arch/ive/ief (2000 - 2005)

Radio Panik en danger
by Radio Panik [posted by protesta] Tuesday June 17, 2003 at 06:49 PM

Indépendante et alternative

Reconnue par le Ministre de l'Audiovisuel de la Communauté française de Belgique comme radio privée, Radio Panik est une radio libre qui se définit comme radio associative d'expression et de création et comme radio multi- et interculturelle. Elle a été créée il y a vingt ans à l'initiative d'un groupe de personnes militant contre le racisme et pour les droits de l'homme. Leurs motivations, toujours actuelles, sont fort bien résumées dans l'Article 2 des statuts:

"L'objet de l'association est de contribuer - avant tout par le moyen de la radiodiffusion - à la promotion socioculturelle de la population dans la région bruxelloise. Elle a comme but l'émancipation réelle des individus dans le respect des différences culturelles et des procédures démocratiques."

Radio Panik a donc fait partie de cette première génération de radios libres considérées comme " engagées " pour leur action militante en faveur d'une approche critique de l'information. Si son investissement au niveau local, tant au niveau social que culturel, s'est peu à peu imposé comme l'un de ses objectifs prioritaires, elle n'a jamais perdu de vue cette mission " généraliste " et demeure, au sein d'un paysage médiatique de plus en plus uniforme, un outil de communication dont la position marginale favorise la liberté, l'indépendance et la diversité.

Ayant occupé successivement trois adresses à Schaerbeek, Radio Panik, a su concilier actualité locale et internationale, information et création, en ouvrant aux diverses communautés qui font de Bruxelles un véritable carrefour culturel, un espace " sans frontières ", ouvert à l'expression de " voix parallèles " qui invitent à entendre, entre les ondes, un autre son de cloche.

... Une Radio faite par ses auditeurs

Dans cette tour de Babel radiophonique, forcément multilingue, se côtoient différentes communautés (congolaise, grecque, assyrienne, albanaise, turque) qui reflètent la diversité de l'espace culturel bruxellois. Mais cette diversité n'est pas seulement une question de nationalité. D'autres identités se cherchent, se créent, s'expriment au travers d'un style musical, d'un travail original sur la voix et le son, d'un projet social ou culturel. Le principe de Radio Panik, qui tente de développer une écoute active et intéressée de la part de ses auditeurs, est que tout auditeur peut, s'il le veut, devenir à son tour animateur.
En mettant l'outil radio à la disposition d' "amateurs" (individus, groupes, association etc.), Radio Panik encourage la dimension participative du processus d'information : chacun est littéralement invité à prendre le micro, à agir, à réagir, à se servir, hors de toute contrainte économique ou politique, du " quatrième pouvoir", en tant que représentant d'une minorité, en tant que citoyen, en tant qu'artiste ou en tant que ... soi-même. Dans cette perspective, Radio Panik représente un formidable outil éducatif dans la mesure où, en encourageant l'auditeur à passer de l'autre côté du poste, elle invite celui-ci à un salutaire " dérèglement de tous les sens, remettant en question la manière d'écouter de la musique, de diffuser de l'information, d'utiliser sa voix. ...

Elle s'est faite aussi ces dix derniéres années le vecteur de musiques alternatives , telle le rock , la pop , le reggae, les musiques du monde, le jazz , les musiques expérimentales ou improvisées , les dj-aying , les musiques electroniques , ou encore la culture hip hop ..., est la radio cousine du réseau francais FERAROCK ( 27 radios indépendantes : 24 francaises , 2 canadiennes et Panik ) militant pour les musiques actuelles alternatives et de découvertes . Elle réalise aussi , quotidiennement une émission culturelle , promotionnant des activités culturelles ( cinéma , théatre , concerts , littérature , presse , ... ) et les nouveautés musicales.

Elle est aussi en contact pour des échanges de programme avec Jet Fm (Nantes ), Alligre Fm ( Paris ), Fréquence Paris Plurielle ( Paris ) ou encore la Confédération Nationale des Radios Libres ( CNRL - France ) ainsi que Radio Zinzine ( fourcalquier ).

Une Radio au coeur de la ville

Aujourd'hui, c'est un lieu commun que de parler de " culture urbaine ". Utiliser les termes de " sub-culture " (" underground ") ou de " trans-culture " (multiculturelle et internationale) pour la définir nepermet pas pour autant de saisir sa diversité. Située au coeur de la ville, Radio Panik participe de cette culture vivante qui échappe à toute tentative de théorisation. La collaboration avec des artistes locaux et l'esprit " découverte " ontété et sont deux axes importants dans l'évolution de notre radio. La ville et ses habitants constituent une source d'inspiration capitale tant dans l'élaboration de notre programme que dans l'organisation de nos soirées. Fenêtre ouverte sur la ville, Radio Panik se veut aussi son miroir. Espace " semi-public ", note station a toujours favorisé les échanges entre animateurs et acteurs sociaux et culturels. Si le pôle des "relations extérieures " ne cesse de se développer pour le plus grand bien de la radio, le dynamisme des " relations intérieures " demeure l'une des conditions dela survie d'un projet qui fonde sa cohésion sur la mixité et les différences.

A cet égard, le statut associatif de la radio joue un rôle non négligeable de ciment interne, chacun étant amené, à un niveau ou à un autre, à prendre des décisions, à s'engager, à proposer des initiatives.

Les animateurs, membres de l'a.s.b.l, sont invités à s'investir dans la gestion de leur outil de travail: notre assemblée générale, où se retrouvent des personnes d'âges et d'origines très différents, constitue un véritable laboratoire multiculturel où se réflète parfaitement, dans ses différences et ses affinités, la diversité bruxelloise. L'installation de la radio dans les bâtiments des casernes Prince Baudouin (place Dailly) ne fut pas l'un des moindres défis de nos bénévoles. Mais le résultat fut à la hauteur de nos efforts: grâce à l'espace qui nous était octroyé, nous disposions pour la première fois d'un studio digne de nos ambitions et de vastes locaux nous permettant de faire des réunions, d'accueillir nos invités, d'organiser dans de bonnes conditions événements et expositions.

D'autre part, nous partagions avec nos voisins OXFAM et Infor Jeunes l'espoir de redynamiser ce lieu à moitié désaffecté pour en faire un espace de rencontres et un pôle d'attraction socio-culturel. Malheureusement, nous avons reçu l'ordre de quitter le bâtiment avant le 12 juillet 2003 car celui-ci, sur décision du gouvernement de la Région bruxelloise, a été vendu en vente publique. Nous voici donc, depuis peu, confrontés au problème de trouver de nouveaux locaux.

...UNE RADIO DU TROISIEME TYPE

Entre les radios de la RTBF et les radios commerciales, l'espace réservé sur les ondes aux radios alternatives est souvent réduit à la portion congrue, quand leur droit d'émettre n'est pas purement et simplement remis en question. Depuis de nombreuses années, Radio Panik, membre de l'ALO (Association pour la libération des ondes), se bat pour se faire reconnaître par le conseil de l'audio-visuel comme radio " culturelle ". Sans bénéficier d'aide au fonctionnement , Radio Panik entend préserver son indépendance. La radio a toujours dû et devra encore son existence au capital de travail fourni par une petite centaine de bénévoles, animateurs compris.

Son financement est principalement pris en charge par les cotisations d'animateurs, par la location du studio à des intervenants extérieurs, par les aides à la création de la Communauté Française, et par les recettes générées par les soirées que nous organisons. Depuis peu, deux postes mi-temps ont pu être affectés sur base de contrats subventionnés par l'ORBEM. Mais ceci ne nous permet que de survivre trés difficillement et les conditions de travail sont à l'avenant ;et le futur financier est de plus en plus difficille .

UN STATUT

Néanmoins , nous espérons toujours , un réel statut pour les radios du troisième type , statut équivalent à celui mis en place chez nos voisins francais . Car les radios du troisieme type sont les oubliés de l'histoire que ce soit en flandre ou en communauté francaise ou encore à Bruxelles .
En effet nous sommes bloqué à 150 watts , ce qui ne nous autorise pas à pouvoir être entendu sur toute la Région de Bruxelles capitale , au grand dam de notre audimat potentiel, et des nombreux créateurs de Radio Art, diffusés sur nos antennes . Il en va de même pour d'autres radios ''cousines '' du troisième type , tel Radio Campus , RUN à Namur , OSR à Soignies , Radio Air Libre , ou encore Radio Quichiffel à Mouscron . Un statut qui nous assurerait une puissance d'émission décente (1 KWatt) au sein du plan de
fréquences, nous permettrait de remplir de manière convenable nos missions, comme la valorisation du patrimoine de la Communauté française en matière de création radiophonique. Les producteurs et réalisateurs sont soutenus par le Fonds d'Aide à la Création Radiophonique mais la Communauté française ne prévoit rien pour le premier diffuseur, devant être obligatoirement une radio privée.

Ne comptant pas exclusivement sur les fonds publics ( qui sont inexistants pour les radios associatives à vocation socioculturelle en Belgique), et sans rentrer dans une logique du 'tout marchand', une puissance d'émission décente est un facteur également déterminant pour attirer des annonceurs de type alternatifs, intéressés par notre public-cible et pour pouvoir continuer notre travail de promotion culturel des individus et associations.

Ce qui nous permettrait de vivre et non plus de survivre , mais aussi d'accorder au public, amateur de radio culturelle et alternative , un confort d'écoute et une diversité dans le paysage hertzien de notre Communauté française.

Les SOIREES PANIK

Depuis quelques années, Radio Panik, non contente de se faire entendre, tend à en faire voir de toutes les couleurs à ses (futurs) fidèles auditeurs. Une poignée d'animateurs, voix sans visages, sortent des coulisses pour s'exposer sous les feux de la rampe. Radio Panik se met en tenue de bal pour fixer rendez-vous à tout ce que la capitale compte de créatifs, dj's, danseurs, musiciens, plasticiens, pour des orgies de sons et d'images. 11 soirées ont été à ce jour organisées, brassant un public chaque fois plus nombreux, chaque fois plus varié, favorisant les synergies entre créateurs et diffuseurs.

Plus qu' un lieu, ces manifestations ont su mettre en évidence un " esprit" qui s'est vu invité à venir hanter d'autres zones sensibles de la ville, comme le cinéma Nova ou l'ancienne gare de la Chapelle, investie par l'association Recyclart ou encore les Halles de Schaerbeek . Point de recettes, point de règles, point de repères : chaque soirée doit demeurer un événement et surgir, par surprise, là où on l'attend le moins. Car le secret de la formule magique tient en un seul mot (ne le répétez à personne): spontanéité...