L’OMC déraille à Cancún

Le négociateur kenyan, George Odour Ongwen, a été le premier à se lever avec ces mots : «This is over. We have just had a second Seattle.» (C’est fini. Nous venons d’avoir un second Seattle.). Lorsqu’il a quitté la réunion, il a été suivi par les délégations de l’Inde, de la Corée du Sud et d’autres pays du Sud lassés du chantage et des intimidations.

La réunion a pris ce tour spectaculaire alors que le représentant américain du commerce Robert Zoellick annonçait dans une conférence de presse que les États-Unis continuaient à mettre en avant les «questions de Singapour». Peu avant, l’Union européenne avait déjà déclaré qu’elle n’était pas prête à discuter encore de l’agriculture si les investissements, la concurrence, les passations de marchés publics et la facilitation des échanges, les quatre «questions de Singapour», n’étaient pas mises sur le tapis. Pour les pays pauvres, c’était inacceptable. Leur économie est au bord du précipice à cause de la libéralisation de l’économie et, par conséquent, ils veulent d’abord des concessions des États-Unis et de l’Union européenne dans ce domaine avant qu’il puisse être question de parler de nouvelles formes de libéralisation.

Les négociateurs des pays pauvres aux réunions officielles de l’OMC ont déclaré que les actions de protestation massives des militants dans les rues avaient été pour eux un soutien énorme. Les manifestations populaires à Cancún et dans le reste du monde leur ont donné le courage de tenir tête aux pays riches.

Parmi les manifestants à Cancún, la nouvelle de l’échec du sommet a été accueillie par des cris de joie. La vigilance reste cependant de mise. Selon le négociateur américain Robert Zoellick, rien n’est perdu pour les États-Unis. Il a déclaré que son pays se concentrerait sur des pactes bilatéraux et régionaux s’il n’obtenait pas ce qu’il souhaitait à l’OMC. Par exemple, une Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA) qui va beaucoup plus loin que les accords existants de l’OMC est déjà en préparation.

Pour les fermiers pauvres et sans terre du mouvement paysan mondial Via Campesina, c’est déjà une question de vie ou de mort, comme l’a montré le suicide du leader paysan coréen Lee Kyung-hae. Ils se préparent déjà pour la lutte suivante. Un de leurs nouveaux slogans: «Lee, presente, hoy mañana y siempre!», Lee est avec nous aujourd’hui, demain et toujours!

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