arch/ive/ief (2000 - 2005)

Le Moyen-Orient (re)visité
by Peter Darin Tuesday August 19, 2003 at 11:45 AM
peter.darin@intal.be

En attendant, ça fait déjà un bout de temps que je suis rentré en Belgique après un voyage qui nous a emmenés, 35 autres jeunes de Belgique et de Grande-Bretagne et moi-même, de la Jordanie au Liban en passant par la Syrie. Mais le voyage me reste encore ancré dans l’esprit et les séances de chatting avec mes nouveaux amis du Moyen-Orient font en sorte que je ne peux pas les oublier. Comment en serait-il autrement, d’ailleurs, après avoir vécu trois semaines particulièrement intenses en leur compagnie?

Le Moyen-Orient (re)...
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Le voyage était organisé par les Brigades de Jeunes Che-Leila, une initiative belgo-britannique qui soutient la résistance palestinienne. Une initiative dans laquelle intal, l’ONG pour laquelle je travaille, peut également se reconnaître. D’où le fait que nous nous soyons associés à quelques jeunes qui, l’an dernier, avaient voyagé en Palestine avec intal. Et nous ne l’avons pas regretté.

Les 36 jeunes étaient divisés en deux groupes avec un programme parallèle. Moi-même, je faisais partie du groupe des gars de Bruxelles. Que nous provenions de contextes très divers et que nous appartenions à diverses cultures constituait un avantage énorme. Nous avons beaucoup appris les uns des autres. Et, partant de notre micro-expérience, nous pouvons conclure qu’une société multiculturelle est non seulement possible, mais surtout beaucoup plus riche et plus cool.

Des réfugiés palestiniens passés sous silence

Le but du voyage était de faire connaissance avec la situation des réfugiés palestiniens en dehors de la Palestine, afin de mieux pouvoir comprendre la portée de l’exigence palestinienne du 'retour des réfugiés'. Suite à l’agression sioniste de 1948 et à la guerre de 1967, quelque 4 millions de Palestiniens vivent en tant que réfugiés, en l’an 2003, s’il faut en croire les chiffres officiels de l’UNRWA, la section des Nations unies qui s’occupe des réfugiés palestiniens. La grande majorité d’entre eux vit dans des camps à Gaza, en Cisjordanie, en Jordanie, en Syrie et au Liban.

Il est à vrai dire incroyable que nos médias ne parlent pour ainsi dire jamais de cette énorme masse de réfugiés. Quand on leur rend visite, on comprend aisément pourquoi nos médias se taisent dans toutes les langues. Les réfugiés palestiniens sont très embarrassants, ne serait-ce que parce qu’ils existent, il constituent un vilain blush dans la carrosserie des sionistes et de leurs pères nourriciers de la Maison-Blanche et un fameux pou dans la fourrure de cette partie du mouvement (international) pour la paix qui ne fait aucune distinction entre la violence israélienne et la violence palestinienne. Le fait que des millions de personnes entassées aux frontières de la Palestine historique (l’actuel Israël) se sentent toujours palestiniens après plus de 50 ans et qu’elles sont prêtes à rentrer dans leur terre natale a des conséquences importantes.

Ouvrez les frontières et on verra bien ce qui va se passer

La question de (l’apparition de) la violence devient tout d’un coup plus limpide. En effet, il n’y a pas de réfugiés ou de camps juifs, au Moyen-Orient. Les réfugiés palestiniens sont la preuve que tout le conflit est la conséquence de l’agression sioniste et que la résistance palestinienne contre cette agression, jusque nos jours, n’est rien d’autre que la résistance d’un peuple occupé contre son occupant. Dire des Palestiniens qu’ils sont des terroristes constitue donc une insulte à la vérité.

Secundo, un plan de paix qui ne propose aucune solution pour les réfugiés palestiniens n’a aucune chance de réussir. L’échec des accords d’Oslo des années 90 et le (futur!?) échec du Plan par Etapes peuvent y être imputés en partie. Il s’agissait dans les deux cas de plans faits à l’aune de la Maison-Blanche et d’Israël et qui foulaient aux pieds (chaussés de bottes militaires) les exigences des Palestiniens.

Un retour des réfugiés, enfin, pourrait régler toute la question du racisme et de l’apartheid de l’Etat sioniste. Maintenant déjà, des Israéliens d’origine palestinienne occupent des siège à la Knesset, le parlement israélien. Quand les réfugiés rentreront, ils pourront utiliser leur supériorité numérique pour muer l’Etat raciste en un Etat démocratique.

Cela contrecarrerait vilainement les plans de la Maison-Blanche et des sionistes. D’où le fait qu’ils mettent tout en œuvre pour dissimuler dans les replis de l’histoire l’existence des réfugiés palestiniens en dehors de la Palestine. Et, jusqu’à présent, ils y sont plutôt facilement parvenus. Il est grand temps, par conséquent, que ces millions de réfugiés récupèrent un visage en Belgique, en Europe et dans le reste du monde, et que l’on agrandisse sensiblement la surface portante de la solidarité avec leur lutte.