Communique de presse de l'Usine by Romain (posted by Guido) Tuesday June 03, 2003 at 02:02 PM |
Communiqué de presse de l'association Usine. L'Usine, centre culturel autogéré, est opposée à la tenue du G8 à Evian, qu'elle juge illégitime.
C'est pourquoi, l'Usine a choisi d'accueillir le centre de presse et d'information Indymedia ainsi que le Sommet d'Art Interventionniste pendant la tenue de ce sommet. Nous précisons que l'Usine n'était pas réquisitionnée comme camping ni comme sleeping. La programmation culturelle n'a pas été interrompue.
Samedi 31 mai au soir
A l'Usine avaient lieu deux concerts, dont un gratuit, et une pièce de théâtre dans une ambiance de fête de quartier bon enfant, rassemblant environ 1'000 personnes. Sur la place des Volontaires on pouvait compter plusieurs centaines de personnes, plusieurs cafetiers et lieux nocturnes des alentours étaient ouverts et le quartier semblait vivre un samedi soir de fête.
Un lieu gratuit et non surveillé était organisé pendant les concerts, afin de permettre aux nombreuses personnes venues d'ailleurs d'y laisser leurs affaires. Nous rappelons que l'Usine, comme tout lieu à vocation publique, ne veut pas et n'a pas à jouer le rôle de la police, d'autant plus dans des situations jugées ingérables par les autorités même.
Vers 22h un groupe important de personnes masquées a été vu se regroupant autour de la place des Volontaires, pour repartir rapidement. Une heure plus tard, des petits groupes de gens dont certains étaient masqués sont revenus sur la place des Volontaires. Quelques minutes plus tard, la police en bloquait l'accès.
Les responsables de l'Usine essayaient de maintenir le dialogue et le calme sur la place toujours noire de monde, les concerts se poursuivaient à l'intérieur.
Le service d'ordre de l'Usine et des membres de l'association ont essayé de calmer des jeunes qui lançaient des bouteilles sur la police. Ces jeunes sont revenus plus tard armés de barres de fer et ont attaqués le bâtiment de l'Usine. Le service d'ordre de l'Usine a du intervenir. Ces mêmes jeunes sont encore revenus plus tard et ont lancé deux cocktails molotovs sur des gens assis sur la place des Volontaires. Le service d'ordre de l'Usine ainsi que deux videurs d'une boite de nuit proche les ont mis en fuite. Une jeune fille a eu les cheveux en feu et souffre de brûlures légères.
Les concerts terminés, l'Usine a fermé à 5h du matin et plusieurs membres de l'Usine ont spontanément décidé de rester à l'intérieur du bâtiment afin d'assurer une permanence.
Dimanche 1er juin.
A 8 h du matin, un petit-déjeuner était organisé sur la place des Volontaires avant le début de la grande manifestation.
Par ailleurs, l'Usine était ouverte au public pour accéder à Indymédia (centre de presse) pour donner des informations tout au long de la journée. Rien à signaler pendant la journée.
En début de soirée, et selon certains membres de l'Usine présents sur le toit, les forces de police auraient dirigés les manifestants vers l'Usine. Des émeutiers étaient encore à l'oeuvre sur la rue du Stand alors que la police commençait à encercler l'Usine
Les membres de l'Usine ont essayé de connaître les motivations de la police à bloquer les accès à l'Usine et à l'encercler et ont appris par cette dernière que les émeutiers y étaient attendus.
La police est restée sur les lieux pendant plus d'une heure et aurait dû constater qu'aucun groupe d'émeutieurs n'était entré dans l'Usine. Au contraire, la place était calme, des gens mangeaient sur les tables disposée sur la place des Volontaires.
Au même moment, des membres de l'Usine étaient postés sur le toit en observateurs. La police a lancé des gaz lacrymogène aux alentours du bâtiment. Les gens se sont réfugiés dans l'Usine.
Trente et un policiers en civils "déguisés" en émeutiers, masqués et casqués avec pour seule distinction des brassards oranges peu visibles marqués "police", ont pénétré brutalement et sans sommation dans le bâtiment, en frappant avec des matraques téléscopiques les personnes de l'Usine qui essayaient de chercher le dialogue. Un travailleur de l'Usine a été blessé à la tête par des coups de matraques et a dû être hospitalisé.
Les policiers ont envahi le bâtiment en continuant à matraquer les gens sur leur passage et en cassant les portes et accès fermés à clé, dont celles des ateliers mis à la disposition d'artistes directement par le Département des Affaires Culturelles, situées au 3eet 4e étages. Hormis les portes, très peu de matériel a été endommagé.
Les policiers ont procédé à une sélection des gens présents en séparant les genevois des étrangers : vérification des indentités et menottage aléatoire. Tout au long de l'intervention, les travailleurs de l'Usine ont tenu au courant par téléphone la rédaction de la TSR. Une cassette vidéo témoigne de ces événements.
La police n'a rien trouvé d'illégal incriminant l'Usine et, après l'avoir envisagé, a renoncé à fermer le bâtiment et à poser des scellés. La plupart des personnes arrêtées ont été relâchées sur le champ.
Lundi 2 juin
L'Usine poursuit ses activités comme prévu.
Le sommet de l'art interventionniste (SOIA) aura bel et bien lieu les lundis 2 et mardi 3 juin à Forde Art Contemporain.
L'Usine condamne la casse gratuite qu'elle juge proprement inacceptable comme elle condamne la criminalisation du mouvement altermondialiste.
L'accusation portée par Mme Spoerri sur "les milieux de l'Usine" et leurs éventuels liens avec les casseurs est proprement inacceptable.
La descente violente de policiers déguisés en casseurs cautionnée par Mme Spoerri est proprement inacceptable.
Mme Spoerri a contribué à ternir l'image de l'Usine et ceci est proprement inacceptable.
L'Usine demande sa démission.
Genève, le 2 juin 2003.