arch/ive/ief (2000 - 2005)

Un réseau de médias au service des Roms!
by Florent Cosandey Wednesday September 10, 2003 at 10:46 AM
fco@medienhilfe.ch

Les populations roms sont victimes de discriminations dans la plupart des pays de l’Europe centrale et orientale. Leur exclusion sociale est liée aux préjugés largement répandus à leur encontre. Dans le but d’améliorer le sort de cette communauté, l’Open Society Institute et Medienhilfe oeuvrent de concert pour la création d’un réseau de médias électroniques. Celui-ci permettra aux Roms de préserver et de renforcer leur culture et vise, à terme, une meilleure intégration de cette minorité dans la société.

Un réseau de médias ...
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Les populations roms sont victimes de discriminations dans la plupart des pays de l’Europe centrale et orientale. Leur exclusion sociale est liée aux préjugés largement répandus à leur encontre. Dans le but d’améliorer le sort de cette communauté, l’Open Society Institute et Medienhilfe oeuvrent de concert pour la création d’un réseau de médias électroniques. Celui-ci permettra aux Roms de préserver et de renforcer leur culture et vise, à terme, une meilleure intégration de cette minorité dans la société.

Des préjugés qui ont la vie dure…

Depuis le Moyen-Âge, période au cours de laquelle ils apparurent en Europe, les Roms ont enduré toutes sortes de discriminations et de persécutions. Celles-ci ont atteint leur point culminant avec le génocide dont ils furent victimes durant la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui encore, les Roms sont perçus avec une certaine hostilité par une partie non négligeable de l’opinion publique - y compris en Suisse et en Europe de l’Ouest - qui leur reproche notamment de refuser de s’insérer dans la société, de profiter indûment des aides sociales et de se placer volontairement en marge de la loi... Les médias ne rapportent bien souvent que les délits commis par ceux qu'ils dénomment dans un amalgame inopportun tsiganes, roms, gens du voyage, roumains, nomades, bohémiens, manouches, gitans… Cette communauté est en outre le plus souvent associée à la mendicité, aux vols, aux déchets et plus généralement à un mode de vie nomade, peu en phase avec la société sédentarisée occidentale.

La situation des Roms est particulièrement alarmante en Europe centrale et orientale, où vivent la majorité des 6 à 12 millions d’individus de cette communauté recensés en Europe. Dans les Balkans, ils demeurent des citoyens de seconde zone, souvent privés d’accès au logement, au travail et à l’éducation. Les préjugés tenaces dont ils sont l’objet conduisent à leur exclusion sociale. Les Roms, peuple transnational et transfrontalier par excellence, ont particulièrement souffert durant les guerres en ex-Yougoslavie. Ils font ainsi partie des victimes oubliées des conflits armés qui ont mis à feu et à sang les Balkans durant les années nonante. Si les peuples yougoslaves se sont entre-déchirés, ils partagent paradoxalement les mêmes a priori à l’égard de cette communauté. Les Roms ont par conséquent été pris en tenaille entre les nationalismes antagonistes dominants dans la région et ont été victimes d’un «nettoyage ethnique» systématique opéré par les différents belligérants.

Les Roms sont présents dans les Balkans depuis le Moyen-Âge. Pourtant, ils ne représentent pas une collectivité homogène. La diversité prévaut par exemple en ce qui concerne la langue parlée et la religion pratiquée. De plus, certaines communautés vivent selon les principes du nomadisme, alors que d’autres sont sédentaires. L’ostracisme dont sont victimes les Roms semble malheureusement le principal facteur homogénéisant de ce groupe ethnique à multiples facettes…

Les médias: un moyen de renforcer la communauté rom!

En Europe centrale et orientale, les médias roms sont encore peu nombreux, même si certains projets ont vu le jour dès la fin des années quatre-vingt. En outre, les médias dominants n’accordent que peu de place à cette communauté, si ce n’est, bien souvent, pour propager des informations mensongères et dépréciatives sur son compte. Les médias roms peuvent donc jouer un rôle important pour mettre en perspective la manière dont ils se perçoivent et sont perçus par les autres communautés. Dans ce but, l’Open Society Institute (OSI), une fondation privée créée par le philanthrope américain Georges Soros, et Medienhilfe, une organisation non gouvernementale zurichoise active dans l’aide aux médias indépendants en Europe du Sud-Est depuis plus de dix ans, ont lancé un projet commun d’aide aux médias roms. Celui-ci est financé par l’OSI et le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE). Ce projet a pour objectif la création d’un véritable réseau de médias roms. Il se focalise avant tout sur les médias électroniques (radios, télévisions, agences de presse), en raison de l’illettrisme encore largement répandu au sein de la communauté rom et d’une tradition orale encore bien vivante. Le manque de communication entre les différents médias roms et l’absence de réseau représentent actuellement des obstacles qui rendent peu propice le développement d’un système médiatique rom à large audience.

Des médias spécifiquement roms permettent de préserver et de renforcer la langue et la culture rom de façon tangible. Ils contribuent en outre à tordre le coup à certains préjugés tenaces qui collent à cette communauté depuis des temps qui semblent immémoriaux.

Le projet concerne pour l’heure 25 médias, répartis dans dix pays: Bosnie-Herzégovine, Bulgarie, Hongrie, Macédoine, Roumanie, République tchèque, Serbie-Monténegro, Slovaquie, Slovénie et Ukraine. Une attention particulière est portée aux médias qui privilégient des informations locales et relatives à la communauté rom, conçues sur la base de principes déontologiques. Dans les régions comptant une forte population rom mais où aucun projet de média n’a encore abouti, le soutien s’adresse aux médias dominants fournissant une partie de leur programme en langue rom. Tant l’Open Society Institute que Medienhilfe collaborent avec certains partenaires depuis des années.

Le projet se concentre sur les aspects suivants:
• Développement de programmes
• Formation (journalisme, management, marketing etc.)
• Infrastructure nécessaire à la réalisation de programmes
• Echange de programmes
• Coopération

Le projet poursuit les objectifs généraux suivants:
• Renforcer l’identité rom par la préservation de la langue et de la culture;
• Développer les communautés roms locales et accroître leur degré d’autonomie;
• Sensibiliser les autres communautés et augmenter leur degré d’ouverture, de tolérance et de compréhension à l’égard des roms;
• Améliorer l’intégration des roms dans la société, tant au niveau local que national;

Le projet poursuit les objectifs suivants au niveau des médias proprement dits:
• Rendre viables et autonomes les médias soutenus;
• Diminuer la rotation du personnel;
• Offrir des possibilités de formation au personnel, de préférence au sein du média;
• Accroître la part des programmes propres, les programmes informatifs et éducatifs en particulier;
• Augmenter le niveau des programmes qui répondent aux besoins spécifiques de la communauté rom;
• Améliorer la qualité des productions propres, tant au niveau du contenu que des aspects techniques;
• Parallèlement aux programmes destinés aux roms locaux, prévoir des programmes sur les autres communautés roms, dans le pays et dans le monde;
• Renforcer la solidarité entre les médias roms et par extension, entre les différentes communautés roms;
• Initier et développer la coopération au niveau des programmes entre les médias roms et les médias non-roms, par des échanges de programmes et des co-productions;
• Développer et stabiliser les services d’informations sur les questions roms à l’intention des médias dominants;
• Diffuser auprès d’un plus large public les informations relatives aux roms et par ce biais, améliorer l’image de ce groupe ethnique et faciliter son intégration dans la société.

Medienhilfe: née en réaction aux déchaînements guerriers!

Durant l’été 1991, la guerre est à nouveau devenue réalité au cœur de l’Europe. Les images du conflit et de ses milliers de victimes et de réfugiés ne laissèrent pas la Suisse indifférente. Des représentants des médias et de la politique se retrouvèrent en décembre 1992 à Zurich pour réfléchir aux moyens de contrer la propagande belliciste et chauvine émanant de la majorité des médias de chaque camp. De ces premiers contacts naquit une organisation vieille maintenant de plus de dix ans: Medienhilfe . Son but: soutenir les médias indépendants d’ex-Yougoslavie par la mise en œuvre d’un réseau d’aide concrète.

Au fil des années, plusieurs dizaines de médias ont reçu une aide de la part de Medienhilfe, sous quelque forme que ce soit. Même si certains médias soutenus n’ont pas survécu, d’autres partenaires se sont développés avec succès. Une collaboration sur le long terme s’est substituée à une aide d’urgence dans des régions en crise. En outre, les besoins se sont déplacés progressivement de la Croatie et la Bosnie-Herzégovine au sud de l’Europe de l’Est (Serbie, Kosovo, Macédoine).

Depuis des années, Medienhilfe est un partenaire reconnu de la Confédération et du Pacte de stabilité pour l’Europe du Sud-Est , en tant que membre de la Task Force médias. Medienhilfe élargit actuellement son champ d’action. Outre le soutien aux médias indépendants d’ex-Yougoslavie, elle coordonne la création d’un réseau de médias électroniques destiné aux populations Roms de l'Europe du Sud-Est.

Quels sont les buts de Medienhilfe?

La réconciliation et la compréhension mutuelle ne peuvent se réaliser que si les citoyens disposent d’un libre accès à l’information, en temps de guerre comme de paix. Dans l’Europe du Sud-Est, certains médias sont parvenus à conserver leur indépendance. Ils se considèrent comme les garants d’une couverture objective et engagée de l’actualité. Ils donnent une voix aux citoyen(ne)s attaché(e)s aux solutions pacifiques et leur permettent de partager leurs expériences. Medienhilfe soutient des projets médiatiques allant dans ce sens dans toute l’Europe de l’Est. Un autre objectif est de contrer la couverture de l’actualité des médias locaux qui pratiqueraient la désinformation pour de sombres desseins.

Les buts de Medienhilfe:

• renforcer la liberté et la diversité de la presse
• donner une voix et une identité aux minorités
• appuyer un journalisme faisant preuve de déontologie
• encourager la compréhension mutuelle et la réconciliation entre les peuples
• contribuer à la promotion civile de la paix

Medienhilfe permet…

• la formation continue de rédacteurs/trices et de journalistes
• le financement de l’équipement nécessaire à la réalisation de produits de presse
• l’amélioration du management et des structures financières des médias
• l’établissement de réseaux et de collaborations transfrontaliers

Medienhilfe soutient les médias qui…

• ne sont ni aux mains ni sous le joug des gouvernements, des partis politiques ou de particuliers
• suivent une ligne rédactionnelle indépendante
• pratiquent un journalisme fondé sur des principes éthiques
• encouragent la compréhension mutuelle, la cohabitation pacifique et la tolérance sociale
• soutiennent activement le processus de démocratisation
• promeuvent la collaboration transfrontalière
• donnent une voix aux minorités

Nos partenaires sont:

• des médias électroniques privés
• des journaux et des revues
• des agences de presse
• des organisations de médias et des associations de journalistes
• des centres de formation professionnelle

Les moyens financiers de Medienhilfe pour ses programmes proviennent:

• du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), division politique IV (promotion civile de la paix) et de la Direction du développement et de la coopération (DDC)
• des administrations d’autres pays (Allemagne, Irlande)
• d’institutions internationales comme l’Union européenne ou le Pacte de stabilité pour l’Europe du Sud-Est
• de fondations et d’organisations non gouvernementales (Open Society Institute, National Endowment for democracy, etc.)
• de communes suisses
• de contributions individuelles