arch/ive/ief (2000 - 2005)

Asile: 2 gendarmes attaquent Vincent Decroly pour calomnie
by Vincent Decroly Friday May 16, 2003 at 11:21 AM
vincent.decroly@lachambre.be

Vincent Decroly, député indépendant remuant jusqu'à encore ce dimanche, est attaqué en justice par deux gendarmes pour calomnie. Voici son message:

Asile: 2 gendarmes a...
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DÉPORTATION DU RÉFUGIÉ DE GUERRE MATTHEW SELLU :
2 DES GENDARMES IMPLIQUÉS RÉCLAMENT CHACUN 25 000 EUROS POUR CALOMNIE !

Je viens de recevoir une citation à comparaître au Tribunal de Première instance, à la demande de deux des gendarmes qui ont violemment expulsé M. Matthew SELLU en 1999. Ils m'accusent d'avoir tenu des propos "malveillants et calomnieux" après l'expulsion de ce demandeur d'asile. Sont principalement mises en cause, des informations répercutées par le Soir du 1er décembre 1999 ainsi que par le Journal du Mardi du 4 et par l'émission Strip-tease (RTBF) du 5 janvier 2000.

Les gendarmes s'inspirent de la version donnée au Parlement par le ministre de l'Intérieur, M. Antoine Duquesne. Pour eux, il y a eu "mise en scène" : je me serais concerté avec la victime de ces violences (blessures constatées par un médecin) avant qu'elles ne surviennent. M. SELLU les auraient provoquées pour me permettre, à son arrivée à Dakar, de filmer des images "sensationnalistes" de lésions et contusions que, du reste, il se serait lui-même infligées.

M. SELLU est un demandeur d'asile de Sierra-Leone, dont la nationalité n'était nullement contestée par la Belgique. Quelques jours avant son expulsion, lors d'une réunion de commission à la Chambre, M. DUQUESNE m'avait assuré que son expulsion n'aurait pas lieu, le Sierra-Leone étant à l'époque ravagé par un conflit sanglant entre milices, dans un scénario "à la Somalienne".

Alerté par le Collectif contre les expulsions de ce que la déportation avait malheureusement eu lieu et qu'elle s'était mal passée, j'ai appris de ceux qui avaient recueilli M. SELLU à Dakar qu'il y était arrivé très mal en point. Je m'y suis rendu avec ma propre caméra et une équipe de la RTBF car j'étais certain que, comme lors de chaque drame semblable, le ministre responsable allait pour toute explication se borner à me lire un compte rendu lénifiant rédigé par l'Etat-major de la Gendarmerie. Je voulais apporter des éléments de preuve objectifs et incontestables de mauvais traitements qui avaient déjà valu la mort à Semira ADAMU.

Je ne retire rien de ce que j'ai filmé, dit et écrit sur ce drame. Il était de mon devoir d'élu et de citoyen d'éclairer le mieux possible, pour les combattre, ces pratiques qui amènent un pays riche à se débarrasser violemment d'un réfugié de guerre en l'expulsant vers un pays pauvre dont il ne parle même pas la langue, où il n'a aucune attache, et où il a finalement été soigné et recueilli par une famille elle-même démunie.

Le dossier des réfugiés de guerre n'a hélas guère progressé lors de la législature qui s'achève. Le gouvernement a transcrit, en l'édulcorant, une directive européenne "protection temporaire". Ses modalités d'application sont tellement compliquées (l'accueil temporaire nécessite toute une procédure et un accord des Quinze) qu'elle ne sera probablement jamais mise en oeuvre, les expulsions de réfugiés de guerre pouvant par contre se poursuivre.

Vincent DECROLY

Palais de la Nation

1008 Bruxelles Bruxelles, 16/5/2003

Tél. : 0475 / 33 05 62

Courriel : vincent.decroly@skynet.be