DHKC 319: L'Europe dans tous ses états

DHKC 319: L'Europe et ses inquiétudes à propos du terrorisme

Date: Le 30 novembre 2003
Communiqué: 319

Européens ! N’allez-vous pas vous demander : Que sommes-nous comme démocratie?

Suite à l’explosion de quatre bombes à Istanbul les 15 et 20 novembre derniers, certains pays européens et organismes de l’Union européenne ont pris des mesures à l’encontre de la Turquie.

La commission de l’Union européenne et le conseil de l’Europe ont suspendu les activités de plusieurs commissions de l’UE en Turquie parce que notre pays « ne serait pas sûr ».

Les activités diplomatiques dont les visites officielles n’auraient lieu qu’en cas de force majeure. La fédération de football ‘UEFA’ a décidé de faire jouer deux matchs internationaux à l’étranger pour la même raison... De l’Angleterre au Danemark, plusieurs pays européens (ainsi que les USA) ont appelé leurs citoyens à « ne pas aller en Turquie ».
Pourquoi ?

Est-ce la première fois que des bombes explosent en Turquie ?
Est-ce que l’Union européenne a pris des décisions semblables à l’encontre d’autres pays?
En outre, pourquoi l’Union européenne n’a-t-elle pas pris une telle décision lorsque la sécurité était encore plus discutable en Turquie?

Pourquoi ? Pourquoi, cette politique du « deux poids, deux mesures » ? Les peuples d’Europe doivent se poser cette question.

Qu’est-ce qui inquiète l’Europe ?
Lorsque les exécutions, les disparitions, les assassinats « aux auteurs inconnus » étaient à leur comble, lorsque les villages étaient détruits et dépeuplés, où étaient donc les Etats européens et leurs diverses institutions ? Pourquoi n’avez-vous pas pris de telles mesures lorsque la Turquie était encore moins sûre ? » Il n’y avait aucune ambiguité quant aux méthodes pronées par les autorités turques : au nom de la « guerre totale contre le terrorisme », le pouvoir mena une terreur inondant les villes et les villages dans un déluge de sang.

Vous rappelez-vous de Lice ? Cette petite ville a été coupée du monde, mise à feu et à sang et réduite en poussière. Des dizaines de personnes y ont été assassinées... Plus récemment, le quartier pauvre de Küçükarmutlu à Istanbul a été encerclé par la police où elle a perpétré un massacre.
Lorsque les forces islamistes qui ont commis les récents attentats à la bombe, étaient entraînées dans les commissariats de police et les casernes militaires pour kidnapper et exécuter les opposants à coups de hachettes et que le nombre des victimes était de plusieurs dizaines de milliers, où était donc la démocratie européenne, où était passée l’inquiétude de l’Europe ?

Le monde entier est au courant des pratiques ignobles du régime qui sévit en Turquie; la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) déborde de dossiers mettant l’Etat turc en cause.
Où étaient les institutions européennes alors ? Pourquoi les Etats impérialistes européens n’ont-ils pas empêché leurs citoyens de se rendre en Turquie ?

Une autre question : Durant le massacre du 19-22 décembre 2000, où était l’UE ?

Cette violence là ne les avait pas “inquiétés”. Parce qu’il s’agissait d’une « violence officielle »; « la violence de l’Etat ». Pire ; les Etats impérialistes européens ont cautionné les atrocités commises dans les prisons.

Ne parlons même pas de critique, ni de préoccupation, ni de campagne de prévention envers leurs citoyens car le jour du massacre, les autorités européennes avaient applaudi et félicité le « succès » de l’assaut sur les prisons ?. Maintenant ils continuent d’applaudir le massacre qui se produit dans les prisons de type F.

Alors que le bilan des morts s’égraine jour après jour, mois après mois et que ce bilan a dépassé la centaine de morts, les Etats européens pris séparément ou l’Union européenne, n’ont pas reporté une seule de leur rencontre en Turquie. Il n’ont pas invoqué « le prétexte du terrorisme » pour annuler leur voyage en Turquie !

Ceux qui appellent à ne pas se rendre en Turquie, se préoccupent-ils vraiment de la démocratie, des droits de l’homme, de la sécurité, ou sont-ils soucieux de l’intérêt de leurs entreprises monopolistiques ?
L’Union européenne et les institutions qui sont dans son orbite se doivent de répondre à cette question.
Peuples européens, vous devez interroger les institutions qui prétendent vous représenter.

Ceux qui suivent un tant soit peu les événements verront ceci: la raison de cette attitude par rapport à la Turquie n’est pas la sécurité des Européens mais bien le compte bancaire des entreprises européennes. Si demain, leurs intérêts sont en danger, non pas quatre bombes mais cent bombes ne suffiront à faire renoncer l’UE à ses activités en Turquie, ni à dissuader l’UE d’y envoyer ses citoyens.

Pour la pérennité des intérêts de ses entreprises monopolistiques, l’UE n’accorde aucune valeur aux peuples des pays néo-colonisées comme la Turquie, ni même à leurs propres peuples.

L’UE critique parfois « la répression qui vise les associations démocratiques de Turquie». En réalité, elle utilise cette répression pour faire du négoce avec l’oligarchie de notre pays. En même temps, l’Europe ne manque pas de recourir sur son territoire à la répression contre les révolutionnaires et les démocrates. Leur seule règle d’or est la protection des intérêts de l’impérialisme.

A travers cette ostracisation de la Turquie, l’Union européenne ne se préoccupe pas de la protection des peuples.

L’Union européenne doit donner des explications sur ses véritables mobiles ; elle doit révéler ce qui se cache derrière cette décision.
Une chose est sûre, cette décision ne peut pas s’expliquer par de la démagogie sur « la terreur », « la violence », « la sécurité » :

Si vous parcourez la situation en Turquie de ces 23 dernières années, vous constaterez que le terrorisme d’Etat a toujours été soutenu par les monopoles européens. Tous les pouvoirs, y compris la junte, qui ont recouru à la terreur, aux exécutions extra-judiciaiers, aux massacres et aux enlèvements, ont été soutenus par l’Europe.

Les Etats européens soutiennent le terrorisme impérialiste. En Irak, en Afghanistan, dans les Balkans, l’Europe a été engagée dans toutes les agresssions impérialistes depuis 1991.

C’est pourquoi, parmi les responsables des bombes qui ont explosé à Istanbul, il ne faut pas minimaliser la responsabilité de l’Union européenne.

L’Union européenne doit cesser d’abuser du discours sur la violence, les droits de l’homme et la sécurité et dire la vérité à ses citoyens. Sans une compréhension des manoeuvres que trame l’UE et de la nature de ses dirigeants, la population européenne ne pourra pas comprendre les enjeux et les intérêts que défend l’Union européenne.

Citoyens européens!
N’allez pas en Turquie ! Pas parce que l’Union
européenne l’a dit, mais pour ne pas être instrumentalisés par les entreprises monopoles lorsque demain, ils vous encourageront à vous y rendre ... N’y allez pas pour ne pas soutenir directement ou indirectement le fascisme en Turquie.

Fournir des crédits à la Turquie, y passer des vacances, y faire écouler des devises, c’est soutenir le fascisme.

C’est soutenir l’oppression que fait régner l’oligarchie de Turquie contre son peuple. D’autre part, c’est aussi cautionner un régime qui collabore avec l’impérialisme.

Ni les peuples de Turquie, ni les peuples d’Europe n’ont d’intérêt dans le renforcement du fascisme en Turquie.

Nous appelons les Européens à soutenir, non pas le fascisme en Turquie, mais la lutte des peuples de Turquie pour leurs droits et les libertés. Ne soutenez en aucun cas un régime fasciste qui opprime le peuple !

arch/ive/ief (2000 - 2005)