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Fonction publique. La fin de ‘Copernic’ ou… le « Diviser pour régner » de Arena?
by Peter Veltmans Wednesday September 17, 2003 at 01:59 PM
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Au début du mois de septembre 2003, le nouveau Ministre de la Fonction Publique, Marie Arena, annonça la fin définitive des fameuses réformes coperniciennes pour la fonction publique.

Au début du mois de septembre 2003, le nouveau Ministre de la Fonction Publique, Marie Arena, annonça la fin définitive des fameuses réformes coperniciennes pour la fonction publique.

Selon madame le Ministre, son prédécesseur Luc Van den Bossche (SP) “avait trop d’espoirs dans les compétences du privé”[1]. Elle remet les épreuves de sélection à nouveau dans les mains du Selor et elle en fini avec les bureaux de consultation qui pratiquent des tarifs exorbitants. Les fonctionnaires de haute gamme ne doivent plus compter sur des traitements exorbitants.[2]. A terme elle veut transformer «les soi-disant tests de compétences» vers un système de formations certifiées. Marie Arena veut donner de nouveau confiance à ses fonctionnaires même, parce que “on ne peut pas imposer un but à 80.000 personnes qui n’y croient pas”[3].

Joie syndicale.

Les syndicats, la CGSP en particulier, se régalent ! Arena approuve ni plus ni moins les mêmes points du vues que la CCSP a défendu contre Luc Van den Bossche. Arena ajoute encore un peu d’huile sur le feu. Selon elle, son parti, “a toujours refusé de suivre la logique du Copernic’[4]. Pourquoi alors le PS avait-il souscrit en son temps l’accord gouvernemental?… pas de réponse.

Etat-PS?

Les opinions politiques flamandes se bousculent pour désavouer unanimement cette nouvelle culture politique. Elles y voient l’ultime preuve de la logique du pouvoir perfide de l’Etat-PS, qui ne peut pas se passer du «vieux système des nominations politiques», dans lequel on suggère ni plus ni moins les causes de la « maladie belge » c.à.d. Le culture du tirer son plan et de la corruption.[5]. Il ne faut donc pas s’étonner que le Premier, Verhofstadt, – le père de la conception de ‘l Etat modèle Belge’ – se donne beaucoup de mal pour prouver que très peu de choses allaient changer; que ‘l’esprit de Copernic était sauvegardé’ et ainsi de suite[6].

Une victoire?

Est-ce que les syndicats peuvent vraiment parler d’une victoire? Peuvent-ils vraiment croire que «le mauvais esprit néo-libéral des réformes de la fonction publique» est retourné pour de bon dans sa maudite bouteille? A première vue on dirait que oui… mais si nous allons l’observer de plus prêt il semble que c'est un peu plus compliqué que prévu...

Restrictions budgétaires

Deux choses sont essentielles. D’une part la situation budgétaire et d’autre part la restructuration significative des entreprises publiques comme la SNCB, La Poste et Belgacom. Même s’il y a aujourd’hui un ministre de la fonction publique «pur libéral», il ne pourra pas se défaire du fait qu’en principe il n’y a plus les budgets nécessaires pour atteindre les buts de Copernic et de financer tout cela.

La spirale négative dans l’économie belge oblige notre gouvernement à un « réalisme » qui réduit leurs plans néo-libéreaux orgueilleux à un plus petit niveau. Les concessions de Arena découlent en premier lieu d'une nécessité de gouverner selon sa bourse.

De là la restriction dans les dépenses liées aux épreuves de sélection des coûteux bureaux de consulants et d’économiser dans les traitements exorbitants des hauts fonctionnaires (lire « managers »!).

Par contre, Arena n’a aucune (mais alors là vraiment aucune) perspective pour faire face aux besoins et aux vrais problèmes de la fonction publique. Il n'est nulle part question d’une approche positive face au manque d’effectifs. Nulle part il n'est question, ne serait-ce qu'un début d’une approche positive, de remédier au manque désastreux de personnel dans les grands centres.[7]. Et évidemment pas un mot sur le refinancement ultra-urgent de l’ensemble des services publics.

Privatisation et pertes d’emplois

Dans ces domaines, elle sait qu'il vaut mieux se taire qu vu des intentions du nouveau gouvernement, surtout par rapport aux services publics. Au cours de sa législature, le gouvernement veux encore réduire sa part dans Belgacom pour passer en dessous des 50 % et vendre le reste aux enchères en les proposant sur le marché public, c.à.d. la Bourse. La privatisation complète de Belgacom par la Bourse n'est plus un sujet de débat. Seules les répercussions sur le personnel (surtout le fond des pensions de Belgacom) seront encore reprises dans une Convention Collective.

Le SNCB se trouve devant un plan de restructuration qui pourrait menacer environ 10.000 emplois. A La Poste 8.000 emplois sont menacés ! Pourquoi? Parce que notre pays doit suivre le train d’enfer, pas celui des peuples, mais celui de la vague neo-libérale.

‘Divide et impera’

Le gouvernement tremble devant un scénario à la française où la résistance du personnel dans les entreprises publiques pourrait servir de catalyseur pour à son tour étendre le mécontentement dans tout le secteur public mais aussi dans le secteur privé, le tout explosant dans une énorme contestation sociale.

Chacun sait, dans le monde politique belge, ce qu'une telle dynamique pourrait entraîner (rappelez-vous les grandes grèves d’hiver de 60-61, les grandes manifestations de 1983 des fonctionnaires et aux grèves contre le Plan Global).

Pour le gouvernement, il est évidement nécessaire d’éviter à tout prix ce scénario en essayant de diluer des parties importantes de cette possible coalition des résistances. On a ainsi d’abord accordé un enterrement de première classe au personnel de la fonction publique au cours de la réforme-Copernic, pour continuer ensuite sans vergogne avec la même logique copernicienne dans les entreprises publiques. Madame Arena sait très bien, tout comme le reste du gouvernement, que déjà aux temps de l’ancienne Rome, les gladiateurs étaient dressés les uns contre les autres dans l'arène…

[1] interview Le Soir dd. 3-9-2003 [2] Certains ‘gagnent’jusqu’à 182.000 € brut par an (= 7.341.862 BEF) ! [3] Le Soir, ibidem [4] Le Soir, ibidem [5] ‘Point de vu’ van Yves ‘Conscience Flamande’ Desmet in De Morgen dd. 4-9-2003 [6] De Morgen dd. 4-9-2003 [7] Arena est pourtant compétent en ce qui concerne les centre villes et nous pouvons considérer qu’elle est bien au courant des problèmes spécifiques des services publiques des grandes villes.