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Santé et mondialistation
by Rebecca Norton Saturday May 31, 2003 at 05:51 PM

Organisé par le CHARG8, Collectif Haut-Savoyard de Résistance au G8, le forum santé et mondialisation a ouvert le débat sur le thème de la protection sociale: logique solidaire ou logique commerciale? Reportage d'une participante


Santé et mondialistation: contre l'ultra-libéralisme et la marchandisation.

Débat animé par Gérard Fumex, journaliste, en présence de Gilles Langeard, président de l'union des Mutuelles de France Mont-Blanc, Patrick Lemettre du Syndicat des médecins généralistes France, Jean-Pierre Chapuis, administrateur mutualiste, et Thierry Baillon, responsable du pôle santé au travail.

Si l'accès aux soins pour tous est loin d'être une réalité dans de nombreux pays en voie de développement, la France aussi est menacée par l'insécurité sanitaire. Une logique perverse reposant sur le financement et non les besoins de la population est à la base des nouvelles réformes. Selon Gilles Langeard, on assiste à un "démantellement de la politique sociale mise en oeuvre".

Si des réformes dans le secteur santé paraissent certes nécessaires, elles sont présentées sous un axe biaisé, économique. A la base des arguments: le déficit de la sécurité sociale, déficit réel, mais plus lié à la diminution des recettes qu'à une croissance inconsidérée des dépenses.

Certaines réformes, selon Patrick Lemettre, médecin généraliste et syndicaliste, sont pourtant indispensables. Pourquoi? Le système actuel souffre de l'absence totale de coordination des soins autour des patients, d'un consummérisme excessif, et du manque de co-responsabilité des soins entre médecin et patient. Révélateur: à la question posée à la cinquantaine de participants "qui possède un carnet de santé et qui l'utilise?" seules 4 ou 5 personnes répondent par l'affirmative.

La France dépense 9 à 10 % de son P.I.B sur la santé. Si la nouvelle politique ne vise pas à réduire les dépenses de santé, par contre elle vise la diminuation de la part des dépenses prises en charge par la Sécurité Sociale, obligeant ainsi les ménages à prendre en charge un part toujours plus grande de leurs dépenses santé. Conséquences: une inégalité croissante de l'accés aux soins, et une médecine à plusieurs vitesses.

Une illustration de la marchandisation à outrance du secteur santé: les mutuelles, de plus en plus en difficulté. Des directives européennes vieilles de 15 années, mais transposées en loi française récemment seulement en 2001, ouvrent les mutuelles à la concurrence avec le privé, en les obligeant à aligner leurs méthodes de gestion sur les assurances.

Si le gouvernement actuel prétend luttre contre l'insécurité, le paradoxe est qu'il va agumenter l'insécurité sanitaire. La santé n'est pas le seul secteur touché: les retraites et l'éducation nationale étant aujourd'hui au centre du débat national et de l'actualité.

Aujourd'hui les retraites, demain au tour de la santé: lutter pour la protection sociale au sens global prendant en compte tous les secteurs concernés (assurance maladie, santé au travail, jeunesse, famille, personnes âgées, handicapés, retraites, ...) devient alors urgent. Sans cela, la marchandisation va "grignoter le système par petites bouts". Et il sera alors trop tard...