduite de TPS à TF1,
dès
lors que l’équilibre en était assuré.
Aujourd’hui, M. Le Lay, le président de TF1, claironne sans retenue qu’il
ne
mettra pas d’argent dans la CII, mais qu’il en maîtrisera la direction
éditoriale. Comment peut-on laisser une filiale du groupe Bouygues, lié
par contrat à de (trop) nombreux gouvernements antidémocratiques,
contrôler l’information internationale à la “ française ”.
En outre, le montage préconisé par le rapport Brochand est choquant :
peut-on imaginer une chaîne payée par le contribuable français mais
invisible sur le territoire national. L’aide apportée par les pouvoirs
publics
au secteur audiovisuel du groupe Bouygues pose un véritable problème de
démocratie. L’audience de TF1 connaissant une érosion constante, le
groupe cherche des solutions pour asseoir son développement et assurer
sa pérennité. Ses tentatives de rachat d’une partie du groupe allemand
Kirch en faillite ayant échoué, le gouvernement français lui vient en aide
en lui offrant une chaîne lui donnant une dimension internationale.
Pour l’Observatoire français des médias (OFM), la CII ne peut être qu’une
chaîne publique, associant toutes les composantes de l’audiovisuel public
(télévision et radio) et de l’AFP, dont les potentiels sont sans
équivalent
dans le monde. Le gouvernement doit abandonner le rapport Brochand et
étudier les solutions préconisées par l’Assemblée nationale et par les
personnels du service public.